Christopher Nolan a reçu l'Oscar du meilleur film pour Oppenheimer
Abaca

Son film secret avec Tom Holland et Matt Damon se fera grâce à la même équipe qu'Oppenheimer.

Alors que son nouveau "projet secret" prend forme, Variety consacre un long papier au parcours hors-normes de Christopher Nolan, qui défend vertement la sortie des films au cinéma, dans les meilleures conditions possibles : tournage sur pellicule, diffusion en Imax... Un modèle à suivre ?

En 2020, la sortie de Tenet, le blockbuster de Christopher Nolan à 200 millions de dollars fut le premier gros film de studio à sortir au cours de l'épidémie mondiale de Covid. À l'été, la présidente de la Warner Bros., championne de l'expérience sur grand écran, plaçait tous ses espoirs de reprise de l'activité sur le thriller d'espionnage. Ann Sarnoff, ex-cheffe de l'Entertainment, et le directeur du cinéma de Warner, Toby Emmerich, étaient tombés d'accord pour le sortir en salles.

Une opération qui a finalement coûté cher au studio, à tel point qu'au moment de financer Oppenheimer, le cinéaste s'est tourné vers un concurrent, Universal, mettant fin à deux décennies de fidélité. Une longue histoire unissait avant cela le réalisateur au studio, depuis Insomnia en 2002.

Christopher Nolan a quitté la Warner Bros. pour Universal : les conditions du deal

Aujourd'hui, les nouveaux directeurs de Warner pour le cinéma, Michael DeLuca et Pamela Abdy, après la fusion avec Discovery en 2022 et l'arrivée à la tête de la firme de David Zaslav, plus prompt à miser sur la VOD et le streaming, n'attendraient qu'une chose : collaborer de nouveau avec Nolan. Neuf mois avant leur arrivée, le réalisateur les avait quittés et Universal a finalement touché le jackpot grâce à Oppenheimer, qui a rappellons-le frôlé le milliard de dollars de recettes durant l'été 2023. Dans un geste sans équivoque, Warner Bros a dans la foulé proposé à Nolan un chèque à sept chiffres, remboursant ainsi les frais de sortie de Tenet, pour tenter de le faire "revenir à la maison".

Mais ce n'est pas de ce bois-là que Christopher Nolan se chauffe, raconte aujourd'hui le site américain : "Pour la star de la réalisation qui habite une petite maison des collines d'Hollywood et conduit une vieille Honda, ce n'est pas l'argent ou quelques millions qui décideront de l'avenir de ses films", assurent-ils. C'est à Universal qu'il concoctera son prochain projet, toujours auprès de sa productrice et épouse Emma Thomas, sous la houlette de Donna Langley. Portraiturée par le Sunday Times comme "joyeuse et rebelle, amusante et pragmatique", la Britannique est actuellement l'une des femmes les plus puissantes d'Hollywood. Elle tire notamment sa réputation d'avoir produit She Said sur l'affaire Harvey Weinstein, peut-être le film le plus engagé sur ce scandale. Elle a également soutenu le thriller socio-politique de Jordan Peele, Get Out, acclamé par la critique.

Selon Stephen Galloway, doyen du département de l'Université de Chapman (Californie), "Nolan ce qui lui importe, c'est : le film va-t-il avoir une sortie correcte ? Aura-t-il la bonne stratégie marketing ? Obtiendra-t-il les écrans IMAX ? Et aussi : va-t-il pouvoir faire exactement le film qu'il veut ? Ce sont toutes ces choses qu'il a obtenues avec Universal (pour Oppenheimer). Alors pourquoi ne pas y retourner ?"

Sa victoire aux Oscars, en début d'année, ne contredira pas ce spécialiste du cinéma américain...

Tom Holland raconte "le coup de fil d'une vie" de Christopher Nolan
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Le site américain poursuit, à propos de son nouveau projet qui devrait être porté par Tom Holland et Matt Damon, et qui sera donc produit chez Universal grâce à un budget certainement conséquent, que Chris Nolan peut se permettre ce choix de studio, tant il a obtenu une place importante à Hollywood.

Il fait en effet partie du club ultra restreint des réalisateurs capables de faire déplacer du public sur leur nom, et non en étant aux commandes de franchises, parmi lesquels on trouve Quentin Tarantino et James Cameron. Steven Spielberg et Martin Scorsese en faisaient également partie avant que leur rentabilité ne commence à redescendre, sans pour autant subir une diminution de leurs budgets. Le reboot West Side Story à 100M$ de Spielberg en a rapporté 76M$ à Disney au global sur la fin du Covid, rappelle l'article, et Killers of The Flower Moon n'a pas fait autant de bénéfices que son budget de 215 millions déboursés par Apple TV.

Rares sont les cinéastes nouvelle génération à se pouvoir se mesurer à de tels calculs de rentabilité. Greta Gerwig et Ryan Coogler, tous deux plébiscités par la nouvelle génération, peuvent se targuer de hits historiques dépassant le milliard de recettes avec Barbie et Black Panther. Mais il s'agit de propriétés intellectuelles déjà bien établies : aucun de ces deux films ne sont 100% originaux. Oppenheimer a lui réussi à atteindre presque les mêmes scores, avec un film historique, très sérieux et bavard, élaboré autour du "personnage le moins susceptible d'être bankable de toute l'Histoire", poursuit Galloway.

Dans les termes de l'éditorialiste Jeff Bock : "Nolan est une IP (intellectual property) à lui tout seul. Parmi les réalisateurs les plus identifiés du grand public, il court en tête."

Pour Chris Nolan, le succès d'Oppenheimer ouvre vers un "monde post-franchises"