Arte consacre une soirée spéciale au premier, en proposant après ce thriller le documentaire inédit Dans les yeux de Johnny Depp.
Dans la réalité, Joseph Dominick Pistone alias Donnie Brasco a vraiment existé. Cet ancien agent du FBI a été l'un des premiers à petre infiltrés dans la Mafia. Grâce à ses connaissances et ses capacités, il est choisi en 1976 pour une mission, qui aurait dû durer six mois.Grâce à Benjamin Ruggiero, dit Lefty, il parviendra à s'introduire dans une des familles connues de la mafia New Yorkaise et a avoir des contacts avec les autres... et son enquête durera finalement six ans. Six années au cours desquelles Donnie Brasco franchit toutes les étapes pour intégrer la famille, jusqu'à presque devenir "un affranchi". Mais son infiltration s'arrêtera juste avant. Une enquête plus que réussie pour le FBI qui a eu des conséquences malheureuses au sein de la mafia. Ainsi que sur Joseph Pistone, qui a du vivre sous une fausse identité tout le reste de sa vie, et a écrit ses mémoires : Donnie Brasco: My Undercover Life in the Mafia, en 1988. C'est ce livre qui a servi de base pour le film Donnie Brasco, à revoir ce soir sur Arte. Johnny Depp l'incarne face à Al Pacino en Lefty.
Le film de Mike Newell (Quatre mariages un enterrement, Harry Potter et la Coupe de feu...) a été un succès mondial, lors de sa sortie en 1997, totalisant 124 909 762 $ de recettes. La critique de Première aussi avait été emballée par le film et en particulier par l'interprétation d'Al Pacino. Voici ce qu'écrivait Jean-Yves Katelan à sa sortie : Donnie Bracso n'est pas un film de plus sur la mafia, mais d'abord une comédie, souvent tellement comique qu'on croirait presque au pastiche : difficile d'oublier qu'avant ce mafieux un peu nul, Pacino fut jadis Parrain... C'est l'excellence, voire la perfection de l'interprétation, qui prévient le pastiche, rend les dialogues si savoureux et conserve un suspense sérieusement drôle. Car, au classement du meilleur acteur du monde, Al repasse nettement en tête : regardez comme il sursaute imperceptiblement - mais perceptiblement donc - à chaque coup de feu lors d'un défouraillage hystérique de Michaël Madsen... Et son talent est communicatif : il n'est qu'à voir la scène suivante ou Madsen, pénétrant dans un restaurant "familial" provoque un énorme éclat de rire à la table de son boss. D'abord ébranlé, il choisit de rire avec les autres, mais le regard plein de sous-entendus qu'il jette à cet instant est inoubliable. Quant à Johnny Depp, s'il est encore un peu frêle face à ces deux monstres, il défend néanmoins son rôle, difficile, de héros-titre progressivement séduit par ceux qu'il combat et qui finit par se retrouver le cul entre deux traîtrises...
Juste après ce film, Arte proposera un documentaire inédit sur ce dernier intitulé Dans les yeux de Johnny Depp. Après son portrait très réussi de Tom Cruise (l'acteur qui court après le temps et une éternelle jeunesse), le réalisateur Régis Brochier, accompagné de Céline Salette à la narration, retrace le parcours hors du commun de la star de Pirates des Caraïbes, de ses rêves de jeunesse de devenir guitariste à son procès retentissant contre son ex-femme, Amber Heard. Le portrait d'un artiste punk devenu ironiquement une star hollywoodienne en basculant malgré lui vers le cinéma, et qui entre deux abus de drogues et d'alcool a tout de même conçu une filmographie intéressante (grâce à John Waters et Tim Burton, notamment, mais pas seulement), mais qui a fini hanté par les fantômes de Marlon Brando et de Hunter S. Thomson (qu'il incarne dans Las Vegas Parano et Rum Diary), isolé par ses dérives et sa consommation délirante de psychotropes. Ce docu n'éclipse pas ses failles, au contraire, et il se conclut d'ailleurs sur des rôles bien moins marquants qu'auparavant, montrant qu'après tant d'excès, il est difficile de continuer à se construire une filmographie solide. A près de 60 ans, la carrière de Depp est-elle derrière lui, ou pourrait-il enfin surmonter ses démons et s'offrir un come-back ?
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