Le réalisateur Harold Ramis analysait lui-même le succès populaire de son long métrage : "J'ai été sidéré de constater la réponse Œcuménique que ce film a engendré..."
"Debout les campeurs, et haut les coeurs..." Un jour sans fin célèbre les 30 ans de sa sortie française, aujourd'hui. Mais c'est véritablement le 2 février 1993, date du fameux "Jour de la Marmotte", que Bill Murray débarquait pour la première fois à Punxsutawney sur les écrans de cinéma américains...
Trois choses à savoir sur… Un jour sans finÀ l'époque, la comédie ne fait pas tout à fait un carton au box-office, se contentant d'une centaine de millions de dollars de recettes. Mais avec le temps, au fil des visionnages et des revisionnages, Un jour sans fin s'est imposé dans la culture populaire comme une oeuvre pleine de sens. Plus encore que de savoir combien de temps, exactement, le météorologue Phil Connors est resté coincé dans sa boucle temporelle, le film se lit aujourd'hui à de multiples niveaux. Comme une autopsie de la vie humaine, que le défunt réalisateur Harold Ramis (qui avait co-écrit le scénario avec Danny Rubin) avait parfaitement perçu dès le départ.
Parce que Phil vit un bouleversement intérieur qui a tout de suite trouvé une résonance particulière chez tout le monde. Vraiment tout le monde : "J'ai été sidéré de constater la réponse Œcuménique que ce film a engendré au moment de sortie", se rappelait le réalisateur quelques années après, au cours d'une petite conférence filmée. Bouddhistes, Juifs ou Chrétiens, chacun y voyait le message d'espoir transmis par leurs religions depuis des siècles. "Et puis la communauté des psy s'y est mise aussi en voyant le film comme une métaphore de la psychanalyse ! Dans leur métier, ils revisitent les mêmes histoires encore et encore, les même schémas encore et encore, pour mieux les déconstruire et changer les comportements..." souriait Ramis, qui expliquait d'ailleurs que le script original, signé Danny Rubin, poussait le curseur encore plus loin. "Tout était déjà là, mais je l'ai réécrit en partie, pour le rendre plus divertissant et plus accessible".
Alors pourquoi ce film que personne n'attendait peut-il être vu et revu, 30 ans plus tard, gagnant en signification à chaque fois ? Harold Ramis expliquait la chose avec cette analogie : tous les Juifs du monde relisent les mêmes passages de la Torah, chaque année, en boucle : "Ce qui est écrit ne change pas, mais nous, en tant qu'individu, on change et on perçoit les textes différemment. C'est la même chose avec ce film : on le revoit à différents âges, à différents moments de la vie, par exemple après avoir eu des enfants. Et cela change notre manière de le comprendre. Le film ne change pas. C'est nous qui changeons. Et à chaque fois que les gens le voient, ils se questionnent sur là où ils en sont dans la vie et questionnent naturellement leurs propres comportements..."
Car ce qui transparaît clairement, à la première lecture, d'Un Jour sans fin, c'est l'évolution de Phil Connors. Salaud fini et égocentrique patenté lors de son arrivée à Punxsutawney, le météorologue qui pense "faire la pluie et le beau temps" en repart transformé, altruiste et bienveillant. Mais la transition ne s'est pas faite du jour au lendemain. Littéralement. Le film décrit minutieusement chaque étape de cette remise en question, qui passe par un abus de pouvoir catarthique, avant de se poursuivre par une phase dépressive et suicidaire. Ce n'est qu'après s'être effondré totalement, que Phil bascule dans une forme d'humilité qui lui permet de se reconstruire mentalement et émotionnellement. Il apprend à aimer l'autre. A profiter de son séjour sur Terre, dans une épiphanie spirituelle qui a, clairement, quelque chose de religieux.
"Il ne s'agit pas de faire de lui le héros de la ville", expliquait très bien Stephen Tobolowsky (alias Ned Ryerson). Non, le film explique juste qu'on peut faire chaque jour des choses pour améliorer le monde, au lieu d'aggraver les choses. Si d'autres personnes interprètent cela comme le fait qu'il devient le Dieu de cette ville, alors tant mieux. Mais ce n'est pas son but." Et Harold Ramis de confirmer que c'est quand Phil "cesse de se soucier de lui-même tout le temps, mais commence à vivre une vie pour les autres, que sa vie à lui devient vraiment entière et riche".
Une manière de dire qu'il faut profiter du moment présent pour vraiment apprécier l'autre. Ce que l'être humain a du mal à faire, se projetant sans cesse sur ce que sa vie devrait ou pourrait être. C'est d'ailleurs l'essence même du "Jour de la Marmotte", qui cherche à prédir à l'avenir en annonçant la fin de l'hiver. Un concept parfaitement détaillé dans cette petite vidéo de Nothern Diaries :
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