The Innocents Netflix
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Les créateurs nous disent tout sur le nouveau drama surnaturel de Netflix.

Depuis vendredi, June et Harry font voyager les abonnés de Netflix, dans le monde fantastique et romantique de The Innocents. Une love story adolescente, portée par une intense mythologie surnaturelle pleine de mystères. Première a pu rencontrer récemment à Londres les deux créateurs britanniques, Simon Duric et Hania Elkington. Retour sur un projet hybride comme il en existe peu à la télévision.

The Innocents (Netflix) : une saison 2 est-elle prévue ?

Comment est-ce que vous est venue l'idée de faire The Innocents ?
Hania Elkington :
J'étais l'agent de Simon au départ. On n'arrêtait pas de parler de films et de séries ensemble. Et un jour, il a lancé l'idée des "Shapeshifters". Moi, j'avais envie de raconter l'histoire d'une love story adolescente, avec une jeune fille en héroïne. Et après quelques verres, nos deux envies se sont rapprochées de plus en plus, jusqu'à finalement se mixer en cette série hybride. On a trouve la mythologie sur laquelle on voulait s'appuyer dans la mythologie nordique, celle des "Beserkers".

Pourquoi ce titre, The Innocents ?
Netflix nous a posé la même question. D'abord parce qu'on ne voulait pas d'un titre qui contienne la notion d'un élément surnaturel. Parce que pour nous, les "Shifters" sont avant tout des êtres humains. Et nous voyons cette capacité comme un moyen de changer de peau. Et puis il y a une certaine forme d'innocence chez eux, puisqu'ils sont nés comme ça. Finalement, il y a Harry et June et leur bel amour juvénile, naïf, et presque pur en un sens. On veut alors que notre public se demande si cet amour arrivera à survivre aux forces obscures qui vont se dresser sur leur route.

Pourquoi est-ce que vous avez été attiré au départ par cette idée de "shapeshifting", ces "métamorphes" capables de changer de peau ?
Simon Duric : J'aime beaucoup les oeuvres de genre. Et je trouvais qu'il y avait là une idée qui n'avait pas encore été vraiment exploitée. Du moins pas à son potentiel maximum. Il y a quelque chose de fascinant, dans la possibilité de pouvoir devenir quelqu'un d'autre. Bien sûr, je connais comme tout le monde les histoires de vampires et de loups garous, mais il y avait quelque chose d'intéressant à faire avec le "shapeshifting". Du coup, on a mis au point cette histoire de love story entre Harry et June. Et June est devenue une "shapeshifter". Cette jeune femme qui change de peau en réagissant à ses émotions. 
Hania Elkington : C'est vrai que dans un sens, les loups-garous, par exemple, sont aussi des "shapeshifters". Mais une fois qu'on s'est transformé en loup, il n'y a pas beaucoup d'intérêt à explorer ce que c'est que d'être un loup... Alors qu'entre êtres humains, on peut se demander ce que ça fait d'être dans la peau de quelqu'un d'autre. De voir le monde à travers les yeux de quelqu'un d'autre. Il y a une histoire d'empathie à raconter, au-delà du corps qui change et de cette histoire de passage à l'âge adulte.

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Mais vous utilisez globablement cette idée de métamorphose comme une métaphore pour parler de la quête d'identité chez les adolescents...
Oui tout à fait. On a repris cette mythologie des "Berserkers" et ce changement de peau émotionnel, pour l'implanter chez une jeune fille de 16 ans, qui réagit face à la peur et l'inconnu.

C'est quoi au juste cette mythologie nordique des "Berserkers" qui tient un grand rôle au fond dans la série ?
Alors il y avait ces guerriers vikings, au Xe ou XI siècle, qui se faisaient appeler les "Beserkers". Ils formaient une sorte de gang assoiffé de sang, qui parcourait le monde pour se battre. Et la légende dit qu'il réagissait à l'influx émotionnel. Que la rage, l'excitation, la soif de sang les faisaient trembler et les faisaient se transformer carrément en ours et en loups. Ils décimaient alors des villages entiers. Dans notre histoire, il y a une part de génétique, un gène dormant, qui refait surface, mais plus chez les hommes. Seulement chez les femmes. Et le déclencheur est moins agressif, c'est quelque chose de plus émotionnel, de plus empathique. On aimait bien l'idée de pouvoir insérer un bout d'Histoire dans notre histoire.

Personnellement, lorsque je pense à la notion de "shapeshifter", je pense à Mystic dans X-Men. Quelles ont été vos références à vous, vos inspirations, pour construire votre histoire ?
Simon Duric : Il y a The Leftovers pour moi, qui en matière de série de genre, est quand même ce qui se fait de mieux. Et c'est marrant parce que vous, vous pensez à X-Men, et moi plutôt au Loup-Garou de Londres, ou à Morse. A des métamorphoses plus radicales, plus animales...
Hania Elkington : En ce qui me concerne, je m'inspire plus de dramas familiaux dark et tourmentés, comme ceux écrits par Alan Ball (Six Feet Under), Jeff Nichols (Take Shelter), David Lynch (Twin Peaks)... Ces trucs sombres, qui brillent quand même.

Vous diriez que The Innocents est plus une romance ou une série fantastique ?
Simon Duric : Indéniablement une love story avant d'être un show fantastique. On pourrait retirer l'élément fantastique de The Innocents, et l'histoire fonctionnerait quand même.

The Innocents (Netflix) : "L'alchimie, ce n'est pas une recette qu'on peut contrôler"

Comment est-ce que vous avez pensé le casting ? Vous aviez une idée bien précise de qui vous vouliez pour jouer Harry et June ?
Non pas vraiment. On avait une idée de ce qu'on recherchait, mais pas d'image précise. Notre directeur de casting a vu des milliers de jeunes garçons et de jeunes filles, partout au Royaume-Uni. Au bout du compte, on a réduit à 500 June potentiels et à 500 Harry potentiels. Et quand on a vu Sorcha Groundsell et Percelle Ascott, on avait le sentiment d'être vraiment face à June et Harry. Mais tout dépendait finalement de l'alchimie entre eux, quelque chose qu'on ne peut pas créer de toutes pièces. Et fort heureusement, il y avait cette étincelle entre eux deux.

Et pour Guy Pearce dans le rôle du Docteur ? C'était lui que vous vouliez dès le départ ?
Hania Elkington :
On n'a pas écrit le rôle pour lui. Ni pour personne d'ailleurs. On n'était pas aussi ambitieux. Mais son nom est très rapidement arrivé dans nos discussions et on a été chanceux, parce qu'il a très rapidement été emballé par le script et il a très rapidement dit oui. Ensuite, on a beaucoup échangé sur le personnage, de manière très intelligente et très collaborative.

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Est-ce que vous craignez la réaction des fans du genre fantastique ? On sait que ce public est très exigeant...
Simon Duric :
Oui bien sûr, que c'est un public exigeant, j'en fais partie moi-même !
Hania Elkington : Je ne crois pas qu'il faille être inquiet, parce qu'on ne peut plus rien contrôler. Il faut déjà apprécier ce qu'on a écrit, l'assumer et le porter pleinement. Et après, il faut juste espérer que ce qu'on a ressenti en le faisant transparaîtra à l'écran. Mais il y aura toujours des gens pour disséquer notre travail, trouver les fautes... Nous, on l'a surtout fait pour ceux qui n'iraient peut-être pas naturellement vers le genre de la love story. Ou à l'inverse, les amateurs de love story qui n'iraient peut-être pas naturellement vers le fantastique.

Mais beaucoup de gens considèrent The Innocents comme un teen drama. Ca vous agace ou pas du tout ?
En partie, c'est un teen drama, évidemment. Mais ce n'est pas qu'un show "Young Adult". Simon et moi, nous nous sommes battus pour que l'histoire centrale reste adolescente, tout en gardant autour de solides personnages secondaires plus matures. On ne voulait pas d'une histoire de teens, dans un monde de teens. On voulait plutôt raconter une histoire de générations, d'héritage. Alors oui, on espère que le public jeune aimera la série et qu'il verra en Harry et June des sortes de modèles. Mais en même temps, j'espère que les gens verront bien qu'il y a plus de complexité dans notre série.

The Innocents - saison 1 - 8 épisodes - sur Netflix depuis le vendredi 24 août 2018.

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