Volte/Face
Touchstone Pictures

Le cinéaste revient sur son chef d'oeuvre hollywoodien de 1997. "John et Nicolas ont passé deux ou trois semaines à répéter, à s'imiter..."

Au sommet de son art dans sa période hollywoodienne débutée par Chasse A L'Homme (1993) avec Jean-Claude Van-Damme, John Woo retrouve John Travolta, qu'il avait déjà dirigé dans Broken arrow (1995) pour un affrontement biblique face à Nicolas Cage dans l'excellent thriller Volte/Face.

Dans une longue interview carrière donnée à Vulture, le cinéaste hong-kongais raconte le tournage, sa vision et il révèle qu'au départ, il devait s'agir d'un film de science-fiction futuriste pur jus :

"Il devait se dérouler 200 ans dans le futur. Mais j'ai préféré retirer 99% des effets spéciaux pour essayer de le rendre l'histoire plus réaliste. Du coup, ça se passe seulement dix ans dans le futur ! Au passage, j'ai commencé à en faire une sorte de comédie. Ou un film amusant, pas une pure comédie évidemment. Je suis un grand fan du magazine américain MAD. Les personnages de mes films ressemblent parfois à des personnages de MAD. Tout est tellement ridicule. Too much. Ces gens qui peuvent changer de visage... c'est tellement irréel ! Mais je devais en faire une histoire crédible, c'est pourquoi j'ai laissé mes acteurs s'amuser sur le tournage, être insouciants et faire ce qu'ils voulaient."

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Touchstone Pictures

John Woo raconte aussi avoir eu une grande réunion avec la boss du studio Paramount de l'époque, Sherry Lansing, qui lui a laissé les mains libres. Elle a expliqué à ses collaborateurs et producteurs : "Tout ce que je veux, c'est un film de John Woo, et personne n'a besoin de lui donner des consignes !" Le cinéaste avoue aujourd'hui avoir été "choqué et surpris face à tellement de liberté créative..."

Le réalisateur a donc pu faire ce qu'il voulait. Et sa créativité passait alors par John Travolta en personne. "Il était comme son personnage, Sean Archer. Il venait toujours vers moi pour me calmer et me rassurer : ce n'est qu'un film ! Profitons de la vie ! Nous avons utilisé ce genre d'attitude pour faire le film, et les deux acteurs ont si bien travaillé ensemble. John et Nicolas ont passé deux ou trois semaines à répéter tous les deux. Ils s'imitaient, marchaient et parlaient l'un comme l'autre. Même les rires, les pleurs, tout. Ils ont rendu ça très fun."

Volte/Face
Paramount

Finalement, Volte/Face reste dans les annales comme l'un des films d'action les plus époustouflants de son époque, grâce à des séquences bluffantes, où les cascadeurs étaient mis à l'honneur. Ou la vision ultime du cinéaste John Woo :

 "L'une des raisons pour lesquelles j'aime continuer à faire des films d'action, c'est que j'ai un grand respect pour les cascadeurs du monde entier. Et je ne veux pas remplacer leurs visages par des visages numériques. J'essaye juste de garder la beauté de l'action. Si un plan est beau et époustouflant, je veux le conserver intact. C'est mon langage cinématographique. Vous pouvez le voir, dans mes scènes d'action, je n'aime jamais faire du montage rapide avec une deuxième caméra.  D'une certaine manière, j'ai l'impression que les cascadeurs ont les mêmes qualités qu'un danseur de ballet..."