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Ca raconte quoi ? Gare du Nord à Paris, Daniel, un bourgeois quinqua, drague Marek, prostitué d’Europe de l’Est en lui donnant rendez vous le lendemain chez lui. La passe se transforme en casse : au lieu de venir seul, Marek débarque avec un gang de jeunes des Balkans sans papiers qui prend possession des lieux et s’invite une nuit entière en mettant tout à sac. Quelques jours plus tard, Marek revient dans l'appartement vide de Daniel, traumatisé par cette invasion d’une violence physique et morale rare. Daniel décide de le prendre dans son lit et sous son aile pour le sortir de la misère.

C’est avec qui ? Olivier Rabourdin, l’un des Hommes et des dieux de Xavier Beauvois, et le jeune russe Kirill Emelyanov, vraie révélation.

Nominations : 3. Meilleur réalisateur, Meilleur film, Meilleur espoir masculin. Le film aurait aussi pu être nommé dans la catégorie meilleure musique tant les pulsations électro-techno d'Arnaud Rebotini participent à sa tension sanguine.

Pourquoi fallait le voir ? Parce que c’est l’un des meilleurs, voire le meilleur film français de 2014. Le premier chapitre sur l’invasion de l’appartement, menaçant à tout moment de basculer dans l'horreur, est un modèle d’intimidation muette. Parce Robin Campillo est un réalisateur rare. Eastern Boys n'est que son deuxième film après Les Revenants, qui a inspiré la série Canal + du même nom. D'une ambiguité fascinante, Eastern boys raconte l'histoire d'amour entre un gigolo et un quinqua vieillissant dans laquelle se mêlent inextricablement compassion paternelle et désir sexuel. Très, très casse-gueule, et très très réussi.

Ca repart avec quoi ? Face à Bonello et Sissako, Eastern Boys fait figure d'outsider parmi les outsiders. Si Hippocrate et Les combattants ont en effet bénéficié d'un succès public, Eastern Boys n'a rassemblé que 50 000 spectateurs dans les salles. Bref, peu de chance qu'Eastern Boys reparte avec un prix, malheureusement... 

Stéphanie Lamome

Bande-annonce d'Eastern Boys :