Le cinéaste songe à confier les commandes de la fin de la saga à un autre metteur en scène.
A 68 ans, James Cameron connait un nouveau triomphe grâce à Avatar 2 : La Voie de l'eau. Lui qui a déjà battu tous les records au box-office mondial grâce à Titanic, en 1997, puis Avatar, en 2009, est en train de renouveler cet exploit, 13 ans après la sortie du film original. Il est ainsi le seul cinéaste à avoir trois films au-delà du milliard et demi de dollars de recettes sur la planète ! Sans surprise, il prépare déjà la suite. Enfin, les suites : Avatar 3 est déjà tourné, et sortira fin 2024 au cinéma, et la première partie du n°4 est elle aussi en boîte. On sait qu'il compte aussi filmer un cinquième opus. A moins qu'il ne laisse sa place de réalisateur avant la fin ?
En juillet, le cinéaste se posait déjà la question : "Je pense qu’éventuellement au bout d’un certain temps – je ne sais pas si ce sera après le 3 ou le 4 – j’aurais envie de passer le relais à un réalisateur en qui j’ai confiance pour qu’il reprenne la main, comme ça je pourrais faire d’autres choses qui m’intéressent aussi. Ou peut-être pas. Je ne sais pas." Il y a quelques jours, en répondant à S. S. Rajamouli, le réalisateur de RRR qui lui demandait s'il regrettait de ne plus raconter d'autres histoires que celle d'Avatar, il précisait : "J'ai deux réflexions pour répondre à ta question. Tout d'abord, le monde d'Avatar est si vaste que je peux y raconter la plupart des histoires que j'ai en tête, tout en explorant toutes les techniques visuelles possibles. Et la seconde, c'est que oui, notre temps en tant qu'artistes est compté. Je ferai toujours le deuil de certaines histoires que je n'ai pas pu raconter. Mais je suis très content quand d'autres réalisateurs veulent explorer quelques-unes de mes idées, comme Kathryn Bigelow l'a fait avec Strange Days ou Robert Rodriguez avec Alita : Battle Angel. J'ai envie de davantage de collaborations de ce genre dans le futur avec des metteurs en scène que j'admire."
James Cameron n'a visiblement aucun mal à imaginer un autre metteur en scène aux commandes de l'un de ses blockbusters de la saga. Alors qui pourrait lui succéder ? Voici cinq personnalités qu'on verrait bien derrière la caméra pour Avatar 4 et/ou 5. Les deux citées par le cinéaste en personne, évidemment, ainsi que Peter Jackson, David Fincher et Richard Baneham, car ils partagent tous une part de leur carrière avec lui. Et qu'on a beaucoup pensé à eux devant La Voie de l'eau, au point de les imaginer succéder à Cameron...
Kathryn Bigelow
C'est le premier nom qui vient à l'esprit de James Cameron quand il pense à ses potentiels successeurs, alors elle est évidemment en tête de liste. En 1995, forte de ses expériences de réalisatrice sur des films aussi éclectiques que l'histoire de vampires Aux frontières de l'aube, le polar au féminin Blue Steel et le buddy movie d'action Point Break, elle se voyait confier par ce dernier la mise en scène de Strange Days, un film dont il a écrit le script, mais qu'il ne pouvait réaliser, absorbé par la préparation de Titanic. Film de science-fiction s'inspirant de faits réels, comme les émeutes de 1992 à Los Angeles, Strange Days suit l'enquête d'un dealer de clips prohibés recevant une vidéo du viol et du meurtre d'une amie proche.
Malgré ses bonnes critiques, cette oeuvre sombre a fait un flop à l'époque. Si Cameron avait déjà produit Point Break avant celui-ci, ce film a marqué la fin de sa collaboration professionnelle avec Kathryn Bigelow. On pourrait alors penser qu'étant donnée l'histoire personnelle vécue entre les deux réalisateurs, les voir retravailler ensemble sur une suite d'Avatar serait une mauvaise idée, mais leur mariage, puis leur divorce, ont eu lieu avant leur projet en commun sur Strange Days : en 1989 et 1991.
Dès lors, Cameron pourrait-il refaire appel à elle pour concevoir Avatar 4 ou 5 ? Sur le papier, elle a toutes les qualités pour mettre en scène un tel blockbuster. Depuis le début des années 2000, de K-19 à Detroit, elle a réalisé des films dotés d'un budget conséquent, à partir de scénarios bien ficelés, qu'elle a su sublimer grâce à une mise en scène souvent brillante : Démineurs lui a même offert le premier Oscar de la meilleure réalisatrice de l'histoire, en 2010. Son goût pour l'action/les scènes "coups de poing" pourrait coller à la vision de Cameron, mais sera-t-elle attirée par ce type de cinéma plus familial que ce qu'elle a tourné jusqu'ici ? Aux dernières nouvelles, elle devait justement diriger un film catastrophe ayant pour héros une mère de famille fraichement divorcée devenant la protectrice de sa fille et de son quartier, alors que tous les réseaux électriques de la planète sont soudainement en panne suite à une tempête solaire. Cette grosse production de Netflix, intitulée Aurora, s'inspire d'une histoire de David Koepp (Jurassic Park, Mission : Impossible, Kimi...). Annoncée au printemps 2022, elle n'est pas encore entrée en tournage, ce qui laisse supposer que ce projet l'occupera durant encore de longs mois, voire une paire d'années. Mais comme Avatar 5 est attendu au cinéma en 2028, cela reste jouable.
Robert Rodriguez
"Alita est un film de James Cameron qu'il n'a simplement pas eu le temps de réaliser !" Tout au long de la promotion d'Alita : Battle Angel, sorti début 2019 au cinéma, Robert Rodriguez répétait qu'il était simplement l'exécutant du rêve de son scénariste et producteur. Enorme fan des mangas Gunnm, Cameron a tenté d'adapter sa riche histoire au cinéma pendant plus de deux décennies, avant de se retrouver aux commandes d'Avatar, qui s'est transformé en saga une fois que le premier opus a battu tous les records du box-office. Comme pour Kathryn Bigelow avec Strange Days, ce dernier était ravi du résultat, même si ce film à gros budget, bourré d'effets spéciaux en numérique novateurs (ce qui laisse penser que Rodriguez serait assez à l'aise pour reprendre le flambeau sur Avatar d'un point de vue technique), n'a pas enregistré de scores fous au box-office : il a rapporté 319 millions de dollars dans le monde, sans franchir la barre des 100 millions aux Etats-Unis, ce qui suffit en général à donner à un blockbuster une réputation de "flop". Il a ses fans -à la rédaction de Première, notamment- dont certains réclament très régulièrement une suite à la Fox (et donc maintenant à Disney). Jon Landau, qui est aussi à la production en parallèle de la saga sur les Na'Vis, a très récemment confirmé que celle-ci était bien à l'étude : "Eh bien il y a ce petit film appelé Alita Battle Angel, qu'on adorerait retrouver pour tourner sa suite. J'en ai d'ailleurs parlé à Robert, on espère que cela portera ses fruits. Je ne vous donnerai pas de date, sinon ça se retournera contre moi (cette dernières boutade fait référence aux nombreux reports d'Avatar, ndlr)."
Logiquement, si Cameron et Landau obtiennent le feu vert du studio pour lancer Alita 2, ils feront plutôt appel au réalisateur de Spy Kids et de Sin City pour ce film, plutôt que pour un Avatar, non ? Notez au passage que c'est Guillermo del Toro qui a fait découvrir Gunnm à Cameron, et que les deux hommes ont une histoire personnelle forte, le second ayant payé une importante rançon pour faire libérer le père du premier, enlevé par un cartel mexicain quand il a commencé à avoir du succès à Hollywood. Le metteur en scène de La Forme de l'eau aurait certainement pu lui aussi figurer dans cette liste des réalisateurs de confiance, tant il apprécie et respecte James Cameron pour son travail et en tant que personne.
Peter Jackson
James Cameron ne s'en cache pas : si la production d'Avatar 2 a pris beaucoup plus de temps que prévu (13 ans d'écart entre deux épisodes d'une même saga, c'est énorme par rapport aux standards hollywoodiens), il devrait à présent être capable d'accélérer le rythme pour en sortir un tous les deux ans. Et pour construire toute sa saga d'un seul coup, il s'est inspiré ouvertement d'un certain Peter Jackson, qui avait sur convaincre New Line au tournant des années 2000 de filmer les trois volets du Seigneur des Anneaux à la suite. Une façon de procéder absolument exceptionnelle, qui lui a permis d'offrir une certaine homogénéité à son histoire, en mettant en scène des comédiens qui ne vieillissent pas entre deux scènes et dans des décors construits majoritairement en dur pour qu'ils soient réutilisés dans la fabrication des trois volets. "Mon modèle était ce que Peter Jackson a fait avec Le Seigneur des Anneaux, racontait ainsi James Cameron début décembre. C'était un pari fou en son temps. Et vraiment bravo à lui. Ils ont saisi la chance qui leur était offerte de se lancer sur ces trois films en même temps. Mais il avait les livres comme points de repères, pour montrer aux acteurs ce qu'ils avaient besoin de savoir sur l'arc de leur personnage par exemple. J'ai donc senti que je devais faire la même chose. Il m'a semble nécessaire de penser Avatar comme si les livres existaient déjà. Donc, la seule façon de faire était d'écrire tous les scripts et de laisser les acteurs lire tous les scripts. Pour qu'ils voient où leurs personnages allaient et ce que tout cela signifiait. Rien qu'ils ne puissent jouer concrètement sur le moment, mais je pense que c'était quelque chose que les acteurs devaient intégrer dans leur préparation pour leurs personnages. Les acteurs savaient qu'on allait filmer de petits morceaux des suites ici et là. Pas nécessairement dans l'ordre. Nous avons tourné un jour des parties d'Avatar 2, un jour des parties d'Avatar 3, un autre des parties d'Avatar 4. C'était un défi, mais ce n'est pas différent de lorsque vous travaillez sur une série limitée par exemple, qui s'étale sur 6 heures ou 8 heures. C'était la bonne façon de l'aborder avec mes acteurs, et aussi pour qu'ils voient la finalié du truc, qu'ils soient motivés et enthousiastes. Parce que l'histoire est épatante. Au moment où nous arriverons à Avatar 4 et 5 - si nous sommes assez chanceux pour aller aussi loin - il faudra que ça marche !"
Le fait de tourner cette suite en grande partie en performance capture, technologie sur laquelle il fut un pionnier via sa société Weta, et qui plus est en la filmant en Nouvelle-Zélande, fait aussi penser à Peter Jackson, tout comme certaines séquences de La Voie de l'eau où Cameron prend un malin plaisir à jouer avec la 3D et des idées "graphiques" (par exemple, et attention spoiler : Cameron prend visiblement un certain plaisir à montrer clairement un méchant pêcheur se faire arracher le bras par un Tulkun, comme Jackson envoyait des flèches en pleine tête des maléfiques Orcs dans Le Hobbit). Peter Jackson serait-il prêt à diriger une suite de saga dont il n'est pas l'initiateur ? C'est plus ou moins ce qui était prévu avec Tintin. Après le premier mis en scène par Steven Spielberg, il était censé adapter Les 7 boules de cristal, mais les résultats au box-office du Secret de la Licorne ont été trop limites (373 millions dans le monde) pour que Paramount ne lance cette suite. Absorbé ces derniers temps par ses documentaires sur les Beatles, voudra-t-il revenir à ce genre de grosse production très chronophage ?
David Fincher
La première fois que James Cameron a laissé sa place de réalisateur sur une saga, c'était sur Alien : après avoir lui-même succédé à Ridley Scott en 1986 pour Aliens, il a été remplacé sur l'épisode suivant par David Fincher, en 1992. Repéré par la Fox grâce à ses publicités et ses clips novateurs (notamment Express Yourself, de Madonna), il a frappé fort dès son premier film en arrivant d'emblée aux commandes d'un gros film de studio... et en cassant ce qui avait été construit avant lui pour mieux repartir de zéro ! S'il arrivait aujourd'hui sur la saga Avatar, il serait bien capable de tuer Tuk dès les premières minutes, puis de faire se sacrifier à nouveau Sigourney Weaver (qui joue à présent Kiri !). Bon, est-on vraiment certains de vouloir voir ça ?
C'est vrai qu'il fait clairement figure d'"outsider" dans cette liste, mais au-delà de la blague sur Aliens -qui est ouvertement cité par Cameron dans la scène finale de La Voie de l'eau-, en voyant comment ce dernier a développé la thématique de la chasse à la baleine au sein de ce blockbuster, on se dit qu'un réalisateur passionné par 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne, que Fincher a tenté d'adapter pendant des années, serait peut-être dans le fond un bon successeur. Sans oublier qu'il adore lui aussi expérimenter avec les nouvelles technologies : après son expérience acquise sur L'Etrange histoire de Benjamin Button, en 2008, il a replongé dans la performance capture pour un épisode de la saison 3 de Love, Death and Robots pour Netflix. Intitulé Mauvais voyage, il s'agit d'un conte très sombre à bord d'un bateau de marchands cherchant à survivre aux attaques d'une bête gigantesque. Une expérience qu'il a trouvé "incroyablement libératrice".
Reste qu'avec le réalisateur de Seven aux commandes d'un Avatar, la saga risquerait de basculer vers un épisode plus sombre, et peut-être éloigné de ce que veut créer Cameron, pour qui les thèmes de la famille, de la nature et de l'éducation sont cruciaux, et amenés de façon ludique, pour s'adresser à un large public. Sans compter que Fincher est très occupé ces temps-ci avec ses multiples productions pour Netflix, où il semble avoir carte blanche pour concevoir ce qui lui chante, que ce soit en films (Mank, Le Tueur...) ou en série (Mindhunter, et donc Love, Death and Robots). Aurait-il autant de liberté sur une suite d'Avatar produite par Disney ? Pas sûr. Notez enfin que cette série d'anthologie animée est imaginée avec Tim Miller, qui n'est autre que le réalisateur de Terminator : Dark Fate, écrit et produit par James Cameron. Décidément, tout est lié...
Richard Baneham
Il est le moins célèbre de la liste, et pourtant, il y a de fortes chances que ce soit à quelqu'un comme lui que James Cameron confie les rennes d'un futur épisode d'Avatar : Richard Baneham a débuté à Hollywood en tant qu'animateur chargé des effets spéciaux sur des films d'animation tels que Poucelina ou Le Géant de fer, à la fin des années 1990, avant de passer aux VFX sur des productions en live, notamment... du Seigneur des anneaux 2 et 3. Il a donc fait ses classes chez Weta, auprès de Peter Jackson, avant de devenir superviseurs des effets visuels sur Alita : Battle Angel, produit donc par James Cameron, pour la société Lightstorm Entertainment. Et l'entente entre le scénariste/producteur et lui a été tellement au beau fixe qu'il lui a de nouveau offert ce poste sur Avatar : La Voie de l'eau. Retour chez Weta FX pour Baneham, donc, qui a fini par mettre en scène par lui-même environ 30% des séquences en performance capture du blockbuster ! Du propre aveu de Cameron, c'est la première fois qu'il laisse autant la main à un réalisateur de seconde équipe sur l'un de ses films, et il a confié que ce changement lui avait fait du bien. Avoir assez confiance à un autre metteur en scène pour tourner principalement des séquences sous l'eau, compliquées à réaliser avec cette technologie naissante, laisse penser qu'il pourrait de plus en plus lui laisser les commandes sur les épisodes à venir.
Ainsi, la passation se ferait en toute fluidité. Comme l'a fait Andy Serkis sur la saga du Seigneur des Anneaux, en tournant quelques séquences clés des films de Peter Jackson avant de passer à 100% à la réalisation, tout en se spécialisant lui aussi dans les tournage en performance capture, Richard Baneham a le profil idéal pour suivre ce genre de parcours. Arrivé sur Avatar 4 ou 5, il aura déjà tellement collaboré avec Cameron qu'il connaîtra la recette aussi bien que lui ! Dans le même genre, il y a aussi Robert Stromberg, chargé des décors d'Avatar, qui avait aussi longtemps travaillé dans le "production design" et les effets spéciaux avant de passer à la mise en scène sur Maléfique, en 2014, pour Disney. Ce fut une réussite, en grande partie due au talent d'Angelina Jolie, parfaite dans ce rôle, mais aussi à l'ambiance de conte de fées tour à tour sombre ou colorée conçue par le réalisateur et ses équipes.
Voici la bande-annonce d'Avatar 2, qui cartonne en ce moment partout dans le monde :
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