The Old Oak
Le Pacte

Une ville anglaise gangrénée par la paupérisation où l’arrivée de réfugiés divise ses habitants tout en créant un sursaut d’humanité. A 87 ans, Ken Loach ne désarme pas.

Comme Arte et France.TV, Canal + mise aussi sur des oeuvres cannoises au beau milieu du 77e festival. Ce soir, la chaîne cryptée proposera ainsi The Old Oak, le drame de Ken Loach présenté sur la Croisette en 2023. Première vous le conseille. Surtout qu'il s'agit de l'ultime réalisation du cinéaste britannique, qui a annoncé depuis son souhait de prendre sa retraite.

Pour son nouveau film, The Old Oak, Ken Loach a choisi de remonter - légèrement - le temps. Cap sur 2016 dans un village du Nord- est de l’Angleterre, ex- cité minière gangrénée par un chômage massif où l’arrivée de réfugiés syriens va créer des tensions dans une population de plus en plus paupérisée. Et le réalisateur du Vent se lève fait du pub local (le Old Oak qui lui donne son titre) et de son patron, tendre et usé, via son amitié avec une Syrienne férue de photographie la colonne vertébrale de son nouveau film à l’humanité qui vous serre le cœur.

A 87 ans, Loach ne désarme pas. Alors que les inégalités partout se creusent, il croit toujours à la possibilité d’un monde meilleur. Il refuse d’accepter que les damnés de la Terre se dévorent entre eux au lieu de se révolter contre ceux qui ont causé cette situation. Il a chevillé au coeur la certitude que l’humanisme des uns finira par triompher des saloperies fomentées par les autres, ceux qui cherchent en l’étranger le bouc- émissaire de leurs malheurs.

Cette utopie pourrait paraître fabriquée et naïve. Ses contempteurs – ceux qui martèlent que l’Anglais fait des films de gauche pour des gens de droite – ne manqueront pas de l’éreinter à ce sujet. Mais chez Loach, du fait de tout son parcours d’homme et de cinéaste, cette utopie vous emporte par sa profonde sincérité et son désir de retisser un lien – trop souvent abîmé ou rompu - entre les combats de la gauche d’hier et ceux d’aujourd’hui. Comme un antidote poignant à toutes ces passions tristes qui minent notre époque.

Bande-annonce :


Un autre monde est possible, et même nécessaire" : à Cannes, le discours engagé de Ken Loach en intégralité