L’acteur est en couverture de Première pour la sortie d’Un Prince à New York 2.
Après Dolemite Is My Name, sorti en 2019 sur Netflix, Eddie Murphy poursuit son retour au premier plan avec la suite d’Un Prince à New York, sortie le 5 mars dernier sur Amazon Prime Video. Pour l’occasion, l’acteur culte d’Un fauteuil pour deux ou du Flic de Beverly Hills nous a accordé un grand entretien à retrouver dans le numéro de mars de Première, toujours disponible en kiosque (et sur notre boutique en ligne).
Eddie Murphy y revient notamment sur le film original, sorti en 1988, qui avait marqué son époque avec son casting 100% noir… ou presque. En effet, un certain Louie Anderson (également présent dans la suite) se glissait dans la distribution aux côtés des Arsenio Hall, James Earl Jones et autres John Amos. Un choix qui avait été imposé par le distributeur, qui voulait au moins un acteur blanc dans le film pour rassurer le public…
Achetez le numéro 516 de PremièreÇa vous travaillait manifestement beaucoup à l’époque. Est-ce qu’Un prince à New York est votre commentaire sur le fardeau de la célébrité, la rançon de la gloire ?
Non, non, non, surtout pas! Ce n’est pas un commentaire sur quoi que ce soit! Ça n’aurait jamais résonné aussi fort, à travers les générations, si c’était un commentaire ou n’importe quel autre truc de ce genre! Tu sais, c’est vraiment un film culte en Amérique. Les gens font des soirées Un prince à New York, s’habillent comme les personnages du film à Halloween. Il y a un restaurant qui, une fois par an, change son enseigne pour celle de McDowell’s [le restaurant fictif du film, concurrent de McDonald’s] et sert les mêmes plats que dans le film. À Noël, la chaîne VH1 le passe en boucle pendant vingt-quatre heures. Et la raison de ce culte, ce n’est pas que c’est un commentaire sur ma vie, c’est que la distribution du film est entièrement noire! D’habitude, quand tu vois un film avec un casting 100 % noir, tu peux être sûr qu’il va être question de troubles civils, d’injustice, de douleur, de drogue, de potentiel gâché... Nous, les Noirs, n’avions jamais le loisir de se voir dépeints à l’écran comme des gens normaux. Un prince à New York est le premier film de l’histoire de Hollywood où il y avait des princes noirs, des rois africains, etc. Mais c’est surtout le premier où on était montrés sous une lumière différente, faisant des trucs ordinaires, des trucs de tous les jours. Comme chercher le grand amour. C’est un conte de fées, un conte de fées moderne. C’est pour ça que les gens l’aiment. Et Un prince à New York 2 est identique.
Jusqu’alors, de 48 heures au Flic de Beverly Hills 1 et 2, vous étiez le seul Noir dans des films de Blancs...
Oui, le Hollywood où j’ai commencé à faire du cinéma, en 81-82, était complètement différent. Il n’y avait pas de communauté d’actrices et d’acteurs noirs, pas de Black Hollywood. Le seul acteur qui travail- lait avec constance, c’était Richard Pryor. Avant lui, il y avait eu la blaxploitation, mais c’étaient des films à tout petit budget. Pour bien te faire comprendre à quel point c’était un autre monde, sur Un prince à New York, la Paramount avait exigé qu’il y ait au moins un acteur blanc dans le film. C’est pour ça que Louie Anderson est au casting, tu sais, c’est l’employé du McDowell’s qui lave la salade en rêvant de devenir assistant manager. (Rires.) Je précise que j’adore Louie Anderson, hein, d’ailleurs, la preuve, quand on m’a dit qu’il fallait un Blanc dans le film, c’est à lui que j’ai pensé. Ils ne nous auraient pas laissés faire le film sans lui.
Ils flippaient vraiment ?
« Il n’y a que des Noirs ! Comment va-t-on gagner de l’argent ? Les films avec des Noirs ne marchent pas à l’étranger! » Or, je crois bien que c’est le seul film de l’histoire du cinéma avec un all black cast qui ait cartonné partout dans le monde. Avec Black Panther bien sûr.
C’était un motif de fierté pour vous, j’imagine...
Fierté, je ne sais pas. J’avais le vent en poupe à l’époque, tout marchait pour moi et ça me paraissait juste être la progression naturelle des choses. L’étape d’après. Mais c’est sûr que le succès de mes premiers films a totalement transformé le paysage pour les acteurs, les actrices et les cinéastes noirs. Avant moi, il n’y avait pas de stars noires dont les films rapportaient des centaines de millions de dollars partout dans le monde. Encore aujourd’hui, il n’y en a pas tant que ça, d’ailleurs! On est trois : Will Smith, Dwayne Johnson et moi.
Commentaires