Benicio, on sait que ça fait plusieurs années qu’Hollywood essaye de monter un film sur Pablo Escobar. Pour beaucoup de réalisateurs, vous étiez l’homme de la situation. Avant celui de Paradise Lost, une bonne demi-douzaine de scénarios sur le sujet a dû passer entre vos mains…Pas un seul, figure-toi ! On m’en a parlé, ça oui, mais ça n’a jamais été très concret. Juste des idées en l’air.C’était un projet d’Oliver Stone à une époque. Il vous en a parlé sur le set de Savages ?Vite fait, oui. Mais il me semble que c’était déjà de l’histoire ancienne à ce moment-là. Et que ce qui l’intéressait vraiment, ce n’était pas tant Escobar lui-même que l’homme qui le traquait. Bon, c’est vraiment une question pour Oliver Stone en fait… Ce qui m’a intéressé dans Paradise Lost, c’est que ce n’est justement pas un biopic classique. On découvre Escobar à travers les yeux d’un type ordinaire. Je trouvais ça original comme approche.Difficile de ne pas penser à Don Corleone en voyant ce que vous faites du personnage. C’est un rôle secondaire, mais même quand vous n’êtes pas à l’écran, votre ombre plane sur le film… Vous avez pensé au Parrain ?Si j’ai pensé au Parrain ? Mais j’y pense tous les jours de ma vie ! Même quand je tourne Les Gardiens de la Galaxie, je pense au Parrain ! Le 1 et le 2. Paradise Lost, c’est quand même un peu différent, même si je vois ce que tu veux dire. Le patriarche, le thème de la famille, l’emprise du mal… (Le téléphone de l’intervieweur sonne sur la table basse.) Hum… Si c’est Coppola, j’espère que c’est pour moi. Savages, Traffic, Las Vegas Parano, la série Drug Wars produite par Michael Mann… Une partie non négligeable de votre filmo tourne autour de la drogue. A ce stade de votre carrière, incarner Pablo Escobar ressemble presque à une consécration…C’est vrai, j’aurai tout fait sur le sujet. Du producteur au consommateur, sous tes les angles possibles et imaginables. Tiens, un autre truc qui m’a séduit dans Paradise Lost : on ne voit jamais la cocaïne. D’ailleurs, d’après ce que j’ai lu, personne ne consommait dans l’entourage d’Escobar. Et lui non plus, ou alors très occasionnellement. Tu ne peux pas atteindre ce niveau de pouvoir si t’as le nez dans la drogue. J’aime l’idée que le film évite ces sempiternels plans sur des montagnes de poudre. C’est inattendu et plutôt élégant.Che Guevara, Pablo Escobar… Est-ce qu’il y a une limite qu’un acteur peut se fixer dans l’exercice du biopic ? Est-ce que vous ne prenez pas le risque d’en faire un de trop ?T’exagères un peu, j’en ai fait que deux ! Et à cinq ans d’écart en plus. Tu dis ça comme si je venais d’en faire quatre d’affilée et que j’enchaînais avec un film sur Peron… Ce jour-là, OK, tu pourras me dire de mettre la pédale douce. Sérieusement, il faut bien que je travaille. Les projets m’intéressent, les scripts sont bons, alors j’y vais. Ce ne sont pas des films faciles à faire, tu sais. Che, ça a pris des années, j’étais là au tout début, j’ai aidé le film à sortir de terre. Paradise Lost, c’est une production indépendante. C’est dur. Ça représente beaucoup de recherche, une grosse implication de ma part… Ces rôles sont des challenges épuisants. (Silence). Ça me travaille ta question. Tu trouves vraiment que deux, c’est trop ?Non, mais je pensais à une phrase de Denzel Washington expliquant qu’il avait refusé le rôle de Mandela parce qu’il estime qu’on ne peut pas être Malcolm X et Mandela dans une même vie…Intéressant. Encore une fois, le fait que Paradise Lost ne soit pas un biopic classique permet d’envisager les choses différemment. Mais je n’avais jamais vraiment réfléchi à cette question en ces termes. Est-ce que les grands acteurs que j’admire ont un jour fait le biopic de trop ? Brando, De Niro, Pacino, Duvall, Hoffman, Christopher Walken, Anthony Quinn, Bogart… J’ai l’impression qu’il va falloir que j’aille sur iMDB, moi.Interview Frédéric FoubertParadise Lost d'Andrea Di Stefano avec Benicio Del Toro, Josh Hutcherson et Claudia Traisac sort le 5 novembre dans les salles Lire aussiLooking for Pablo : sur le tournage de Paradise LostPourquoi Benicio Del Toro est né par incarner Escobar15 ans de traque d'Escobar à l'écran
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- Benicio Del Toro : "Si j'ai pensé au Parrain sur Paradise Lost ? J'y pense tous les jours de ma vie !"
Benicio Del Toro : "Si j'ai pensé au Parrain sur Paradise Lost ? J'y pense tous les jours de ma vie !"
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