Date de sortie | 18 février 2016 |
---|---|
Durée | 112 mn |
Réalisé par | Jeff Nichols |
Avec | Michael Shannon , Joel Edgerton , Kirsten Dunst |
Scénariste(s) | Jeff Nichols |
Distributeur | Warner Bros Pictures France |
Année de production | 2016 |
Pays de production | Etats-Unis |
Genre | Film de science-fiction |
Couleur | Couleur |
Toutes les séances de Midnight Special
Critiques de Midnight Special
-
Ça démarre à peine et déjà, en sélectionnant sur notre juke-box mental un souvenir d’E.T. qui se superpose à l’introduction du jeune héros de Midnight Special, Jeff Nichols affiche ses intentions. Son quatrième film sera un hommage à l’imaginaire du Spielberg des années 70-80, plus généralement à la SF de l’époque, et même, précise le réalisateur, "aux films de course-poursuite avec le gouvernement comme Starman, Rencontres du troisième type etE.T. l’extraterrestre." Car on apprend d’emblée qu’Alton est en cavale avec son père Roy après que ce dernier l’a soustrait au Ranch, une secte où les pouvoirs du gamin de 8 ans – son regard laser transmet la prescience d’un « outremonde » – en font une quasi-divinité. Affublé de lunettes de plongée, le fils dévore des comics de Superman à l’arrière de la Chevrolet que Roy et son vieux copain Lucas font tracer dans le noir, vers un lieu, LE lieu, révélé par ses prophéties. Que se passera-t-il là-bas? On ne le saura qu’au terme d’un road-movie à travers une Amérique intemporelle, succession de champs de blé et de stations-service désertes où les cabines téléphoniques – à pièces – se mettent toutes à sonner en même temps. Mythologie automobile face à la puissance occulte d’un territoire monstre, émergence du surnaturel dans une Amérique où la famille nucléaire est le lien perpétuellement défait... Aux motifs spielbergiens s’attachent des citations presque directes, à Rencontres du troisième type surtout, dans lequel un autre Roy roulait aussi, sur les traces d’un lieu pressenti par des visions. Midnight Special s’offre même un personnage d’expert dont le nom a une consonance française, Paul Sevier, double du Claude Lacombe jadis interprété par François Truffaut. Mais dans Midnight Special, les échos les plus manifestes ne sonnent pas comme des clins d’œil. À la différence de J.J.Abrams dans Super8, Nichols ne laisse pas le geste mémoriel prendre le pas sur l’actualité de son regard. Ces référencesil les fond dans la matière du film, dont le cadre et la couleur restituent la sensation 80s avec une grande pureté, sans qu’il y ait besoin d’en rajouter dans le détail fétichiste. Pas d’aplomb postmoderne ni de griserie rétro : cette simplicité dans la manière de rendre hommage réduit paradoxalement la distance où devrait se loger la nostalgie. C’est ainsi que Midnight Special ressemble plus à un film des années 80 qui regarde vers aujourd’hui qu’à un film d’aujourd’hui qui se souviendrait des années 80. Une fable pour ici et maintenant, dont la clé serait prospective. "Alton est plus important", assène Roy à Lucas lorsque son ami hésite à tirer sur qui se met en travers de leur chemin. Plus important que tout, l’enfant n’est pas roi parce qu’il flatte le culte régressif des adulescents grandis sous Reagan, mais parce qu’il est celui qui, demain, emportera l’humanité loin d’un monde subclaquant. Fini les pères fondateurs, lestés par leurs corps trop lourds, place aux fils extraterrestres, de vide et de lumière. Si Midnight Special célèbre à la façon de Spielberg le pouvoir de l’enfance, c’est comme ultime recours quand il ne s’agit plus que de sauver ce qui peut encore l’être. L’âme des enfants d’abord.
Dernières News sur Midnight Special
Printemps du cinéma : Profitez des séances à 4 euros dès dimanche
La 17e édition se tiendra du 20 au 22 mars.
Jeff Nichols raconte le drame personnel qui lui a inspiré Midnight Special
En traitant de la peur de perdre un enfant, Jeff Nichols a peut-être fait de Midnight Special son film le plus personnel.