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Fils caché de Bertrand Blier, des ZAZ et de Sam Raimi, le stakhanoviste Quentin Dupieux a réalisé sept films en douze ans. Sept films marqués du sceau de l’absurde, du gore et du grotesque qu’il décline avec l’amour et la précision de l’artisan -il cumule les postes de réalisateur, scénariste, chef op’ et monteur. Plus d’un film tous les deux ans, n’est-ce pas trop pour un seul homme, aussi talentueux soit-il ? Pas forcément : Blier en a tourné huit entre 1974 et 1986, dont trois classiques certifiés -Les Valseuses, Buffet froid, Tenue de soirée. Plus formaliste, plus punk, Dupieux est de son côté coincé dans un univers un peu étriqué et clos et par conséquent voué à la marge malgré ses castings désormais prestigieux -on est quand même partis de loin ; de stars cachées derrière des bandages et d’un pneu !. Dans Le Daim, qui fait l'ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs, il fait de Jean Dujardin un homme au bout du rouleau qui acquiert un blouson en daim. Il est bientôt possédé par “l’esprit” de ce vêtement qui lui “ordonne” de faire disparaître tous les blousons portés par les habitants du bled montagneux où il a atterri... Avec la logique absurde qui lui est propre, Dupieux plonge son personnage, qui s’est improvisé cinéaste, dans des situations de plus en plus inextricables, notamment provoquées par ses mensonges proférés à une serveuse cinéphile (Adèle Haenel). Comédie existentielle aux accents bis relativement amusante, Le Daim ne fait ni avancer ni reculer la cause Dupieux. À quand le grand bond en avant ?