DR

1/ Le film a été hué à CannesSi Only God Forgives a peu de chance de recevoir la palme d’or dimanche à Cannes, ce n’est pas seulement parce que Ryan Gosling ne s’est pas déplacé pour défendre le film (on imagine pas Spielby susceptible à ce point). Lors de sa projection mardi, le dernier long-métrage de Nicolas Winding Refn n’a pas reçu un bon accueil. Pire, il a été hué par une partie du public. Pas de jolies filles ici, pas de belles bagnoles, pas de beau blouson ni de genre identifiable… Le public a été déstabilisé et on est loin de l'accueil réservé à Drive en 2011, reparti avec le Prix de la mise en scène.On a bien essayé de remettre les points sur les i. Si le public s’attendait à Drive 2 (le dynamic duo est là Winding Refn derrière la caméra et Ryan Gosling derrière la mèche), les festivaliers ont découvert un film lent et ultra violent, où la mère du personnage principal, incarnée par Kristin Scott-Thomas est la véritable héroïne (ou plutôt anti-héroïne), un film d'auteur, au symbolisme hard-core et à l'esthétisme vénéneux. Pas facile d'accès (certains trouvaient même ça très creux), mais qui avait le mérite de réaffirmer, après la fausse coolitude de Drive, que Refn est un auteur. Un vrai, un pur, à la radicalité rentre-dedans. Après la broncha, si Only God Forgives reçoit la palme, cela devrait faire hurler pas mal de spectateurs…   2/ Il est trop hardcore pour SpielbyOn n’est pas dans la tête de Steven Spielberg, mais au fil des années, l’homme a partagé ses meilleurs souvenirs de cinéma. Parmi ses films de chevet, la plupart sont basés sur des scénarios solides. Le réalisateur est un grand amateur de La vie est Belle, de Psychose ou de Citizen Kane. Il aime les intrigues haletantes, les dialogues bien écrits… Le cinéma de Winding Refn, tout en longs plans lumineux entrecoupés de violence abrupte, porté ici par un personnage mutique, ne rentre pas à première vue dans ce registre. On n’est jamais à l’abri d’une surprise, et Spielberg ne sera pas le seul votant, mais au sein de la sélection, d’autres longs-métrages colleraient davantage à ce qu’il aime. A ses thématiques ou à son univers. On parle beaucoup de Tel père tel fils, par exemple, le beau film d'Hirokazu Kore-Eda qui raconte le choc d'une famille apprenant que leur enfant a été échangé avec un autre bébé à la maternité. Le Passé est aussi largement donné favori, tout comme La Vie D'AdèleOnly God Forgives aura du mal à trouver sa place. Surtout que...3/ Only God Forgives est dédié à Jodorowsky… qui hait SpielbergAvec Only God Forgives, Nicolas Winding Refn a voulu rendre hommage à un artiste qu’il admire : Alejandro Jodorowsky. Très bien. On voit bien le lien entre ce film et l'univers tortueux, méat et complètement cintré du cinéaste d'El Topo. Problème : en 2008, Jodo avouait tranquillement qu’il détestait le cinéma Steven Spielberg. L'homme est connu pour ses provocations, mais là il déclarait détester le réalisateur américain au point de vouloir le tuer. «Spielberg n'est pas honnête. Je hais Spielberg, parce que pas un de ses films n'est honnête. (...) Il déteste les Juifs, parce qu'il est Juif. Il en fait du business, avec l'Europe. C’est un fasciste, parce que l’Amérique est au centre du monde. Si je pouvais tuer Spielberg, je tuerais Spielberg. Ce que je déteste le plus c'est Spielberg. Et en second, Walt Disney. Je pense que Spielberg est le fils que Walt Disney a eu en baisant Minnie.» (Le reste de l’entretien est ici, en anglais)Pas sûr que Spielberg aura envie de récompenser un long-métrage qui met en exergue une personnalité qui le déteste et surtout qui l’insulte en public…