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Fatih Akin signe un revenge movie pour les nuls sur fond de terrorisme.

« Né » à Berlin en 2004 avec Head-On (Ours d’Or), confirmé à Cannes en 2007 avec De l’autre côté (Prix de la Mise en Scène), célébré à Venise en 2009 avec Soul Kitchen (Grand Prix du Jury), Fatih Akin est ce qu’on appelle péjorativement un « cinéaste de festival », c’est-à-dire un grand auteur qui pense le monde d’un point de vue singulier. Avec ce portrait d’une veuve réclamant justice après l’attentat terroriste ayant coûté la vie à son mari d’origine turque et à leur enfant, le réalisateur allemand fait dans la démonstration pataude : sur l’échelle de l’horreur, tous les « ismes » se valent, il n’y pas que l’intégrisme islamiste, merci de ne pas l’oublier, nous dit en substance professeur Akin.

Dangereusement simpliste
Examinons les éléments du dossier. Katja, allemande blonde, tatouée, avec un passé de junkie, est mariée à Nuri, un ex-trafiquant de drogue reconverti en honnête entrepreneur, avec qui elle a eu Rocco. Le jour où sa famille périt dans une explosion causée par une bombe, sa vie bascule. Règlement de comptes mafieux (le passé de Nuri ressurgit) ou attentat politique ? La première partie du film entretient le « suspense » autour des coupables pour s’intéresser à la dérive de Katja, qui se remet à la drogue. Ce premier acte est le mieux maîtrisé par Akin qui filme Diane Kruger à bonne distance, avec empathie. Place au procès. Les coupables sont bien deux nazis comme l’avait pressenti Katja la médium car, qui d’autre que des nazis, auraient pu placer une bombe en plein quartier turc ? Evidemment. S’ensuit un procedural plus que faiblard qui voit l’avocat des accusés démonter avec une facilité de collégien les éléments à charge contre le couple diabolique… On est tentés de vous spoiler la dernière partie qui atteint des sommets de démagogie et d’inconscience politique : en gros, nous serions tous (Blancs, Noirs, Arabes, Musulmans, Catholiques…) des poseurs de bombes en puissance face à la cruelle injustice du monde qui transforme les agneaux en loups. Sur le plan du symbole et des images (l’envol d’un oiseau peut-il encore, en 2017, retarder l’inévitable ?), In the fade est un ratage complet.