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Spring Breakers de Harmony KorinePour financer leur Spring Break, quatre filles aussi fauchées que sexy décident de braquer un fast-food. Et ce n’est que le début… Lors d’une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police. En bikini et avec une gueule de bois d’enfer, elles se retrouvent devant le juge, mais contre toute attente leur caution est payée par Alien, un malfrat local qui les prend sous son aile…Quatre naïades en bikini brandissant un flingue. Issue du cerveau déviant d’Harmony Korine, cette image d’innocence corrompue est la raison pour laquelle le réalisateur de Gummo a posé sa caméra en Floride. La bonne idée a été de prendre des actrices au visage juvénile telles que Selena Gomez et Vanessa Hudgens, stars de Disney Channel, pour les faire s'encanailler en les parachutant dans l’enfer paradisiaque du spring break, avec pour guide un dealer à dreadlocks nommé Alien (James Franco, génial). Que leur veut cet improbable personnage bardé de breloques bling-bling, sorte de parodie white trash de gangsta rappeur, mi-Belzébuth, mi-bouffon ? Korine laisse planer le doute, conférant au film une tension malsaine et réversible : du détournement de mineures par un mac pervers au putsch girl power (voir l’incroyable basculement d’une scène de fellation simulée), il n’y a qu’un pas, qu’un plan, qu’il s’agit d’imposer avec la manière. Or le style, c’est la matière première du cinéma « ultrasensitif » d’Harmony Korine qui, par la grâce d’un montage musical hallucinogène, délivre un stupéfiant conte dark. Bien et mal, rap hardcore et pop guimauve, fantasme MTV et cauchemar sous acide s’y télescopent pour entrer en résonance, puis en transe, composant un trip hypnotique dopé aux grosses basses et aux fulgurances poétiques. Ici, un braquage nocturne éclairé aux néons flashy ; là, une émouvante reprise d’une ballade de Britney Spears. Mélodie, tempo, Harmony.Spring Breakers sera diffusé à 20h45 sur Ciné+ ClubInto the Wild de Sean PennUn jeune homme, fraîchement diplômé et promis à un brillant avenir, ignore ce chemin tout tracé et prend la route. Ses rencontres dans divers territoires des Etats-Unis modèlent sa vision de la vie et du monde. Une union de l'homme et de la nature, d'après le roman de Jon Krakauer.Avec son mélange de paradoxes et de contradictions, Into the Wild ressemble, sans l'ombre d'un doute, à son auteur: à la fois énervant et séduisant, excluant et généreux, âpre et tendre. Le réalisateur suit ses pérégrinations et délivre un road-movie élégiaque, enrichi par la photo du Français Eric Gautier et par une BO adéquate d'Eddie Vedder.Into the Wild, à suivre à 20h50 sur NRJ12127 Heures de Danny Boyle Aron Ralston, 27 ans tout en muscles, connaît les sommets de l'Utah comme sa poche et ne craint pas de partir seul, sans prévenir personne, pour une nouvelle excursion en montagne. Pourtant la promenade de santé se transforme en cauchemar lorsqu'au plus profond d'un canyon, l'alpiniste trop confiant se retrouve bloqué par une chute de pierres. Son bras est retenu prisonnier dans un mur de rochers. Aron commence par attendre les secours. La canicule et la déshydratation le conduisent rapidement à multiplier les hallucinations. Il parle à son ancienne petite amie, à ses parents, et prend peu à peu conscience qu'une terrible décision s'impose...Danny Boyle qui, depuis ses débuts, n'a tourné que des survivals hallucinogènes, était le candidat naturellement désigné pour mener à bien cette expérience de cinéma consistant à filmer, pendant une heure et demi, un type seul, immobile, dans un trou. On peut reprocher certaines choses au réalisateur de Slumdog Millionaire mais il y a une chose qu'on doit lui reconnaître : c'est un putain de cinéaste. Dans 127 heures, hormis quelques séquences flash horripilantes et des effets gores inutiles, la tension habite l'écran en permanence. Avec ce film intense, James Franco passe lui aussi définitivement un cap en devenant une valeur sure de l'Hollywood de demain.127 Heures, à (re)découvrir à 23h35 sur NRJ12