LE PACTE

Le réalisateur du touchant Yomeddine revient sur la genèse de son premier film.

Dans Yomeddine, Abu Bakr (dit A.B.) Shawky filme l’errance d’un lépreux et d’un petit orphelin nubien dans une Egypte méconnue, loin des clichés touristiques. Rencontre avec ce jeune cinéaste, porte-drapeau avec Mohamed Diab (Clash, présenté à Un certain Regard en 2016) d’une génération émergente de cinéastes égyptiens.

Comment est né ce projet ?
J’ai fait un court métrage documentaire sur une léproserie il y a dix ans. Je me suis dit qu’il serait intéressant de tirer une fiction à partir de toutes les anecdotes que j’avais amassées à l’époque. L’envie d’un road-movie s’est ensuite imposée naturellement.

Comment avez-vous trouvé cet incroyable acteur, Rady Gamal ?
A la base, je voulais prendre la femme qui était au coeur de mon documentaire mais, entre-temps, elle est tombée très malade. Elle ne pouvait plus marcher. J’ai commencé à chercher quelqu’un d’autre et quand j’ai vu Rady débarquer, j’ai compris que c’était lui : son énergie et sa compréhension du personnage m’ont convaincu malgré son inexpérience.

Pourquoi le choix du petit orphelin nubien comme personnage secondaire ?
Je voulais parler des marginaux en général, leur donner un visage et la parole car ils sont rarement représentés. Cela me permettait d’évoquer la diversité de la population en Egypte. C’est comme pour les pyramides : au lieu de filmer les trois plus connues, j’ai tenu à montrer celles qui sont un peu délabrées et dont personne ne connaît l’existence.

Avez-vous beaucoup improvisé ?
Tout était très écrit et précis mais comme les acteurs principaux ne savaient pas bien lire et avaient des problèmes de mémorisation, il a fallu s’ajuster. On a donc beaucoup travaillé sur l’humeur des scènes dans lesquelles ils s’expriment avec leurs mots à eux. Le résultat est bien plus spontané et satisfaisant.

Qu’a représenté votre sélection à Cannes pour les Egyptiens ?
Tout le monde s’est demandé qui j’étais ! (rires) La surprise a été grande d’autant que mon film ne parle pas de religion ni de guerre. C’est un honneur pour moi d’avoir été sélectionné. Tous les cinéastes rêvent de venir présenter leurs films à Cannes.

Critique de Yomeddine