Industry, HBO
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Agents de change à La City dans une autre vie, Konrad Kay et Mickey Down nous racontent comment ils ont utilisé leur expérience pour créer une série hyper-réaliste sur la finance.

"Nos anciens collègues de La City nous demandent à chaque fois s'ils sont dans la série... et ils sont toujours un peu déçus quand on leur dit non !" Créateurs d'Industry, le nouveau drama HBO lancé cette semaine en France sur OCS, Konrad Kay et Mickey Down ont travaillé dans le coeur battant de la finance londonienne dans une autre vie. Le duo s'est rencontré à l’Université d’Oxford et après avoir décroché leur diplôme, ils ont été recrutés ensemble par une banque d’investissement britannique. Ils ne sont restés que deux ou trois ans, mais ont gardé en mémoire cette expérience aussi électrisante que brutale avec l'univers de la bourse. Expérience dans laquelle ils ont largement puisé pour écrire Industry, même si Kay et Down nous assurent ne pas l'avoir "forcément pensé comme un drama sur la finance, mais comme un drama sur des personnages, 5 jeunes issus de milieux sociaux-culturels différents, qui intègrent le monde des banques et tentent de se faire une place. On y a parle de harcèlement, de race, de sexualité, et de plein d'autres sujets actuels."

Industry OCS
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Il n'empêche, Industry s'applique à raconter minutieusement la vie de La City, ce Wall Street de Londres où les rêves de fortune se heurtent bien souvent à une réalité froide et cinglante. "Les collègues à qui ont a montré la série ont été surpris de voir à quel point c'était proche de la réalité", confient les deux scénaristes à Première. "C'est vrai qu'on a tiré notre expérience de l'époque durant laquelle on travaillait dans la finance à Londres, et cela nous a permis de nous différencier des histoires sur Wall Street, qui parlent des gens top level. Nous, on voulait parler des petites mains de la finance, celles qui débutent. Ceux qui ont le moins de pouvoir, des relations tendues avec les boss."

"Ils n'aiment pas vraiment la finance, mais plutôt les films sur la finance !"

De cette inspiration autobiographique est née cette perspective anglaise unique de la fiction qui achète et qui vend. Une approche brute, qui ne cherche pas à glamouriser le boursicotage. Alors que, d'habitude, la plupart des films et séries autour des Trading Floor tendent à rendre la chose tellement cool : "D'une manière générale, les films sur le sujet ne sont pas vraiment enclins à dégoûter les gens de la finance ! D'ailleurs, nombre de mes collègues me disaient à l'époque avoir eu envie d'intégrer ce monde après avoir vu des films comme Margin Call. Ils me disaient ne pas vraiment aimer la finance, mais plutôt les films sur la finance ! Ce sont presque des outils de recrutement en fait ! Quand vous voyez Le Loup de Wall Street, c'est incroyablement divertissant. Ce genre de fiction autour de la bourse excite beaucoup de jeunes talents. Mais nous, justement, on a voulu une représentation plus réaliste. On a mis beaucoup de jargon technique dans la série. On parle dans Industry comme on parle réellement sur un Trading floor. Il était essentiel de conserver un aspect très réel, tout en créant des personnages de fiction qui soient sexy, cool, et accrocheurs."



Car l'un des défis de la série HBO fut de rendre attachant ces jeunes requins en puissance. "Les gens ont des préjugés sur la finance et ceux qui travaillent dans cet univers", poursuivent Konrad Kay et Mickey Down. "Ils vont commencer à regarder Industry avec ces préjugés en tête. Qu'ils sont les méchants. Et d'ailleurs, on n'a pas voulu traiter la chose d'un point vue moral au départ, on est volontairement resté ambigu et authentique sur les motivations des uns et des autres. Mais après, ce serait une série impossible à regarder si on disait que nos protagonistes sont tous pervers et inhumains. Ce serait impossible pour les gens de s'attacher aux personnages. On a juste essayé de montrer comment ces gens interagissent, travaillent entre eux."

"Le public est suffisamment intelligent pour comprendre ce qui se dit"

Les auteurs d'Industry ont donc développé de jeunes personnages sexy, modernes et dynamiques, tout en essayant de garder un décorum hyper-réaliste. Pas question de virer dans soap facile. Kay et Down tenaient à dépeindre au plus près la vraie vie des financiers, jusque dans les dialogues : "Comme on vient de ce milieu, tout naturellement, on tenait à ce que la série s'en approche au plus près, quitte à ce que les dialogues soient parfois un peu confus pour les spectateurs. Ca aurait même pu être pire, mais on se disait qu'il fallait bien que les gens comprennent quelque chose (rires). Après, on a tenu à garder du jargon, parce que, à l'inverse, on n'a pas voulu infantiliser les gens. Le public est suffisamment intelligent pour comprendre ce qui se dit. Il faut lui donner du crédit. Si une série vous montre du respect, je crois que vous aurez plus envie de vous investir dedans."

Industry, saison 1 en 8 épisodes à voir chaque mardi sur OCS en France.