Première
par Thierry Chèze
Au départ, une série de jeux vidéo en mode survival horror. Neuf épisodes depuis 2014, quatre spin- off, une poignée de romans… jusqu’à ce que Five Night at Freddy’s ne se décline en long métrage. Un projet de longue, très longue haleine puisqu’initié par la Warner en 2015 avant que Blumhouse ne prenne les relais et qui a un temps été prévu avec Chris Colombus (Maman, j’ai raté l’avion !) à la réalisation avant que les commandes ne soient confiées à Emma Tammi (Terre maudite). Avec, à la clé, un triomphe absolu en salles aux USA. En deux semaines, Five Night at Freddy’s a déjà rapporté plus de 100 millions de dollars, soit le plus gros hit pour un film d’horreur outre- Atlantique de toute l’année 2023
Autant dire qu’on attendait avec impatience de découvrir le phénomène. Et la déception dépasse largement l’attente. Tout commence par une entame interminable pour présenter les personnages et la situation. Mike (Josh Hutcherson, transparent), hanté par la disparition jamais élucidée de son petit frère, une dizaine d’années plus tôt, qui pour ne pas perdre la garde de sa sœur de 10 ans dont il a la charge, accepte un poste de gardien de nuit dans un restaurant désaffecté qui avait connu son heure de gloire dans les années 80, grâce à ses quatre mascottes, des ours animatroniques que, ô surprise, Mike va voir prendre vie et se déplacer après minuit.
L’atmosphère vintage inquiétant du restaurant, fidèle à l’univers du jeu, est sans doute la seule chose à sauver d’un film où tout le monde semble avoir oublié qu’une ambiance ne suffisait pas à faire un film. Et pendant près de deux heures, le jeu consiste surtout ici à pister le grand absent de ce Five nights at Freddy’s, sorte de Monstre du Loch Ness introuvable : le scénario. Car une fois passée l’interminable entame, tout ce qui suit – des rebondissements qu’on devine un quart d’heure en avance (le personnage aux deux visages du pauvre Matthew Lillard, embarqué dans cette galère) aux flashbacks mal orchestrés jusqu’à une dernière ligne droite qui mériterait de figurer au panthéon de Malaise TV - frôle le zéro pointé. N’osant jamais franchir le cap de l’horreur un peu gore par peur de limiter son public, Five nights at Freddy’s se révèle d’un ennui abyssal. Mais au vu de la dernière image et du carton en salles, on ne devrait pas en rester là. Five nights at Freddy’s devrait faire des petits. Et c’est bien là le plus angoissant et le plus effroyable.