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Deux astronautes (joués par Sandra Bullock et George Clooney) sont en orbite pour réparer le télescope Hubble. Un accident survient, et les voilà à la dérive dans l’espace pendant 91 minutes, ni plus ni moins. Tel est le sujet, très simple, de Gravity, le nouveau film très attendu du mexicain Alfonso Cuarón : sept ans déjà après Les Fils de l’homme, dont les plans-séquences déments et l’univers de science-fiction terrifiant avaient terrassé la Mostra de Venise en 2006. Gravity, qui promet un trip vertigineux et techniquement époustouflant (le film est en temps réel), vient d’être projeté à la presse. Et fait l’ouverture de l’édition 2013 du Festival de Venise ce soir. Premières réactions."Un classique instantané"Dans les colonnes de Variety, Justin Chang est très enthousiaste : selon lui, le film est une "expérience de blockbuster minimaliste, plein de purs frissons de cinéma, qui délivre un sens d’émerveillement et de terreur plein écran qui devrait impressionner les critiques et le public sur toute la planète." Rien que ça !  "Quelque part, les mânes de Stanley Kubrick et Max Ophuls observent [le film] avec admiration", écrit le critique en faisant référence à l’ambition visuelle des réalisateurs de 2001, L’Odyssée de l’espace et La Ronde. Gravity "offre un spectacle à s’arracher les yeux sur grand écran, qui demande à être vu au cinéma. A l’instar des triomphes précédents des films innovant dans les domaines de la 3D et des effets visuels, comme Avatar et L’Odyssée de Pi, mais en moins fantastique et en plus sombre et réaliste, Gravity est un classique instantané.""Retourner voir Gravity plusieurs fois""Gravity est une histoire de survie entrecoupée de moments de tension et de surprises à couper le souffle", écrit Todd McCarthy dans The Hollywood Reporter, qui a été notamment bluffé par le plan-séquence de 13 minutes qui ouvre le film. "C’est comme si ça on avait lâché Max Ophuls dans l’espace, la continuité visuelle est si élégante que le public va se demander "comment ils ont fait ça ?" et va surtout retourner voir Gravity plusieurs fois juste pour goûter de nouveau toute la virtuosité de l’ensemble." McCarthy tempère son enthousiasme par une légère nuance : "malgré toute l’excitation et la beauté offertes par Gravity (…) il est vite clair que le film ne veut rien offrir de plus ; et ne délivre rien de métaphysique, ou aucun sous-entendu philosophique Pour certains spectateurs, ce sera une bonne chose, puisqu’il évite toute prétention ou égocentrisme ; pour d’autres, ce refus de se confronter à certains grands mystères, de ne pas dépasser son statut de drame épuré conçu avec brio, va reléguer Gravity dans la catégorie des films bons-mais-pas-grandioses.""Phénoménalement réalisé"Oliver Lyttelton (The Playlist) donne à Gravity la note de A (soit 18/20), et estime que le film est "l’expérience la plus viscérale que vous puissiez avoir au cinéma, c’est une merveille technique, c’est un blockbuster avec un cœur et une âme. C’est la meilleure ouverture qu’un festival puisse espérer." Comme tout le monde, Lyttelton loue l’aspect technique du film, parfaitement au service de l’histoire. "Le film est techniquement parfait, bien sûr, du travail sur les effets sonores aux effets spéciaux (l’étendue des effets numérique est difficile à estimer, parce que tout paraît photoréaliste, mais dans les intérieurs). Mais il est aussi intelligemment écrit, et par-dessus tout phénoménalement réalisé, de l’utilisation de toutes les surfaces disponibles pour raconter l’histoire (quelqu’un écrira un jour un livre sur l’usage des reflets dans le film) à la façon dont [Cuarón] et Emmanuel Lubezki [directeur de la photo] jouent sur la lumière pour faire varier la palette de couleurs, l'empêchant de devenir répétitive. Chaque décision ou presque est inspirée."Bande-annonce de Gravity, en salles françaises le 23 octobre prochain :