L’actrice aurait acheté le silence de sa victime contre 380 000 dollars.
Presque un an après le lancement du mouvement #MeToo, qui dénonce le harcèlement sexuel dont sont principalement victimes les femmes, le célèbre hashtag fait à nouveau parler de lui. L’actrice italienne Asia Argento, victime présumée du producteur Harvey Weinstein et figure de proue du mouvement, aurait agressé sexuellement un jeune homme, Jimmy Bennett, âgé de 17 ans au moment des faits. L’agression se serait déroulée en 2013, dans une chambre d’hôtel en Californie, état américain où la majorité sexuelle est fixée à 18 ans. Selon le New York Times, qui vient de révéler l’affaire, l’actrice aurait acheté le silence du jeune homme en échange de 380 000 dollars.
Asia Argento accuse Harvey Weinstein de violJimmy Bennett, comédien qui a pu être aperçu dans Star Trek de J.J. Abrams et Poséidon de Wolfgang Peterson, a lancé une action en justice contre Asia Argento en novembre dernier, un mois après les accusations de l’actrice contre Weinstein. Il réclame 3,5 millions de dollars de dommages et intérêts pour s'être vu "infliger de manière intentionnelle une détresse émotionnelle et des pertes de salaire suite à une agression sexuelle". Jimmy Bennett et Asia Argento s’étaient rencontrés sur le tournage du Livre de Jérémie, réalisé par Argento en 2004.
Très ému, Terry Crews raconte son agression sexuelle au Sénat américainCette révélation a fait l’effet d’une bombe dans les médias et sur les réseaux sociaux. Les avis sont plus que partagés. De nombreuses personnes s’inquiètent de l’impact négatif de cette affaire sur le mouvement #MeToo, craignant que la cause qu’il défend soit décrédibilisée, comme le rapporte le site américain Variety. Le tweet de Brian Perry, un internaute qui traite de tout ce qui touche aux Oscars sur son compte Twitter, résume la situation : "la vraie question est de savoir si les gens iront au-delà de cette affaire pour voir ce qu’Asia a fait pour #MeToo".
Wajahat Ali, producteur et collaborateur du New York Times, rappelle que "l’affaire Asia Argento n’enlève rien au fait qu’Harvey Weinstein et beaucoup d’hommes puissants ont poursuivi, abusé et exploité des femmes, que leurs péchés ont été couverts et dissimulés, et que la société, qui est en train de se réveiller, en a marre".
La situation, extrêmement délicate, oblige ceux qui prennent la parole à prendre des pincettes. La journaliste Emily H. Johnson semble prendre la défense d’Asia Argento, expliquant que le comportement de l’actrice est la conséquence de l’agression dont elle a elle-même été victime, tout en condamnant ses actes : "Cette révélation sur Asia Argento n’affaiblit pas le mouvement #MeToo. Cela prouve que le viol provoque des dégâts qui se répercutent à travers le monde de manière incalculable. Cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas merdé complètement, ni qu’elle ne devrait pas être tenue pour responsable."
D’autres, notamment en France, se montrent plus circonspects voire moqueurs face à cette révélation. C’est le cas du journaliste Franz-Olivier Giesbert, qui n’a pas manqué de souligner l’hypocrisie de l’"arroseuse arrosée" : "On ne se méfie jamais assez des marchands de vertu, des donneurs et des donneuses de leçons. Ce sont les pires ennemis de leur cause."
Il est peu probable que l’affaire Asia Argento vienne saper la prise de conscience rendue possible grâce au mouvement #MeToo. Sera-t-elle le détonateur d’un #MeToo masculin ? Elle aura en tout cas au moins permis de rappeler que les hommes peuvent également être victimes d'agression sexuelle.
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