Ce chanteur-comédien de talent interprète le rôle de Sam, dans la comédie musicale événement Mamma Mia. Rencontre avec un artiste au parcours étonnant qui va de Paris à Londres.Propos recueillis par M.-C. NivièreDepuis des mois, il vit dans la fièvre des répétitions. Il est fourbu mais heureux. Trois jours plus tôt, des extraits du spectacle en répétition ont été montrés à la presse. Disons-le, cette version en français produite par Stage Entertainment France, c’est de la bombe ! Il sourit : « Merci ! Vos réactions sont les premières ! » Le succès dans le monde entier est phénoménal et c’est parti pour l’être aussi à Paris. Cent mille billets ont déjà été vendus. Jérôme éclate de rire : « Cela fait du bien ! On rame si souvent pour monter des choses à Paris. Quel plaisir de se dire qu’on va démarrer devant des salles pleines. J’ai hâte que cela commence. »En grand amateur de comédie musicale, j’imagine qu’il avait déjà vu le spectacle. « Deux fois à Londres. Et vous ? » Deux fois avec la version anglaise que le producteur Pascal Bernadin a fait venir au Palais des Congrès. « C’est vrai ! Alors ça fait trois pour moi ! ». Et la première fois ? « En 1999, à une preview comme ils appellent cela là-bas. (Ici une avant-première). Le spectacle a beaucoup évolué en dix ans. Mais déjà cela marchait bien avec le public. L’histoire était bien ficelée. » C’est même intelligent la façon dont les chansons sont amenées dans le spectacle, représentant ce que les protagonistes pensent et n’osent pas dire. « Oui, c’est ça. Il y a un bel équilibre entre la théâtralité et les chansons. » Avait-il eu alors envie d’en faire partie ? « Non. A l’époque, je m’étais dit que cela n’était pas pour moi. Ma marque de fabrique était des spectacles plus sombres, plus intello. Maintenant j’ai surtout l’âge du rôle et ça fait un bien fou d’être dans une comédie. »Comment a-t-il intégré cette aventure ? Par son agent ? Parce qu’il était le seul Français que les Anglais connaissaient ? Jérôme Pradon explique : « Les gens de Stage me connaissent depuis le casting de Cabaret. J’étais arrivé jusqu’au dernier tour. Il m’annonce que ce sera pour le rôle du nazi. J’ai refusé, cela ne me convenait pas. Et j’ai bien fait, car est arrivé Le Cabaret des hommes perdus. C’était à ne pas manquer. Un Molière ! Ils ne m’en ont pas voulu puisqu’ils m’ont rappelé pour Le Roi Lion, j’ai encore dit non. J’avais Le Seigneur des anneaux à Londres. Puis je suis revenu à Paris pour L’opéra de Sarah, encore un Molière, et ils m’ont appelé Ramon dans Zorro, mais ils ont donné la préférence à un autre. Pour Mamma Mia, j’ai été convoqué pour le dernier tour du casting. Ils m’ont confié les chansons de Sam. Je me suis retrouvé devant ceux qui me font travailler à Londres. C’était la famille. »Justement, Londres, il y fait aussi une sacrée carrière. Par quel miracle ? « Cela a commencé à Mogador, en 1991, avec Les Misérables dans la version anglaise de Cameron McIntosh. Et me revoilà à Mogador, marrant ! La boucle serait-elle entrain de se boucler (rires). J’ai ensuite auditionné pour Miss Saigon à Londres. Je suis tombé des nues quand on m’a donné le rôle. Je ne m’y attendais pas. Le spectacle à Londres, c’est un choc culturel pour un Français. Il faut s’adapter ! Il y a eu Martin Guerre, Jésus-Christ superstar. Je me suis bien débrouillé. J’ai réussi à mener ma carrière dans les deux pays. Je touche du bois pour que cela continue à se passer aussi bien. »Revenons à Mamma Mia. Quand on a appris que tout serait en français, même les chansons, beaucoup étaient dubitatifs. « Money Money » et « Argent Argent », cela ne sonne pas pareil. J’ai été bluffée par l’adaptation. J’ai eu le sentiment enfin d’être bilingue et de comprendre Abba. Jérôme ajoute : « Je trouve même la version française de « Knowing me knowing you » plus intéressante. L’adaptation est très réussie. Le travail de Stéphane Laporte et Nicolas Nebot est remarquable. Nicolas a réussi le tour de force de garder la sonorité, il a fait un gros boulot sur les finales. Du coup, cela sonne pareil qu’en anglais. Et vous allez voir avec l’orchestre, ça décoiffe. Les gens vont sursauter quand la guitare électrique se met à attaquer. »Et puis, il y a surtout une superbe équipe autour de lui. « C’est très agréable. Claire Guyot qui joue Donna a un super tempérament d’actrice. Ça joue, ça chante très bien. Il y a des petits jeunes dans l’équipe qui ont un talent fou et une sacrée énergie. J’ai l’impression d’être leur papa. Je vois dans leur regard toute cette carrière derrière moi ! On sent que cette nouvelle génération a été formée à la culture de la comédie musicale. » Il reconnaît adorer les chansons et les musiques d’Abba sur lesquelles, comme d’autres, il aime se déchaîner. Il raconte qu’il en est au point de rester en coulisses pour chanter et danser en regardant le reste de la troupe. « Sauf pour le « Mamma Mia ! », car les pères doivent se changer… Du coup, je rate cela… » Mais tout le monde, public compris, se rattrape après. Car c’est debout, dans une ambiance folle, que le spectacle se termine. « Mamma Mia ! »Mamma Mia au Théâtre Mogador
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INTERVIEW - Jérôme Pradon s'éclate dans Mamma Mia !
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