Sa diffusion ce soir sur Arte permet de redécouvrir le film qui établit Almodovar en tant que véritable auteur.
Après Parle avec elle, à 21h, Arte proposera un autre classique de Pedro Almodovar, Femmes au bord de la crise de nerf, à 22h45.
Pepa (Carmen Maura bombissime) est en train de rompre avec son fiancé Ivan, un vieux beau qui, comme elle, double des séries télé. Au même moment, sa copine Candela découvre que son amoureux est un terroriste chiite. Mais il y a aussi la femme d'Ivan, tout juste sortie d'HP, qui veut flinguer son époux infidèle et Marisa, toujours vierge et pas vraiment ravie de l'être qui vient visiter l'appart de Pepa.
Avec Parle avec elle, Pedro Almodóvar frappe fort [critique]
Pepa (Carmen Maura bombissime) est en train de rompre avec son fiancé Ivan, un vieux beau qui, comme elle, double des séries télé. Au même moment, sa copine Candela découvre que son amoureux est un terroriste chiite. Mais il y a aussi la femme d'Ivan, tout juste sortie d'HP, qui veut flinguer son époux infidèle et Marisa, toujours vierge et pas vraiment ravie de l'être qui vient visiter l'appart de Pepa.
Elles sont quatre. Quatre femmes un tout petit peu vénères qui provoquent, dans le film d'Almodovar, une avalanche de cingleries invraisemblables. Le cinéaste espagnol adaptait-là un texte de Cocteau qu’il transformait en vaudeville halluciné, aux couleurs éclatantes, à l’humour zinzin. Sa petite bombe en surchauffe flirtait avec la folie furieuse. Bordélique, vivant, extravagant, hystéro, le film emmêlait les (grosses) ficelles du boulevard à base de quiproquos dingos et de parodie marteau pour mieux tout faire valser.
Et d’abord le cinéma. Au-delà des références évidentes (dues au métier de Pepa), Femmes au bord de la crise de nerfs aurait presque pu être signé par un Billy Wilder sous amphètes ou un Blake Edwards latino. Tous les ingrédients de la comédie sophistiquée US sont au rendez-vous : la femme abandonnée, le séducteur volage, la famille encombrante, un background social mis à plat... mais porté à un degré de fusion hallucinant. En mélangeant réalisme kitch, talons hauts, sentimentalité, (post-)modernisme, le tout sur un tempo staccato, Almodovar s’attaquait aussi à son époque, à l'Espagne post-franquiste, cette société hypocrite qui se pensait libérée de ses prisons mentales mais imposait en fait sa morale petite-bourgeoise à tout le monde. Résultat ? Ce sera l’explosion du cinéaste sur la scène internationale. Entre le carton au box office mondial, les nominations aux Oscars et les Goyas à la pelle… FABDLCN fut le moment où Almododo arrêta d’être un effet de mode (movida) pour devenir un véritable auteur. C’était il y a déjà 30 ans.
Commentaires