Première
par Stéphanie Lamôme
Jean Paul Civeyrac, filme ces filles blafardes qui font la gueule et portent des barrettes en forme de toiles d’araignées dans leurs cheveux telles de sombres silhouettes en voie d’évanescence. Uniquement définies par leur désir acharné de se tuer, Noémie et Priscilla avancent vers leur destin sans qu’on comprenne vraiment ce qui constitue l’essence de leur mal-être. Du coup, leur quête d’absolu, totalement désincarnée, devient par moments caricaturale, et on a beaucoup de mal à s’attacher à ces Virgin Suicides gothiques sans chair. Si le film, trop volontairement cérébral, échoue à nous transmettre le malaise adolescent avec son « romantisme » macabre, il capture quelque chose de bien plus authentique dès qu’il aspire à montrer les influences potentiellement dangereuses des amitiés trop fusionnelles. Là, alors oui, on commence à voir clair dans ces Filles en noir.