L'ancien Premier ministre de la France et candidat déclaré pour 2027 a coécrit cette série sur une campagne présidentielle. Et il s'est beaucoup investi dans le projet.
Est-ce vraiment "la série d'Édouard Philippe" ? Alors qu'elle débute ce mercredi soir sur France 2, Dans L'Ombre arrive sur le service public avec une étiquette pour le moins inédite : elle a été co-scénarisée par l'ancien Premier Ministre de la France, actuellement Maire du Havre et déjà candidate à l'élection présidentielle de 2027 ! Forcément, sa participation à la fiction portée par Melvil Poupaud et Swann Arlaud, a quelque chose d'exceptionnel. D'autant qu'il n'a pas fait que regarder ça de loin.
"Il a participé à l'écriture, mais il ne venait pas vraiment sur le plateau. Les scénaristes viennent peu sur les plateaux d'une manière générale. Lui est venu une fois. Il a échangé avec les comédiens" nous raconte le showrunner et réalisateur Pierre Schoeller, qui a développé cette série, tirée du roman qu'Edouard Philippe avait coécrit en 2011 avec son conseiller Gilles Boyer (aujourd'hui député européen). Tous les deux ont ainsi tenu à participer à l'adaptation et à l'écriture de la série, même s'ils n'en étaient pas les principaux auteurs : "Je n'ai jamais eu à subir de 49.3" s'amuse Pierre Schoeller, qui assume cette collaboration. "Il y a une ligne artistique, une question de cohérence et c'est un travail coopératif avec des gens qui sont là en tant que consultants. Depuis des décennies, il y a des flics qui viennent collaborer à des scénarios de séries policières et on ne vient pas les chatouiller par rapport à ça. Ils avaient le désir de mettre un pied dans la fiction et moi je portais la ligne artistique."
Edouard Philippe et Gilles Boyer sont ainsi crédités comme scénaristes de Dans L'Ombre et plus encore, ils n'ont pas hésité à aller à la rencontre des équipes. Ainsi, Melvil Poupaud, qui joue le candidat de la droite aux présidentielles au centre de l'intrigue, nous confie avoir rencontré Edouard Philippe et Gilles Boyer pour des lectures de scripts. "Je les ai senti très investis, très à l'écoute, reprenant même parfois les dialogues des comédiens, quand certaines sonnaient faux. Ils avaient vraiment envie de rendre la chose très crédible." Et ce n'est pas tout. Melvil Poupaud révèle être allé passer "une demi-journée au Havre avec Edouard Philippe. Il m'a fait visiter la ville, son bureau de maire... Je l'ai trouvé très naturel, très sympathique. Et puis il m'a dit : 'C'est comme ça qu'il faut être au quotidien quand on est homme politique'. Alors j'ai été un peu déçu (rires) !"
Une rencontre mais pas plus, assure l'acteur de 51 ans qui confesse ne pas avoir "vraiment pris d'inspiration sur lui, parce que je n'aime pas trop m'inspirer, copier un modèle, pour jouer un personnage. Je trouvais plus intéressant, au contraire, de me détacher de la figure d'Edouard Philippe, de créer un nouveau personnage."
Karin Viard aussi a eu la possibilité d'échanger avec l'ancien Premier Ministre. "J'avais des questions très concrètes, auxquelles Gilles comme Édouard ont parfaitement répondu", raconte-t-elle. "Ce sont des gens très sympathiques dans la vie, très accessibles. On a créé une œuvre commune, ensemble." Et l'actrice se souvient alors des conseils d'Edouard Philippe :
"Il m'a dit : 'La vraie difficulté pour toi, ça va être de jouer les meetings politiques. Parce que les femmes en meeting, dès qu'elles élèvent la voix, on les fait passer pour des hystériques.' Ça m'a beaucoup plu (rires). Alors j'ai fait exprès de crier très fort pour lui donner tort ! J'ai eu envie de faire de Marie-France une femme très agressive, sexuellement très assumée dans ce monde d'hommes et qui soit en même temps très crédible en tant que politicienne. Et Edouard Philippe m'a dit autre chose. Il m'a dit qu'en politique, on n'est jamais mort. Tant que tu n'es pas dans la tombe, tu as beau avoir été cloué au pilori, conspué en place publique, tant que tu n'es pas dans la tombe, tu n'es pas mort pour la politique ! J'ai adoré cette phrase..."
Reste à savoir dans quelle mesure Dans L'Ombre peut être assimilée à un outil de communication, pour le postulant déclaré aux plus hautes fonctions de l'Etat. La série télé comme une tribune pour se montrer ?
"J'entends que ces questions vont se poser à un moment. Mais je crois que l'œuvre va parler d'elle-même et que ces interrogations vont s'évanouir assez vite" nous répond Pierre Schoeller. "Parce qu'elles ne correspondent pas à l'objet." Et Gilles Boyer de revendiquer un "simple droit à la fiction, à titre personnel. N'importe qui a droit à l'imaginaire, sauf nous on dirait ! On a écrit un roman, on nous a proposé de contribuer à l'écriture d'une série, je ne vois pas pourquoi on serait les seuls à ne pas avoir le droit de le faire".
Dans L'Ombre, mini-série en 6 épisodes à voir sur France à partir du mercredi 30 octobre et déjà dispo en intégralité sur France.tv.
Commentaires