Guy, Burning, De chaque instant : les films au cinéma cette semaine
Apollo Films/Diaphana/Les films du losange

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVÉNEMENT

GUY ★★★★☆
D’Alex Lutz

L’essentiel
Un faux documentaire hilarant sur une vieille gloire de la variété française se transforme en mélo filial bouleversant. Inouï.

On peut être sûrs que les anglophones rangeront Guy dans la catégorie mockumentary, ce terme qui désigne tout faux documentaire. Littéralement : un documentaire qui se moque. A première vue, c'est complètement le programme de Guy. Un docu bidon où Alex Lutz, maquillé comme Benjamin Button, incarne une ancienne gloire de la chanson française des années 60-70 suivi par un jeune documentariste qui est son fils caché...
Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A ADORÉ

BURNING ★★★★☆
De Lee Chang-dong


Huit ans après Poetry, Lee Chang-dong revient avec un film intense et stimulant, qui tient de la fable existentielle, de la quête initiatique et de la réflexion sur l’art. En sa qualité d’aspirant écrivain, Jong su, le personnage principal de Burning, est en quête de vérité. Hélas pour lui, le doute et l’incertitude nourrissent chaque plan du film depuis le début, où il retrouve par hasard Haemi, une amie d’enfance perdue de vue. Après s’être laissé séduire par elle, il accepte de garder son chat (dont on ne voit jamais le bout de la queue) pendant qu’elle voyage en Afrique.
Gérard Delorme

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DE CHAQUE INSTANT ★★★★☆
De Nicolas Philibert, 

Seize ans après le beau Etre et avoir, De chaque instant, le nouveau documentaire de Nicolas Philibert parle une fois de plus de l’école, de la transmission et de la parole. Mais cette fois-ci, finie la classe unique de Mr Lopez. Il s’agit d’une école pour les grands : celle d’un Institut de Formation en Soins Infirmiers de Montreuil. Le film s’ouvre sur les gestes de base, le B.A.BA de l’infirmier. Le lavage des mains, comme un rituel qui permet d’entrer en douceur, contrastant par son humour et sa légèreté avec la complexité des opérations qui seront demandées aux stagiaires. Loin d’être une méthode sur « Comment devient-on infirmier ? » le film est plutôt un aperçu pointilliste des différents aspects du métier, de ses hauts comme de ses bas, oscillant entre scènes émouvantes et intermèdes plus comiques. Une stagiaire émeut en fondant en larmes au récit des mésaventures d’une patiente. Un autre arrache un éclat de rire quand on lui confie le rôle d’une femme en train d’accoucher (attirail compris). A travers les cours théoriques, Philibert dessine une petite scène de théâtre (un thème qui irrigue toute sa filmo) où chaque élève joue un rôle de manière très impliquée. Une stagiaire joue la mère prise de contractions, un autre le mari paniqué ; on essaie aussi d’être un soignant face au vrai malade pendant le stage... Philibert montre finalement des étudiants jouer les infirmiers avant de le devenir réellement au cours du film. Le premier essayage de l’uniforme paraît pataud avant de devenir comme une seconde peau à la fin du film et de la formation. C’est cela au fond, la magie des films de Philibert : pointilliste, tendre et pudique, sa caméra enregistre des moments de joie ou de doutes, ces petits riens qui, mis bout à bout, forment une chronique fragmentée d’un univers abordé avec respect, empathie et curiosité.
Leila de la Vaissière


PREMIÈRE A AIMÉ

SAUVAGE ★★★☆☆
De Camille Vidal-Sacquet

Dans 120 Battements par minute, il n’avait pas le premier rôle mais il captait l’attention à chaque apparition malgré le charisme de ses partenaires, Arnaud Valois et Nahuel Pérez Biscayart  : c’est encore le cas dans Sauvage où Félix Maritaud campe un prostitué gay et SDF, en quête d’amour. L’œil las mais la lèvre hautaine, la silhouette dégingandée mais l’érotisme chevillé aux pectoraux, il électrise l’écran de sa présence animale et provocante.
Christophe Narbonne

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BONHOMME ★★★☆☆
De Marion Vernoux

Voilà un film gonflé et jusqu’au-boutiste qui ne ressemble à rien de ce qu’on a pu avoir ces dernières années dans le cinéma français. Un film cru et parfois cruel alors que son sujet aurait pu spontanément l’emmener vers un territoire éminemment plus compassionnel et consensuel : un accident de voiture qui bouleverse brutalement la vie d’un jeune couple de la banlieue lilloise. Au volant, Marilyn s’en sort indemne. Mais à ses côtés, Piotr, victime d’un violent traumatisme crânien, n’a plus toute sa tête et va dès lors osciller entre deux extrêmes : tantôt matou apathique à l’intelligence d’un gamin de 6 ans, tantôt fauve en rut à l’hypersexualité débridée. Mais alors que tout - à commencer par leur situation financière déjà précaire avant l’accident – devrait l’inciter à confier Piotr à sa famille (comme ils le réclament), Marilyn va décider de le garder avec elle. Certaine que seul son amour pourra le sauver. Par culpabilité d’avoir été au volant ce jour et de n’avoir, elle, eu aucune séquelle ? Qu’importe. Là, n’est pas la question tant Bonhomme avance en faisant fi de tout jugement moral. Une épopée littéralement menée cul par-dessus tête qui va justement en permanence titiller et repousser les limites de cette sacro-sainte moralité. Y compris et surtout lorsque pour gagner l’argent nécessaire à leur quotidien, Marilyn va à la fois jouer sur le côté sex-machine de son compagnon… et sa capacité à tout oublier en une fraction de seconde. Marion Vernoux (Les beaux jours) signe avec Bonhomme un film d’amour détonnant et irrévérencieux porté par deux acteurs remarquables : Nicolas Duvauchelle à mille lieux d’une composition outrancière dans un rôle où beaucoup auraient opté pour cette facilité lacrymale. Et Ana Girardot qui a remplacé au pied levé Sara Forestier et dont la cinégénie toute en douceur quasi diaphane contraste très intelligemment avec son personnage ancré ou plus précisément sur le point de se noyer dans un quotidien rude et blafard. Ce casting ne pourrait mieux symboliser l’effet de surprise voire de sidération piquante que laisse ce Bonhomme.
Thierry Cheze

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22 MILES ★★★☆☆
De Peter Berg

Le pitch de 22 Miles est alléchant : une unité d'élite doit escorter un prisonnier dangereux sur une courte distance (vu le titre), mais dans une ville hostile d'Asie du Sud-est. S.W.A.T. Unité d'élite (2003) et 16 Blocs (2006) s'y sont cassés les dents, on pouvait attendre du duo Peter Berg et Mark Wahlberg qu'ils réussissent leur mission avec brio. Le résultat est mitigé. Sa brillante scène d'ouverture enchaîne avec un générique montrant que le personnage de Mark Wahlberg est un cousin de Mr Wolff (oui, le film où Ben Affleck joue un comptable autiste aussi bourrin que John Wick) et le film est en réalité un complexe montage géopolitique fragmenté dans tous les sens. 22 Miles évoque plus une saison entière de 24 comprimée en quatre-ving-dix minutes qu'un actioner dégraissé, héritier de L'Epreuve de force, aussi simple et efficace que son pitch. Un peu comme si Peter Berg avait voulu tourner trois films différents (action yankee, espionnage, arts martiaux) pour mieux les mélanger au montage. La force de cinéma du réalisateur de Friday Night LightsDu sang et des larmes et de l'extraordinaire Traque à Boston reste palpable : 22 Miles regorge de scènes de baston d'une violence et d'une efficacité folles (la scène de l'immeuble au dernier acte est carrément costaude). Normal, puisqu'elles sont menées par Iko Uwais (The Raid), dont la vitesse de frappe laisse tout le monde loin derrière. Y compris l'équipe technique, des fois.
Image retirée.Sylvestre Picard

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

SOLLERS POINT - BALTIMORE ★★☆☆☆
De Matthew Porterfield.

Primé lors du dernier Champs Elysées Film Festival, le quatrième long métrage de l’américain Matthew Porterfield met en scène le retour d’un jeune homme de 24 ans dans son quartier, après un séjour en prison. Des retrouvailles avec son père et ses proches qui ne seront pas de tout repos tant elles vont le replonger dans ses vieux démons, jamais totalement évanouis. On connaît depuis le remarquable Putty Hill le regard pointu et ciselé que Porterfield sait porter sur ces coins d’Amérique décrépis, à mille lieux du fameux American dream. On sait aussi sa subtilité à laisser des zones d’ombre dans son récit et à ne jamais chercher à tout expliquer, à tout justifier. Tout cela est présent ici et pourtant on reste sur sa faim. Sans doute parce qu’au fil des minutes, défilent sous nos yeux tous les archétypes d’un certain type de cinéma indé américain qui empêchent ce Sollers Point-Baltimore de faire entendre sa petite musique singulièrE. Et cet air de déjà (beaucoup) vu nuit forcément à l’impact d’un film cependant remarquablement interprété. A commencer par McCaul Lombardi (American honey) dans le rôle central.
Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

IL OU ELLE ★☆☆☆☆
D’Anahita Ghazvinizadeh

Les Etats-Unis et le Qatar produisant ensemble un film mettant en scène un adolescent qui se questionne sur son genre ? Il fallait le faire ! La déception est finalement à la hauteur de la surprise. Après deux ans de traitement hormonaux pour retarder sa puberté, J. doit décider s’il veut être un homme ou une femme. Le sujet se prêtait à un drame poignant permettant de mettre en perspective l’épineuse question du genre. Lui ou elle se contente d’effleurer le sujet, le délaissant en cours de route pour suivre une famille iranienne installée aux Etats-Unis. L’intrigue stagne, les dialogues s’étirent et le récit se perd en scènes inutiles. Résultat : on en ressort encore plus paumé que l’adolescent.
Maxime Grandgeorge
 

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