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Ça raconte quoi ? Sous ce titre rocailleux se cache un mélo bouleversant, la rencontre de deux souffrances : celle de Marion Cotillard, dévastée par un accident qui lui a coûté ses jambes, et celle de Matthias Schoenaerts, boxeur SDF flanqué de son fils qu’il ne connaît pas. Deux âmes à la dérive qui trouvent ensemble le salut.Nominations ? 9, soit une de moins que son concurrent direct, Amour. Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice, meilleur espoir masculin, meilleure adaptation, meilleur montage, meilleure photo, meilleur son, meilleure musique.Pourquoi fallait le voir ? Parce que c’est le dernier Jacques Audiard, le meilleur réalisateur français vivant (ça vous pose un problème ?). Qu’après son drame carcéral, il remet son César en jeu sur le terrain du mélo et prouve au passage qu’aucun territoire ne lui est interdit. Pour Marion Cotillard, dont la prestation balaie définitivement les doutes qui pouvaient subsister sur son talent. Elle transcende ce rôle à performance – celui d’une dresseuse d’orques amputée des deux jambes qui doit réapprivoiser son corps et reprendre goût à la vie – avec une justesse et une simplicité poignantes, et rappelle humblement qu’elle mérite amplement son succès. Pour Matthias Schoenaerts enfin, qui aurait mérité de figurer directement dans la catégorie meilleur acteur sans passer par la case espoir avec ce personnage de boxeur taiseux et abîmé qui doit apprendre à être père. L’acteur découvert dans Bullhead bouffe l’écran par sa force brute et son naturel confondant, et révèle surtout devant la caméra d’Audiard un fort pouvoir lacrymal dans sa relation bouleversante à son fils.Ça repart avec quoi ? Déjà deux fois vainqueur de la statuette (pour De battre mon cœur s’est arrêté et Un Prophète), le cinéaste français a peu de chance de réaliser un triplé, d’autant moins face à son pire ennemi des récompenses, l’Autrichien Haneke, avec qui il pourrait au mieux se partager les catégories meilleur film / meilleur réalisateur. Malgré la force de sa prestation, Marion Cotillard devrait se faire griller la politesse par Emmanuelle Riva, déjà multi-primée pour Amour. Matthias Schoenaerts en revanche ne peut pas repartir sans le César du meilleur espoir. Alexandre Desplat, deux fois lauréat (dont une pour Audiard déjà, avec De battre mon cœur s’est arrêté), pourrait facilement rapporter au film le César de la meilleure musique. Et la photo de Stéphane Fontaine enfin n’est pas à négliger : il rafle la statuette à chaque fois qu’il fait équipe avec Audiard (De battre… et Un Prophète).L'équation win des César :Yolande Moreau (César de la meilleure actrice pour Séraphine, rôle "à performance" dans lequel elle flirte avec la folie) + Mathieu Kassovitz (César du meilleur espoir pour Regarde les hommes tomber, sous la direction... d'Audiard) + Jacques Audiard lui-même (deux fois César du meilleur film ET meilleur réalisateur) x Roman Polanski (le seul réalisateur à ce jour à avoir obtenu trois fois le César) = un potentiel de 4 César. 6 si l'on inclut photo et musique.Vanina Arrighi de Casanova