Dix ans après Django Unchained, Christoph Waltz remet son chapeau de chasseur de primes pour le réalisateur de 48 Heures.
Quand il réalisait son premier western à la fin des années 70, Le Gang des frères James, tout en fusillades spectaculaires et lyrisme macho, Walter Hill cherchait ouvertement à se mettre dans le sillage de son mentor Sam Peckinpah. A 80 ans, alors qu’il continue de tourner contre vents et marées, c’est à un autre maître du western, moins tapageur, qu’il dédie son petit dernier, Dead For A Dollar : Budd Boetticher, auteur d’une poignée de classiques du genre dans les années 50. Une manière pour Hill de placer son film sous le signe de la série B, de l’artisanat et d’une forme d’épure. Et sans doute aussi une façon élégante de s’excuser de l’aspect un brin fauché de l’ensemble… Car Dead For A Dollar est de toute évidence un film bricolé, tourné pour pas trop cher. Un western qui préfère les conversations en chambre et les saloons dépeuplés aux grands espaces.
Dead For A Dollar raconte l’aventure mexicaine d’un chasseur de primes d’origine européenne (Christoph Waltz, très sobre, ouf !), qui s’associe à un soldat noir (Warren Burke, dans un rôle à la Sidney Poitier) afin de retrouver la femme d’un riche businessman (Rachel Brosnahan), prétendument enlevée par un déserteur… En chemin, ils croiseront la route de tout un tas de salopards hauts en couleur, ainsi que de Willem Dafoe, bandit beau parleur qui a une dent contre le bounty hunter… Le duo noir et blanc qui mène l’intrigue renvoie autant à 48 Heures, méga-hit emblématique de Hill, qu’au Django Unchained de Tarantino, Waltz oblige.
Le principal problème du film (outre sa photo sépia un peu moche) est que Walter Hill n’arrive jamais à gérer son trop-plein de personnages, et tous les thèmes que ceux-ci charrient : il y a la rivalité classique entre les briscards Waltz et Dafoe (l’homme de loi et le outlaw), la femme qui veut échapper à son mari violent et revendiquer sa liberté dans un Ouest sauvage qui la lui refuse, les soldats noirs méprisés par leur hiérarchie, tiraillés entre intégration et rébellion… Le film n’a pas de véritable centre de gravité et zappe ainsi mollement d’un sujet à l’autre. Mais les questionnements moraux des personnages, qui refusent tous d’une manière ou d’une autre de jouer le rôle que la société leur a assignés, ne sont pas inintéressants, et certains dialogues parviennent à donner au film le dynamisme qui fait défaut à la mise en scène. Malgré l’adversité, le temps qui passe et les budgets riquiqui, Walter Hill refuse de rendre les armes et continue de fabriquer dans son coin des odes à l’insoumission. C’est suffisant pour nous empêcher de conclure que Dead For A Dollar ne vaut pas un kopeck.
Dead For A Dollar, de Walter Hill, avec Christoph Waltz, Willem Dafoe, Rachel Brosnahan… Sur Canal+ le samedi 30 septembre à 21h02.
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