Joe Wright transforme le best-seller d’A.J. Finn en un exercice de style survolté, où la flamboyance visuelle tente vaillamment de faire oublier une intrigue faiblarde.
C’est l’histoire d’une femme qui pense avoir été témoin d’un meurtre perpétré dans l’immeuble d’en face. Si ça vous rappelle quelque chose, c’est normal… D’entrée de jeu, Joe Wright (Les Heures sombres, Reviens-moi) donne à voir un court extrait de Fenêtre sur cour, afin que la filiation hitchcockienne soit clairement assumée. Tout La Femme à la fenêtre sera de toute façon un vaste jeu de pistes cinéphile, l’héroïne passant ses nuits à boire du vin blanc devant des vieux films noirs des années 40. Agoraphobe, elle habite une immense résidence new-yorkaise qui ressemble à celle de Jodie Foster dans Panic Room de David Fincher. Et Fincher, justement, est celui qui a initié la vogue de ces néo-thrillers féministes, avec Gone Girl, d’après Gillian Flynn. Amy Adams, elle, jouait déjà une alcoolique dans Sharp Objects, autre adaptation de Flynn…
Ce labyrinthe référentiel est monté en épingle par un Joe Wright exalté (pléonasme), qui brosse ce portrait de femme, égarée entre hallucinations et réalité, dans un tourbillon visuel délirant, propulsé par la photo très voyante, outrancière et tapageuse, de Bruno Delbonnel. Une traduction de la fièvre éthylique qui agite son personnage. Mais toute cette effervescence n’est, en réalité, qu’un vaste écran de fumée, conçu pour camoufler une très mauvaise intrigue, resucée des thrillers 90’s type Peur primale ou Copycat. Malgré un sublime flash-back enneigé trouant le film en son milieu, le troisième acte, grotesque, et la conclusion, expédiée, démontrent que Joe Wright n’avait pas grand-chose à apporter au matériau d’origine, à part son goût de l’enluminure survoltée. Une très jolie coquille vide.
La Femme à la fenêtre, de Joe Wright, avec Amy Adams, Julianne Moore, Gary Oldman… Sur Netflix.
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