Les nominations démontrent d’un profond changement dans les mentalités.
Et si les mentalités avaient changé à Hollywood ? Après l’annonce des nominations pour la 90e cérémonie des Oscars, qui se tiendra le 4 mars prochain, l’espoir est de mise.
Pendant longtemps, l’Académie des Oscars a été accusée d’afficher un visage bien trop blanc. En 2016, l’absence de diversité parmi les nommés sautait aux yeux, et sur les réseaux sociaux, l’indignation prenait la forme d’un mot-clef : #OscarsSoWhite.
L’année dernière, l’Académie avait retenu la leçon : sept acteurs issus des minorités étaient nommés, dont Denzel Washington (Fences), Viola Davis (Fences), Octavia Spencer (Les figures de l’ombre) ou encore Naomie Harris (Moonlight).
Cette année, la diversité est encore au rendez-vous. Get out est un sérieux prétendant à l’Oscar du meilleur film, à celui du Meilleur scénario original, tandis que Jordan Peele est en lice pour la statuette du Meilleur réalisateur. Dans la catégorie Meilleur acteur, on retrouve également Daniel Kaluuya (Get out) et Denzel Washington (Roman J. Israel, esq).
Quant à la chanteuse Mary J. Blige, elle cumule deux nominations, pour Meilleure actrice dans un second rôle, et pour la Meilleure chanson originale dans Mudbound.
Le tacle de Natalie Portman aux Golden Globes
Depuis l’affaire Weinstein, une prise de conscience opère à Hollywood autour de la place des femmes dans cette industrie historiquement très masculine. Lors de la cérémonie des Golden Globes, le mouvement de soutien aux femmes victimes de harcèlement sexuel, Time’s up, était sur toutes les lèvres. Le discours engagé d’Oprah Winfrey, soulignant qu’un nouvel horizon pour les femmes était visible, l’a propulsée dans certains esprits à la Maison-Blanche. Et le tacle de Natalie Portman, soulignant l’absence de femme dans la catégorie des meilleurs réalisateurs, a fait mouche.
Un faux-pas qu’évite l’Académie des Oscars. Greta Gerwig devient cette année la 5e femme de l’histoire de la statuette dorée à figurer parmi les nommés du meilleur réalisateur pour Lady Bird. Le film est également nommé pour l’Oscar du meilleur film, catégorie la plus prestigieuse.
Même dans une catégorie très masculine, les femmes se font enfin une place. C’est le cas cette année pour Rachel Morrisson (Mudbound), première femme à décrocher une nomination à l’Oscar de la Meilleure photographie.
Christopher Plummer et le miracle de Ridley Scott
Impossible enfin, de ne pas remarquer la présence - elle aussi amplement méritée – de Christopher Plummer dans les rangs des nommés à l’Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle pour Tout l’argent du monde de Ridley Scott. L’histoire est rocambolesque, digne d’un scénario. En novembre dernier, Kevin Spacey est accusé de plusieurs agressions sexuelles, alors qu’il est la tête d’affiche de ce film tiré d’une histoire vraie. L’équipe du film fait alors une campagne active pour qu’il décroche un Oscar pour son rôle, pour lequel il est complètement métamorphosé. Dès que le scandale éclate, Ridley Scott prend une décision spectaculaire : il engage Christopher Plummer, son premier choix, et lui demande de tourner toutes les scènes dans lesquelles apparaissait Kevin Spacey. A quelques semaines de sa sortie, le film est remonté. Et c’est une réussite. A tel point que c’est désormais Christopher Plummer qui s’engage dans la course à l’Oscar.
Avec ces nominations plus représentatives de la diversité du cinéma hollywoodien, les Oscars semblent prendre une nouvelle direction. Reste à savoir si l’épilogue entrera dans l’Histoire.
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