Zack Snyder revient avec un film de zombies qui se déroule à Las Vegas, dans lequel un groupe de mercenaires braque un casino laissé aux morts-vivants. Une série Z maquillée en blockbuster, bourrée de défauts mais authentiquement fun.
Beauf, esthète, masculiniste, génie, fasciste... On aura entendu tout et son contraire sur Zack Snyder, cinéaste de la faute de goût en forme de coup de génie. Depuis 2017 et le suicide de sa fille alors qu’il était en plein tournage de Justice League – l’obligeant à refiler le bébé à Joss Whedon –, l’homme d’acier de Hollywood s’était pratiquement retiré de la vie publique. Dépossédé de son œuvre, il avait gardé le silence jusqu’à la sortie il y a quelques semaines de sa version mastodonte de quatre heures. Le bonhomme de 55 ans profite de cet appel d’air pour doubler la mise avec Army of the Dead, son premier film Netflix qui sonne comme un retour aux sources, dix-sept ans après son long métrage inaugural, L’Armée des morts (Dawn of the Dead).
Encore une affaire de zombies donc, mais avec un twist, « une idée cool », nous disait tranquillement Snyder le mois dernier dans les pages de Première : Las Vegas fait face à une épidémie qui a transformé ses habitants en centaines de milliers de morts-vivants. Les autorités réagissent au quart de tour (c’est vraiment du cinéma)et érigent des murs autour de la ville. Une bombe nucléaire va être balancée dans quelques jours pour régler définitivement le problème. C’est dans ce laps de temps qu’une poignée de mercenaires est embauchée pour s’infiltrer et braquer le coffre-fort d’un casino encore blindé de dollars. Sur place, ils découvrent que les zombies sont beaucoup moins débiles que prévu. Alléchant ? Sûrement un peu trop.
100 % Snyderien
Il y a un vrai plaisir à regarder Zack Snyder partir en roue libre, démiurge total (il est à la fois réalisateur, scénariste, producteur et même chef opérateur) qui déroule ses visions apocalyptiques et transforme en blockbuster ce qui devrait être une petite série Z. Army of the Dead est un drôle d’objet, visuellement « snyderien » jusqu’au bout des ongles, et en même temps dans un lâcher-prise inédit chez le cinéaste. Beaucoup de choix artistiques laissent à désirer, notamment la photo 100 % numérique (le film aurait indéniablement gagné à être tourné en pellicule), mais Snyder est trop occupé à faire joujou avec les codes du film de zombies pour en avoir quelque chose à carrer.
Tout sent le truc shooté dans l’urgence, au point d’en oublier de tenir la promesse du film de casse : une fois l’équipe formée dans la plus pure tradition du genre (chaque membre a sa spécificité, du gros bras qui a réussi à s’échapper de Las Vegas à celui capable de déverrouiller le coffre-fort high tech), le braquage proprement dit est évacué en quelques minutes, sans feu d’artifice.
Émotion finale
On s’attendait à Ocean’s Eleven chez les morts-vivants, finalement il fallait aller zieuter du côté de Land of the Dead (un Romero bien trop sous-estimé) et de Fast & Furious. Un mélange pas franchement recommandé par les autorités sanitaires, mais qui donne vie à une fête foraine joyeusement décérébrée, prête à tout sacrifier sur l’autel du fun. Malheureusement jusqu’aux personnages, à peine esquissés, à l’exception de l’Allemand Ludwig Dieter (Matthias Schweighöfer, vraie révélation) et de Scott Ward (Dave Bautista, touchant géant au charisme animal).
C’est très peu pour tenir la baraque, mais Snyder enchaîne vaillamment, tête baissée, sans jamais regarder dans le rétro. Et quand ça devient vraiment interminable (2h30, c’est évidemment trop), il parvient à renverser la vapeur dans les dernières minutes, avec un (pré)final émouvant sur la thématique de la filiation. On comprend alors que toute cette entreprise branlante n’avait pour objectif que d’en arriver à cette scène d’adieux, imaginée comme un ultime message à sa fille. Pas de quoi sauver totalement le film, mais suffisant pour lui pardonner certains errements.
Army of the Dead, le 21 mai sur Netflix.
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