Comique de music-hall, il débute au cinéma dans No te engañes corazón (M. Contreras Torres, 1936). Il passe tout de suite du rôle de comparse, traditionnellement dévolu aux pitres dans le cinéma mexicain, à la tête d'affiche : Así es mi tierra et Águila o sol (A. Boytler, 1937), Ahí está el detalle (J. Bustillo Oro, 1940), Ni sangre ni arena (A. Galindo, 1941) sont des films réalisés par certains des metteurs en scène les plus actifs de cette période. L'immense popularité de Cantinflas dans le monde de langue espagnole est, à ses débuts, assez compréhensible : il incarne des personnages déclassés, rusés, irrévérencieux, dans la tradition picaresque. Le succès le pousse à s'attacher par contrat un tâcheron docile, Miguel M. Delgado (El gendarme desconocido, 1941), responsable de ses nombreux films ultérieurs. Le bavardage de Cantinflas se mue en discours moralisateur, la farce se perd en conformisme, l'invention s'estompe au profit d'une formule répétée à l'infini. Ce nouvel emploi de benêt domestiqué le reconduit à son point de départ, celui de faire-valoir, cette fois au service de Hollywood (le Tour du monde en 80 jours de M. Anderson, en 1956 ; Pepe de G. Sidney, en 1960).