Rencontre avec le réalisateur sur le tournage du préquel de la franchise Kingsman.
Fin avril 2019, Première se rendait à Turin sur le tournage de The King’s Man : Première Mission, préquel de la franchise qui se déroule avant et pendant la Première Guerre mondiale. Toujours réalisé par l’indéboulonnable Matthew Vaughn, le film racontera comment les pires tyrans et génies criminels de l’Histoire se réunissent pour planifier l’élimination de millions d’innocents… avant qu’un homme ne décide de monter un réseau d’espionnage pour contrecarrer leurs plans. The King’s Man reviendra donc sur la naissance de l’agence Kingsman, près d’un siècle avant l'apparition d’Eggsy et de Harry. Largement tourné dans le centre de Turin (notamment à l’intérieur du magnifique Palais Royal), le film réunit un casting dingue : Ralph Fiennes, Gemma Arterton, Djimon Hounsou, Stanley Tucci, Rhys Ifans, Charles Dance, Daniel Brühl… Une « aventure épique », comme nous le confiait entre deux scènes le réalisateur. Petit avant-goût, avant d’y revenir plus en détail dans un prochain numéro de Première.
Pourquoi avez-vous décidé de faire un préquel maintenant, au lieu de Kingsman 3 ?
Matthew Vaughn : Je marche à l'instinct, j'essaie de continuer à m'amuser en faisant des films. Et je voulais faire quelque chose de différent. Quand j'étais môme, il y avait des films incroyables comme Lawrence d'Arabie, des trucs qui en mettaient plein la gueule et qui remplissaient l'écran. J’avais envie de revenir à cet esprit, à ces longs-métrages où chaque plan comptait. Il y a quelque temps, j'ai revu L'Homme qui voulait être roi (The Man Who Would Be King en VO, ndlr), que j'avais adoré gamin. J’ai repris une claque et je me suis dit que je voulais faire The Man Who Would Be Kingsman ! Ça parle de pouvoir et de corruption, mais Michael Caine et Sean Connery sont géniaux, aussi drôles que dramatiques. Il y a ces magnifiques paysages.… C'est le seul film qui se rapproche de ce que j'ai voulu faire. Où est passé ce type de cinéma aujourd'hui ? Je veux dire le cinéma imaginé pour le grand écran ? Sans entrer dans le débat autour de Netflix, il y a tellement de films pensés pour les téléphones dans la façon dont ils sont cadrés, montés... Tout est petit, petit, petit... Je voulais donc un film d’aventure épique et en même temps je ne croyais pas pouvoir le financer juste avec cette idée. Mais en appelant le projet Kingsman, ça allait attirer l'attention des gens et les studios seraient sûrement rassurés de pouvoir s’appuyer sur une franchise. Quand l’idée m’est venue, j’ai immédiatement vu tout le film dans ma tête et je l'ai écrit dans la foulée. Donc pour vous répondre, ce n'était pas une envie de faire une pause avant Kingsman 3, qu’on tournera d’ailleurs l'année prochaine.
The King’s Man se déroule dans le contexte tragique de la Première Guerre mondiale, j’imagine donc que le ton est différent des deux précédents Kingsman ?
Forcément. Avec le script de Kingsman 1, je recevais des notes du studio me disant : « Oula, c'est très farfelu et il y a trop gadgets. Est-ce que tu pourrais faire en sorte que ça ressemble plus à Jason Bourne ? » Pour celui-ci, on me disait : « Est-ce que tu pourrais rendre ça un peu plus fun et ajouter des gadgets ? » Sauf que c’était impossible de simplement mettre les personnages dans des habits d'époque, de remplacer les voitures par des chevaux et de faire le même film. The King’s Man sera certainement plus sérieux, mais sérieux ne veut pas dire ennuyeux. C'est le problème avec le cinéma en ce moment : les films sérieux sont devenus des machines à Oscars. Au passage, je trouve que les Oscars sont de plus en plus décevants et de moins en moins importants pour le cinéma. Voilà, je viens de tuer toute chance d'en avoir un (Rires.) Bref, il y a des clins d'oeil à Kingsman, sans pour autant essayer d'être Kingsman. C’est dans le même univers mais le ton est différent. Ça fait sens ce que je dis ?
Tout à fait.
Ce sera toujours divertissant, mais c'est la Première Guerre mondiale, donc on ne peut pas vraiment faire de vannes là-dessus. Et je voulais aussi respecter une partie de la vérité historique. J'espère que ça marchera assez bien pour qu'on puisse continuer la franchise et traverser l’Histoire. J’aimerais montrer comment l'espionnage a évolué au fil des décennies.
Les gadgets font partie intégrante de la mythologie Kingsman. Il y en aura encore beaucoup dans The King’s Man ?
Disons qu'on laisse entendre que ça va devenir important à l’avenir. Mais à l’époque, avoir un gadget, c'était posséder une voiture ou un avion. Voire un parapluie qui marche ! Pareil pour l’espionnage : à ce moment-là, ça voulait dire accrocher un mot sur la patte d'un pigeon voyageur. C'était la façon high tech de communiquer secrètement ! Le personnage incarné par Ralph Fiennes a compris que la meilleure façon de créer un réseau d'espionnage est d'utiliser des majordomes, des chauffeurs, des bonnes, des servantes... Des gens qui sont dans la pièce, qui entendent tout mais qu'on ignore. Pas question de faire des voitures volantes (Rires.)
The King’s Man : Première Mission, sortie le 12 février 2020. Bande-annonce :
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