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Si le cinéma ne fait pas de politique, il laisse parler les chiffres.James Cameron a déclaré au Hollywood Reporter qu'il réfléchissait à inclure des Chinois au casting des suites d'Avatar, en étant tout à fait franc sur ses motivations :"Dans les cinq ans à venir, la Chine pourrait facilement devenir un marché aussi important pour le cinéma que l'Amérique du Nord, et il y a de gros avantages économiques à avoir du contenu chinois ou des coproductions avec la Chine. Les financements d'Avatar 2 et 3 sont déjà bouclés, mais si nous étions qualifiés pour une coproduction, nous pourrions toucher un pourcentage sur les bénéfices en Chine. Nous étudions les chiffres pour voir si ça aurait du sens".En d'autres termes : il y a du pognon à se faire en Chine, profitons-en. Pour ce faire, il pourrait suffire d'embaucher quelques acteurs chinois, pour interpréter des Na'vis, ce qui évidemment ne se verrait pas, ou pourquoi pas dans les séquences live, l'idée étant en plus pleine de bon sens :"Nous nous projetons dans le futur avec Avatar, et si on se projette dans le futur, il est logique d'avoir un certain nombre de Chinois dans le contingent parti sur Pandora".On pourrait aussi considérer tout simplement que dans un film rendant compte de la colonisation d'une planète par les Terriens (et pas seulement les Américains) on trouve des hommes de toutes origines. Mais il faut visiblement des motivations économiques pour embaucher des Chinois à Hollywood.Si, à Washington, en pleine campagne présidentielle, la tendance est aux démonstrations de fermeté vis-à-vis de la deuxième puissance mondiale, à Hollywood, le scénario est différent. La Chine, ce sont 1,3 milliards d'habitants, plus de 800 salles de cinéma IMAX et 3D ouvertes l'année dernière, un marché en pleine expansion : les blockbusters américains représentent à eux seuls 40% du marché. Pour faire progresser ces chiffres, l'industrie du rêve est donc prête à quelques concessions.Dernièrement, Hollywood a courbé l'échine à plusieurs reprises pour ne pas se couper du débouché chinois : si le remake de Total Recall a dû subir quelques légères modifications, le remake de Red Dawn a lui carrément changé de méchants : ce ne sont plus les Chinois qui envahissent les Etats-Unis, mais les Nord-Coréens.La démarche de James Cameron a au moins le mérite d'anticiper ce type de problèmes, et d'être claire. D'autres ont déjà bien compris la stratégie : Iron Man 3 sera une coproduction chinoise, tournée en partie en Chine.