ABACA

L’Empire (du streaming) contre-attaque.

C’est le sujet dont tout le monde parle en ce moment. La dernière édition du festival de Cannes a été tumultueuse pour le géant du streaming. Vivement critiqué et hué l’année dernière lors de la première de Okja, et surtout depuis que les règles du jeu qui ont changé, Netflix ne montrera pas de films dans le cadre du festival cette année. Thierry Frémaux demande à ce qu'un film soit susceptible de sortir sur grand écran pour être sélectionné sur la Croisette, mais à cause de la chronologie actuelle des médias, si la plateforme accepte, cela signifie que leurs productions montrées dans le cadre du festival ne pourront être diffusées sur Netflix que trois ans après leur sortie en salles.

Après avoir exprimé des regrets face à cette situation, la direction de la plateforme de streaming semble vouloir prendre les devants et investir dans la création d’une chaîne de cinémas.

Netflix éprouve des remords et "regrette" son conflit avec le Festival de Cannes

C’est le Los Angeles Times qui rapporte cette information. Netflix aurait souhaité racheter Landmark Theaters, dont le co-propriétaire est Mark Cuban, principalement connu pour être le propriétaire des Dallas Mavericks, une franchise NBA. Cependant, tout porterait à croire que l’achat de cette chaîne soit tombée à l’eau car le prix qui leur a été proposé était beaucoup trop élevé à leur goût. Dans l’hypothèse où ils ne parviendraient pas à acheter des complexes, les dirigeants de Netflix seraient prêts à s’offrir des salles obscures à New-York et/ou à Los Angeles, afin de permettre aux productions de l’entreprise de concourir dans les festivals et cérémonies du 7ème art (pour être éligible aux Oscars, un film doit par exemple être sorti dans un minimum de salles et durant un laps de temps précis aux Etats-Unis).

Interviewé par le Los Angeles TimesEric Handler, analyste chez MKM Partners, semble voir clair dans le jeu de la plateforme de streaming : "Ils essayent de gagner en crédibilité".

Thierry Frémaux à propos de Cannes et Netflix : "J’ai failli perdre mon travail. C’était très violent"

De son côté, Ted Sarandos, le responsable des contenus chez Netflix, a annoncé, il y a quelques jours, vouloir sortir leurs films en même temps sur le site et dans les salles de cinéma, une chose qui fait grincer des dents les exploitants de salles dont le refus est catégorique. C’est pourquoi en ayant ses propres grands écrans, Netflix serait potentiellement libre de faire ce que bon lui semble et pourra augmenter ses chances de remporter plus de prix. "Netflix a besoin de s’implanter sur les deux côtes. Pour pouvoir prétendre à des récompenses, il faut qu’ils soient capables de projeter leurs films sur les plus gros écrans du marché", ajoute Eric Handler.

Obtenir une chaîne de cinéma comme Landmark (qui dispose de 53 cinémas rassemblant 227 écrans aux Etats-Unis) serait un début pour le géant du streaming. Netflix pourrait ainsi rayonner en Amérique du Nord, puis pourquoi pas développer ce schéma à l'étranger ? Et revenir un jour au Festival de Cannes ?

Ted Sarandos, patron des contenus de Netflix : "Les salles elles-mêmes risquent de se tuer"