Cinq films à voir avant Le Conte de la princesse Kaguya
5 films à voir avant Le Conte de la princesse Kaguya
Avant Le Conte de la princesse Kaguya, une mise en bouche s?impose. Voilà 5 films à voir avant d?aller découvrir le dernier film d?Isao Takahata.Voir aussi<strong>Notre critique de Kaguya</strong><strong>Entretien avec Isao Takahata</strong><strong>Les Yamada : l'antichambre d'un chef d'oeuvre</strong>
Mes voisins les Yamada
15 ans avant Le Conte de la princesse Kaguya, Isao Takahata filmait la naissance de la princesse des bambous. Au cadre près. C?était dans Mes Voisins les Yamada. A priori aucun rapport entre cette adaptation d?un strip japonais qui raconte les aventures d?une famille de siphonnées et l?adaptation somptueuse d?un conte médiéval, mais dans les premières minutes de <em>Mes Voisins Les Yamada</em>, Takahata (qui résume le début de la vie de couple de ses héros) évoque la naissance des deux enfants sous forme de fable. La naissance de la cadette reprend la trame du conte de <em>Kaguya</em>. Au-delà de ce clin d??il qui montre que Takahata pensait à cette histoire depuis des dizaines d?années, <em>Yamada</em> sert aussi de matrice à son nouveau chef d??uvre. Tout est là : le graphisme naïf, la vie de famille au quotidien et ce mélange d?humour et d?émotion pure.
Crac de Frederic Back
C?est l?influence essentielle de Takahata pour <em>Kaguya</em>. Inconnu du grand public, mais idole de tous ceux qui s?intéressent de près ou de loin à l?animation, Frederic Back, « cinégraphiste » canadien oscarisé pour ses courts, est l?auteur de merveilleuses fables pastellisées, de chroniques somptueuses et colorées au trait inabouti dont l?esthétique rappelle le dernier film de Takahata. Dans <em>Crac</em> (l'histoire d'une chaise berçante prétexte pour raconter l'évolution rapide de la société québécoise), Back utilise l?esquisse pour faire vivre ses mascarades hivernales ou ses chevauchées enfantines. Son trait naïf devient le fil d?Ariane d?une ?uvre lyrique et enchantée qui est aussi un hommage à un pays et à une culture en voie de disparition. La meilleure définition de l?esthétique et du projet du <em>Conte de la princesse de Kaguya</em>.
La princesse de la lune de Kon Ichakawa
Avant Takahata, un autre cinéaste maousse avait tenté l?adaptation de ce conte japonais : Kon Ichikawa, avec une version live de cette légende folklorique. Celui-là, on ne l?a pas vu et s?il n?a pas la réputation de La Harpe de Birmanie ou de Feux dans la plaine, la présence de Toshiro Mifune (dans le rôle du paysan bourru), l?humanisme musical et sensuel d?Ichikawa et l?apparition de navettes spatiales à la fin (si, si) donnent envie d?en savoir plus. Anecdote : une chanson du leader de Chicago, Peter Cetera, sert de nappe sonore à la fin du film? Mouais.
Ponyo sur la falaise d'Hayao Miyazaki
Sur le papier, ce sont deux films jumeaux. Une princesse venue de la nature (le royaume aquatique dans Ponyo et la lune dans <em>Kaguya</em>) intègre la communauté humaine, partage le quotidien des hommes avant d?être récupérée par son peuple. Deux trames similaires qui montrent surtout le gouffre qui sépare Miyazaki de Takahata, cofondateurs du studio Ghibli. Là où Miyazaki imagine une fable écolo qui emmène <em>Ponyo</em> vers le poème humaniste et merveilleux, Takahata lui ne se sert du fantastique que pour mieux servir son ambition quasi documentaire. L?épopée chez Miyazaki est lyrisme enfantin (Ponyo transmutée en mini-Walkyrie chevauchant les vagues du déluge au son d?un pastiche wagnérien) ; chez Takahata, il s?agit d?une violence inouïe qui tend un miroir à la condition humaine (la course de Kaguya, harpie folle, sous la lune).
Hero de Zhang Yimou
Qui dit bambous dit Wu Xia Pian (film d?art martial). Et les premières séquences de <em>Kaguya</em> font immédiatement penser à tous les grands films qui se servent de ces forêts comme d?un terrain de jeu. On aurait pu placer un King Hu - spécialiste du genre et des films de femmes ou bien Tigre et dragon, pour la scène, géniale, du combat dans les arbres. On préfère que vous revoyez ce poème épique et tétanisant de Zhang Yimou qui, comme <em>Kaguya</em>, fait beaucoup penser aux productions monstres de Kurosawa. Réflexion sur le pouvoir, l?héroïsme, le terrorisme et les arts martiaux, il y a peu de rapport thématique entre <em>Hero</em> et <em>Kaguya</em>. Peu de liens hormis la force et l?immarcescibilité de l?héroïne, la végétation dense et touffus et les séquences fantasmagoriques qui multiplient les flashbacks dont on ne sait jamais s?ils reflètent vraiment la réalité. Surtout, comme <em>Hero</em> était le Impitoyable du film de chevalerie (un film <em>d?après</em>, un film qui mélangeait monde normal et monde des arts martiaux), <em>Kaguya</em> est un chef d??uvre qui excède l?animation pour proposer une autre forme de cinéma. Les deux films sont des champs d?expériences (mental, technique et graphique) qui transposent l?univers esthétique et thématique d?un genre à un niveau jamais atteint par aucun autre des maîtres qui l?ont illustré.Convaincus ?
Avant Le Conte de la princesse Kaguya, une mise en bouche s’impose. Voilà 5 films à voir avant d’aller découvrir le dernier film d’Isao Takahata.Voir aussiNotre critique de KaguyaEntretien avec Isao TakahataLes Yamada : l'antichambre d'un chef d'oeuvre
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