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Kathryn Bigelow a tout fait pour que les acteurs arrêtent de faire attention à la caméra.

Dans Detroit, diffusé ce dimanche pour la première fois en clair sur Arte, John Boyega joue Dismukes, un agent de sécurité confronté à la violence du racisme de Krauss, un policier joué par Will Poulter au milieu des émeutes de 1967. Quatre ans après Zero Dark Thirty, la réalisatrice signait en 2017 un nouveau choc cinématographique (et politique) qui a été tourné dans des conditions adaptées, loin des blockbusters. Les deux acteurs, connus pour Star Wars et The Revenant, racontent la méthode Bigelow.

John Boyega : En voyant Zero Dark Thirty je me disais toujours : "Ces acteurs ne sont pas en train de jouer la comédie." La caméra semblait capturer des moments de vie. Elle devenait le regard du public, littéralement. Sur le tournage, Kathryn devait créer cet environnement, cette énergie... Elle nous avait donné des notes très précises en amont pour nous préparer. Le danger c'est que tu te retrouves parfois à faire une meilleure performance avant le tournage si tu es trop préparé...

Will Poulter : Ce qui est incroyable, c'est que Kathryn nous demandait notre avis. C'est une des premières fois que ça m'arrive. "Bon, Will, comment tu veux le jouer ?" Et moi : "Hein ? Quoi ? C'est à moi que tu parles ?" (rire) C'était hyper cool. Elle encourage ton interprétation, même si tu es un jeune acteur comme nous.

 

 

Kathryn Bigelow : “Avec Detroit, je veux éveiller les consciences”

John Boyega : La scène du motel était le gros morceau du film. Je ne sais même pas comment ils ont fait pour filmer ça. Je ne me rappelle même plus s'il y avait des caméras... Je plaisante, mais c'était le principe. Il fallait qu'on oublie non pas leur présence mais leur emplacement. Il fallait qu'on puisse jouer en toute liberté, tout en restant dans nos personnages. Il y a ce plan dément des yeux de Will, alors que le bas de son visage est caché par son bras... Kathryn attrape ces petits instants mais toi tu ne sais pas quand ça arrive.

Will Poulter : On n'avait pas de déplacements hyper précis à effecteur pour respecter l'éclairage, genre "deux pas devant, un à droite, demi-tour..." A une occasion le chef-op' m'a dit : "Désolé, tu vas devoir respecter trois marques sur ce plan", c'était la seule et unique fois de tout le tournage. Ca n'arrive jamais en temps normal, ce genre de liberté de mouvement. C'est pour nous enlever toute "conscience de la caméra". J'aimerais que plus de réalisateurs fassent la même chose. C'est tellement libérateur.

Bande-annonce de Detroit de Kathryn Bigelow :


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