Première
par Sylvestre Picard
Au bout de vingt minutes de film, on sent qu'il y a un truc. On le sent venir. Et on n'aime pas ça. Ce coup de foudre entre un jeune pompier studieux et une surfeuse délurée est trop belle, trop parfaite -y compris dans ses erreurs et ses maladresses charmantes- pour durer. Ce n'est pas un spoil, et mieux vaut s'y préparer : le pompier meurt noyé et sa fiancée sombre dans la douleur. Mais comme nous sommes dans une fantasy animée, son fantôme va surgir pour l'aider à relever la tête. Malgré ça, pas de chichis rose bonbon ou de mélo violonneux : Ride Your Wave s'envisage justement comme un ride, une comédie dramatique menée tambour battant où l'on combat les vagues et les incendies avec un sens de l'action, de l'humour et du rythme pas loin d'être impeccable (et quelle galerie de personnages : l'amoureux transi, la sœur gothique et bitchy, le fantôme coincé dans la flotte...). D'accord, il faut accepter les trucs et astuces de la jeunesse japonaise, ses rituels fantasmés, ses chansons d'amour et ses coffee shops doudous, mais le réalisateur Masaaki Yuasa (qui a récemment coréalisé la série Japan Sinks 2020, visible sur Netflix, sur l'effondrement physique du Japon) met en place les conditions tragiques et terribles de sa tristesse, et nous emmène les affronter avec un courage et un culot dingues. Non, Ride Your Wave ne tente pas d'apaiser la morsure du deuil à coup de guimauve surnaturelle, mais plutôt à nous habituer à en garder une belle cicatrice. Voilà donc un ride qui est -comme on appelle une grosse vague dans le langage du surf- une vraie bombe.