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Un super documentaire qui transforme en icône un flibustier de la péloche afghan. Nothingwood sort aujourd'hui en DVD.

Vous connaissiez Hollywood, Bollywood, soyez les bienvenus à Nothingwood. Où comment fabriquer du cinéma avec trois fois rien, dans un pays en guerre perpétuelle, au milieu des combats, des assauts des talibans, des lapidations et des attentats-suicides. Ce documentaire colle aux basques de la célébrité locale Salim Shaheen, au moment où celui-ci met en boîte son 111e film (en trente ans de carrière). Shaheen est un baratineur irrésistible, un phénomène, sorte d’avatar do-it-yourself de P.T. Barnum, un croisement oriental et bedonnant entre Ed Wood, Menahem Golan, William Castle et Harvey Weinstein. Ancien soldat («J’étais pas un commandant qui tue des gens, plutôt un commandant artistique»), fou de cinoche depuis toujours, il s’est lancé dans sa croisade artistique avec un enthousiasme maniaque («C’est le cinéma ou la mort !») et tourne sans relâche, aidé par quelques copains aussi cinglés et attachants que lui.

VIRUS DU CINÉMA

Son oeuvre ? Des drames familiaux, des comédies musicales, des films d’action où il abat des hélicos au lance-roquettes. Avec un sujet pareil, Nothingwood n’a même pas besoin d’être particulièrement inspiré pour être inoubliable, la caméra se contentant d’enregistrer, médusée, la tchatche trompe-la-mort du showman rigolard qui s’agite devant elle. Voici une preuve vivante que la cinéphilie est un virus qui s’empare de vous et contre lequel on ne peut rien – même quand l’ennemi bombarde le living-room qui vous sert de plateau de tournage. Acteur, réalisateur, producteur, bonimenteur, guide spirituel : Salim Shaheen superstar.

Nothingwood, réalisé par Sonia Krolund, sort aujourd'hui en DVD avec en bonus 14 minutes de scènes coupées. Bande-annonce :