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Les 30 images de Big Eyes qui signent le retour du vrai Tim Burton

En découvrant hier la bande-annonce de Big Eyes, le nouveau film de Tim Burton, ce qui a frappé en premier lieu c'est cet univers familier, familier mais qui semblait paradoxalement lointain, presque oublié. Ces desperate housewives manucurées et permanentées, cette esthétique vintage de la Californie des 50s, cette étrangeté ambiante qui ne sont pas sans rappeler l'univers de Edward aux mains d'argent, le meilleur film de Tim Burton.Tim Burton, une légende vivante de 56 ans, poète sombre et lunaire, auteur singulier et éternel adolescent rebelle à qui l'on doit des œuvres majeures comme BeetlejuiceBatman Le Défi ou Ed Wood. Mais il faut bien avouer que depuis une dizaine d'années, entre films personnels sans surprise (Big Fish, Dark Shadows) et commandes de studios sans saveur (La Planète des Singes, Alice aux Pays des Merveilles), on avait l'impression d'avoir perdu pour de bon le maître de l'étrange joyeux et du macabre enfantin qui nous a fait rêver lors des deux dernières décennies du siècle dernier.Mais à la découverte des premières images de Big Eyes, il faut bien l'avouer, la foi est de retour, intacte. Elle bouillonne à nouveau et elle en demande plus. Comme si elle avait couvé quelques temps avant d'exploser enfin et de réclamer à nouveau son dû. Ces deux minutes trente de plans judicieusement choisis présagent du meilleur certes, mais nous réconcilie aussi et surtout avec un univers burtonien qui nous semblait oublié, le cinéaste finissant même par s'auto-parodier dans ses dernières œuvres. Avec ces deux minutes trente de pur cinéma, Tim Burton nous fait une promesse, la promesse d'un grand film, freak et fascinant.Inspiré d'une histoire vraie (c'est précisé en gros dans le trailer), Burton a retrouvé les scénaristes de son précédent biopic (déjà d'un imposteur, Ed Wood, chef-d’œuvre sorti en 1994), pour narrer le destin de Margaret Keane, jeune femme qui connut un petit succès dans les années 50 grâce à ses peintures d'enfants aux yeux immenses, avant que son mari Walter n'abuse d'elle et ne s'approprie l'origine de ses toiles dans les années 60, motivé par la gloire et l'argent. Un mensonge qui fera exploser le couple et la vérité éclatera lors d'un procès retentissant qui s'achèvera définitivement au milieu des années 80, reconnaissant la "paternité" des peintures à Margaret.Une histoire riche et romanesque qui permet aujourd'hui à Burton de revenir à ses thématiques les plus personnelles : l'art, le bizarre, la beauté dans l'étrangeté, l'être différent, incompris et esseulé, mais aussi le mensonge et la dissimulation. Ici, c'est l'excellente Amy Adams (American Bluff, Batman vs Superman) qui incarne cette figure familière de l'univers burtonien, objet et outil de la vénalité de son escroc de mari incarné par le brillant Christoph Waltz (Oscar pour Inglourious Basterds et Django Unchained), alors que le reste du casting est tout aussi prestigieux avec Krysten Ritter, Terence Stamp et Jason Schwartzman.Le 24 décembre, il faudra garder les yeux grands ouverts.@MathieuLecerfLa bande-annonce de Big Eyes, de Tim Burton :