Première
par Thierry Chèze
Nina et Madeleine, retraitées et voisines, ont, pour la dernière ligne droite de leur existence, la tentation... de Rome. De s’y installer enfin ensemble, en couple, et de vendre leurs petits appartements respectifs pour se payer cette liberté. Mais si Nina est seule, Madeleine, elle, a deux grands enfants. Jamais, en vingt ans de passion cachée, elle n’a réussi à faire son coming out. Cette vente de l’appartement familial lui offre l’occasion de franchir le pas. Mais la met aussi dos au mur sur l’air du « maintenant ou jamais ». Elle n’y arrivera pas, Nina le lui reprochera vertement et, dans la foulée, Madeleine fera un AVC qui la laissera fortement diminuée. Alors, par-delà le sentiment de culpabilité, un autre défi commence pour Nina : comment se glisser dans le processus de convalescence de Madeleine, grandement diminuée, alors que pour ses enfants elle n’est que la voisine ? Ce premier long a la singularité de parler de coming out en inversant les rôles entre générations. Et Filippo Meneghetti a la bonne idée de ne pas l’enfermer dans son sujet mais de mêler de front film sociétal, mélo amoureux, drame familial et même ambiance de thriller avec Nina prête à se débarrasser de ceux qui se mettent en travers de son chemin, pour faciliter la guérison de celle qu’elle aime. Son scénario entremêle ces différentes couleurs avec une grande fluidité et sans le moindre élan démonstratif, à l’image du jeu des impériales Martine Chevallier et Barbara Sukowa. C’est ce qui rend Deux aussi juste et aussi prenant.