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Ça démarre à peine et déjà, en sélectionnant sur notre juke-box mental un souvenir d’E.T. qui se superpose à l’introduction du jeune héros de Midnight Special, Jeff Nichols affiche ses intentions. Son quatrième film sera un hommage à l’imaginaire du Spielberg des années 70-80, plus généralement à la SF de l’époque, et même, précise le réalisateur, "aux films de course-poursuite avec le gouvernement comme Starman, Rencontres du troisième type etE.T. l’extraterrestre." Car on apprend d’emblée qu’Alton est en cavale avec son père Roy après que ce dernier l’a soustrait au Ranch, une secte où les pouvoirs du gamin de 8 ans – son regard laser transmet la prescience d’un « outremonde » – en font une quasi-divinité. Affublé de lunettes de plongée, le fils dévore des comics de Superman à l’arrière de la Chevrolet que Roy et son vieux copain Lucas font tracer dans le noir, vers un lieu, LE lieu, révélé par ses prophéties. Que se passera-t-il là-bas? On ne le saura qu’au terme d’un road-movie à travers une Amérique intemporelle, succession de champs de blé et de stations-service désertes où les cabines téléphoniques – à pièces – se mettent toutes à sonner en même temps. Mythologie automobile face à la puissance occulte d’un territoire monstre, émergence du surnaturel dans une Amérique où la famille nucléaire est le lien perpétuellement défait... Aux motifs spielbergiens s’attachent des citations presque directes, à Rencontres du troisième type surtout, dans lequel un autre Roy roulait aussi, sur les traces d’un lieu pressenti par des visions. Midnight Special s’offre même un personnage d’expert dont le nom a une consonance française, Paul Sevier, double du Claude Lacombe jadis interprété par François Truffaut. Mais dans Midnight Special, les échos les plus manifestes ne sonnent pas comme des clins d’œil. À la différence de J.J.Abrams dans Super8, Nichols ne laisse pas le geste mémoriel prendre le pas sur l’actualité de son regard. Ces référencesil les fond dans la matière du film, dont le cadre et la couleur restituent la sensation 80s avec une grande pureté, sans qu’il y ait besoin d’en rajouter dans le détail fétichiste. Pas d’aplomb postmoderne ni de griserie rétro : cette simplicité dans la manière de rendre hommage réduit paradoxalement la distance où devrait se loger la nostalgie. C’est ainsi que Midnight Special ressemble plus à un film des années 80 qui regarde vers aujourd’hui qu’à un film d’aujourd’hui qui se souviendrait des années 80. Une fable pour ici et maintenant, dont la clé serait prospective. "Alton est plus important", assène Roy à Lucas lorsque son ami hésite à tirer sur qui se met en travers de leur chemin. Plus important que tout, l’enfant n’est pas roi parce qu’il flatte le culte régressif des adulescents grandis sous Reagan, mais parce qu’il est celui qui, demain, emportera l’humanité loin d’un monde subclaquant. Fini les pères fondateurs, lestés par leurs corps trop lourds, place aux fils extraterrestres, de vide et de lumière. Si Midnight Special célèbre à la façon de Spielberg le pouvoir de l’enfance, c’est comme ultime recours quand il ne s’agit plus que de sauver ce qui peut encore l’être. L’âme des enfants d’abord.
Toutes les critiques de Midnight Special
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Midnight Special est un apogée, une compréhension parfaite d’un esprit de cinéma presque désuet où brio de mise en scène et sincérité émotionnelle mènent à une épure du divertissement, à un partage total avec le public.
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Intense et envoûtant, ce film ambitieux s'inscrit dans la lignée des chefs d'oeuvre. Et confirme le talent d'un "merveilleux cinéaste".
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A la fois drame intimiste, thriller surnaturel et road-movie, Midnight Special est un film fantastique passionnant et envoûtant de bout en bout
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La méthode a ses limites : on a parfois l’impression qu’il manque des pièces du puzzle pour bien comprendre l’évolution psychologique de certains personnages secondaires. Mais la foi de Jeff Nichols dans le pouvoir du cinéma fait déplacer les montagnes et les dimensions spatiales.
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Les aspirations mythiques de Nichols sont toujours un casse-tête pour moi. Je ne suis pas sûr qu'il ait connecté tous les points dans sa psyché ou qu'il ait pleinement réussi son final. Mais j'adore regarder ses films.
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De cette relecture modeste et lyrique des classiques de la SF des années 80, l’on ressort abasourdi et plus que jamais confiant en la disposition de Nichols à façonner à son gré n’importe quel pan du cinéma américain.
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Dans Midnight Special, le réalisateur développe sa maîtrise des effets spéciaux avec une production au budget plus élevé que ce qu'il avait auparavant. Mais il reste un conteur fermement sincère.
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La conduite du récit, la découverte parcimonieuse des enjeux, le lent déploiement – puis débordement – de la science-fiction, garantissent un mystère salvateur.
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L'un des grands plaisirs lorsqu'on va au cinéma, c'est lorsqu'on peut en toute certitude ajouter le nom d'un réalisateur à sa liste : "J'ai hâte de voir ce qu'ils vont faire ensuite." Avec Midnight Special, Jeff Nichols remplit tous les critères pour y accéder.
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Un magistral film de science-fiction qui explore des émotions comme la paternité et les croyances. C'est un exercice fascinant et plus encore.
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Midnight Special passionne d’abord par son parti pris de sécheresse, de laconisme, sa façon de disséminer les informations au goutte-à-goutte, puis d’élargir scène après scène le champ et les enjeux du récit.
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Au fond, Midnight Special est une parabole sur l'amour parental ainsi qu'un regard sincère sur le défi complexe d'aimer et peut-être perdre un enfant extraordinaire.
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Après quatre oeuvres, Jeff Nichols semble incapable de réaliser un film mauvais ou inintéressant. A une époque où la plupart des réalisateurs indé mesurent le succès à la vitesse de leur parcours avec les blockbusters de Marvel, Jeff Nichols continue de tracer sa propre route.
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Un suspense maîtrisé.
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Vous pourrez trouver un air de ressemblance avec Rencontre du troisième type et Starman, mais Jeff Nichols, le réalisateur-scénariste, a élaboré son propre twist.
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(...) un drame surnaturel à l’atmosphère envoûtante sur un scénario elliptique captivant, une mise en scène qui prend progressivement de l’ampleur et une interprétation au cordeau.
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Les performances de Shannon - qui était également l'un des points forts de Take Shelter, le thriller de Nichols - et de Lieberther sont des piliers du récit.
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Brouillant effectivement les pistes, le récit apparaît d’abord sursaturé de signes (Akira, Starman, M. Night Shyamalan…), à commencer par l’affiche ostensiblement composée en référence à Steven Spielberg.
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Nichols nous laisse douter d'une manière qui rappelle Rencontre du troisième type. Mais Midnight Special est un film plus modeste, plus énigmatique que ne l'était son prédécesseur mais il est tout aussi captivant.
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Mission accomplie : ample et ultrasoigné, le nouveau Jeff Nichols convoque ses maîtres sans surenchère et réalise l’alliage parfait entre science-fiction et émotion.
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Le réalisateur de Take Shelter et Mud mêle action et science-fiction et livre une magnifique histoire de père et de fils en cavale…
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Entre drame intimiste et film de genre rendant hommage aux oeuvres SF des années 1980, Midnight Special développe les thèmes chers au réalisateur de Take Shelter et Mud comme la paternité.
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C'est à la fois passionnant — une espèce d'ode fervente et douloureuse à l'inconnu — et presque naïf, dans la vision finale grandiose et clinquante d'un autre monde.
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Un thriller ramassé et haletant d’où émerge une figure bouleversante d’enfant messianique terrorisé par ses pouvoirs.
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Midnight Special tient la route, sa fin est très belle mais son mystère s’épuise sur la longueur.
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Aussi lent qu'une chenille et aussi excitant que battre du beurre.