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Plus gros succès au box-office de Ridley Scott, Seul sur Mars est adapté du best-seller surprise d’Andy Weir, un jeune auteur passionné de science encore plus que d’écriture. Entretien.

Première : Imaginiez–vous, en écrivant votre livre, qu'il serait adapté au cinéma ?
Andy Weir : Sérieusement non. J’écrivais les chapitres au fur et à mesure pour les poster gratuitement sur mon site. Je n’imaginais même pas qu’il deviendrait si populaire. Et surtout pas que Ridley Scott le porterait à l'écran.

Vous représentez le renouveau d’une forme de SF scientifiquement exacte. Comment expliquez-vous le regain d’intérêt pour ce genre ?
La science-fiction a toujours été là, mais c’est vrai que le succès de Seul sur Mars a révélé un vide : personne n’écrivait plus de hard SF, celle qui s’appuie sur la vraie science. Le genre s’est longtemps limité à la description de futurs dystopiques, comme dans Hunger Games (2012) ou Divergente (2014). Pourquoi pas, mais si on ne fait pas partie du public ciblé par ces romans, on passe à côté. Actuellement, on voit resurgir une attention particulière pour la science dans tous les domaines : l’environnement, l’espace, la médecine. Et cet intérêt s’étend aussi à la SF.

Jusqu’à quel point le scénario était- il fidèle au livre ?
Presque tout a été couvert avec exactitude, mais en contractant beaucoup, pour éviter d’aboutir à un film de cinq heures. Si j’avais dû le faire, j’aurais coupé les mêmes éléments. Je remercie Drew Goddard pour son script que Ridley a adapté à la lettre. Il croit en la division du travail. S’il fait des changements, c’est dans un but purement visuel. Et Matt Damon a parfaitement défini le personnage, il est comme je l’avais imaginé.

Matt Damon fait vendre des patates

Vous sentez-vous proche de ce personnage ? 
Il me ressemble beaucoup. Je me suis inspiré de mes propres traits de caractère pour l’écrire ; il possède d’ailleurs la plupart de mes qualités, mais aucun de mes défauts... et il est meilleur que moi là où je suis bon. Il a plus de ressources mais n'a pas mes peurs ni mes névroses. Je crois qu'il est ce que j'aimerais devenir.

Selon les estimations, envoyer quelqu’un sur Mars coûterait 100 milliards de dollars. Pourquoi cela n'est-il pas encore arrivé ? 
Précisément parce que cela coûterait 100 milliards de dollars ! Le gouvernement a probablement d’autres priorités. Avec un tel budget, on peut nourrir et loger tous les sans-abri en Amérique ou envoyer six astronautes sur Mars. Si un jour on arrive à envoyer une mission sur Mars, ce sera le résultat d’une coopération internationale, mais ça n’arrivera pas avant qu’on réduise les coûts du voyage spatial. Mais on n’en est pas loin.

Vous pensiez à Alien au moment de l’écriture ? Votre histoire a en commun avec Le 8e Passager le thème du voyage dans l’espace. Mais Seul sur Mars est beaucoup plus optimiste...
Je n’y ai jamais pensé pendant l’écriture. En revanche, j’avais en tête Apollo 13, un de mes films préférés. C’est vrai que j’ai écrit un livre optimiste. C’est un trait de mon caractère : je n’ai pas d’inquiétude sur l’avenir de l’humanité. Nous sommes une espèce pleine de ressources et nous pouvons encore accomplir de grandes choses.