Première
par Christophe Narbonne
Le commandant Pedersen et ses hommes sont dans un poste avancé en Afghanistan où ils maintiennent un semblant de paix. Après une échauffourée meurtrière, Pedersen doit justifier de sa responsabilité et est renvoyé au Danemark. Chez lui, il est confronté à la gestion du quotidien familial en attendant son procès militaire.
On sait depuis Brothers (Susanne Bier, 2004) et Armadillo (Janus Metz, 2010) que la présence militaire danoise en Afghanistan imprègne fortement la psyché nationale et stimule l’imagination des meilleurs cinéastes locaux. Le réalisateur des percutants R et Hijacking, avec le naturalisme et le sentiment d’immersion qu’on lui connait, signe pour sa part un film de guerre humaniste, nettement scindé en deux parties : dans la première, on est embarqué avec un contingent dans une mission de pacification impossible qui met les nerfs à rude épreuve ; dans la seconde, on assiste au procès militaire et moral d’un homme, indirectement responsable de la mort de civils afghans (il a suivi les consignes pour une mauvaise raison et les a enfreintes pour une bonne) et redevable à sa famille qui l’a toujours soutenu. A War n’est pas un film sur les bons et les méchants (il peut en donner l’impression) mais l’observation fine des dérèglements d’une institution, et par ricochet d’une cause et d’une adhésion à cette cause, à l’échelle d’un individu. Le constat dressé est aussi terrible que le dernier plan qui suggère une impossible rédemption.