Clément Faveau, Louise Courvoisier Maiwène Barthélémy- photocall Vingt Dieux Angoulême 2024
Franck Castel/ABACAPRESS

L’emballant premier long de Louise Courvoisier a remporté le Valois de Diamant au cœur d’un palmarès qui a étonnamment snobé un des sommets du festival, Rabia de Mareike Engelhardt

Le jury dirigé par Kristin Scott- Thomas a tranché. Pour succéder au Temps d’aimer de Katell Quillévéré au palmarès du Valois de Diamant, il a choisi le film qu’on vous présentait hier comme l’un des grands favoris de cette édition 2024 du festival du film francophone d’Angoulême : Vingt Dieux. Le premier long métrage de Louise Courvoisier poursuit ainsi sa collection de trophées mérités après le Prix de la Jeunesse obtenu dans la section Un Certain Regard à Cannes. A travers l’histoire de cet ado de 18 ans qui se met en tête de remporter le concours du meilleur comté de la région pour pouvoir rester vivre à la ferme avec sa petite sœur après la mort de leur père, la réalisatrice jurassienne signe ici un portrait de la jeunesse rurale d’une rare justesse et a aussi séduire le jury étudiants qui lui a décerné son Valois

Vingt dieux - Affiche
Les Films du losange

 

Sur la deuxième marche du podium mais cumulant tout de même prix de la mise en scène, de la meilleure musique (Pascal Lengagne, le compositeur du récent Paradis Paris de Marjane Satrapi) et prix du public, on retrouve A bicyclette !, un film qu’on n’attendait pas forcément aussi haut, le tout dernier invité dans la compétition, mais dont les présentations avant chaque séance où son réalisateur et son équipe en détaillaient sa génèse ont bouleversé les festivaliers. Un film éminemment personnel puisque Mathias Mlekuz (déjà lauréat du Prix du public au festival de L’Alpe d’Huez avec son premier long, Mine de rien, en 2020) y refait en fiction un voyage à vélo  sur les traces de l’ultime voyage de son fils qui s’est donné la mort à Istanbul, en compagnie de son meilleur ami, incarné à la vie comme à l’écran par Philippe Rebbot. On pouvait s’attendre à ce que cette épopée sur le deuil et la résilience s’impose comme Prix du public, pas forcément qu’il soit le seul à qui le jury choisisse de décerner deux récompenses. Venu sans distributeur à Angoulême, ce plébiscite devrait l’aider, espérons- le, à trouver le chemin des salles.


 

Le reste du palmarès a consacré côté comédiens Marco Luraschi (la doublure de François Civil pour toutes les scènes à cheval des Trois mousquetaires) pour son premier grand rôle dans Lads, plongée réussie dans le monde des apprentis jockeys signée Julien Menenteau et la lumineuse québécoise Mylène Mackay (vue dans La Femme de mon frère de Monia Chokri) pour Dis- moi pourquoi les choses sont si belles de Lynne Charlebois, inspiré des lettres échangées entre le frère Marie-Victorin, fondateur du Jardin Botanique de Montréal et sa jeune assistante Marcelle Gauvreau sur la sexualité humaine entre 1933 et 1944. Et le facétieux Le Procès du chien de Laëtitia Dosch – où cette dernière incarne une avocate des causes perdues qui décide donc de défendre un chien devant une Cour de justice – a été consacré par son scénario co- écrit par Anne Sophie Bailly, qui, la semaine dernière, a aussi conquis Venise avec son premier long métrage comme réalisatrice, Mon inséparable (avec Laure Calamy), présenté en section parallèle


 

Mais la grande surprise de ce palmarès réside dans l’absence de tout trophée pour un des films quasi unanimement reconnu comme les plus forts de cette compétition d’un niveau plus que solide : le Rabia de Mareike Engelhardt qui suit une Française de 19 ans partant avec une de ses amies pour la Syrie rejoindre Daesh. Un premier long métrage implacable de maîtrise où Meghan Northam livre ce qui fut l’une des plus impressionnantes compositions de cette semaine angoumoisine. Au vu de la qualité cinématographique du film à tous ses étages, sa non- présence du palmarès rentre dans la catégorie des choix parfois étranges - mais souverains - des jurys de festival, à l'image des Filles d'Olfa, snobé par celui de Cannes en 2023 avant de connaître la carrière qu'on sait. Souhaitons à Rabia, en salles le 27 novembre, un destin identique.

 

Le Palmarès du festival du film francophone d’Angoulême 2024

Valois de diamant : Vingt dieux de Louise Courvoisier

Valois de la mise en scène : Mathias Mlekuz pour A bicyclette !

Valois de la meilleure actrice : Mylène Mackay pour Dis- moi pourquoi les choses sont si belles

Valois du meilleur acteur : Marco Luraschi pour Lads

Valois du scénario : Laetitia Dosch et Anne- Sophie Bailly pour Le Procès du chien

Valois de la musique : Pascal Lengagne pour A bicyclette !

Valois du public : A bicyclette ! de Mathias Mlekuz

Valois des étudiants : Vingt dieux de Louise Courvoisier