Philippe Caubère dans La Gloire de mon père
TF1

Retour sur l’histoire de ce grand succès populaire de 1990 que France 3 rediffuse ce soir, suivi du Château de ma mère.

De Marcel Pagnol…

Nous sommes en 1957. Marcel Pagnol a pris depuis peu une double retraite. Celle du cinéma à laquelle l’homme de Marius, Fanny et de La Femme du boulanger a mis fin en 1954 avec l’adaptation des Lettres de mon moulin d’Alphonse Daudet. Et celle d’auteur de théâtre achevée par l’insuccès de sa comédie en quatre actes, Damien, à la même période. C’est à ce moment- là qu’un magazine féminin lui propose d’écrire une nouvelle pour son numéro de Noël. Et la rédaction de ce court texte lui donne une idée. Raconter ses souvenirs d’enfance en divers tomes. D’abord La Gloire de mon père et Le Château de ma mère, suivis en 1960 par Le Temps des secrets puis en 1977, du Temps des amours, publié à titre posthume. Dans la dernière ligne droite de son existence, il entame ainsi une nouvelle vie: celle de romancier.

Premier volet de ces Souvenirs d’enfance, La Gloire de mon père se consacre à l’enfance de son auteur à Marseille et au village de La Treille où sa famille partait en vacances. Pagnol signe ici une déclaration d’amour à ses deux parents qui va rencontrer un énorme succès en librairies avec 50000 exemplaires vendus en un mois. Il envisage alors de la porter à l’écran et revenir derrière la caméra. Il en écrit même un premier traitement mais sans jamais aller plus loin. Car cette période est définitivement derrière lui : il ne réalisera plus que l’adaptation du Curé de Cucugnan, pour la télévision en 1967.

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… à Yves Robert

Attention aux idées reçues. On pourrait en effet croire qu’Yves Robert s’est lancé dans l’adaptation du diptyque La Gloire de mon père/ Le Château de ma mère au début des années 90 pour surfer sur le carton en salles d’un autre diptyque « pagnolien », Jean de Florette et Manon des Sources, qui avait affolé les compteurs du box-office au cœur des années 80.

Et ce d’autant plus que le cinéaste avait traversé ces mêmes années 80 presque comme un fantôme (un seul film, Le Jumeau avec Pierre Richard, aussi vite vu aussi vite oublié malgré ses 1,7 millions d’entrées), alors qu’il avait été si prolifique dans la décennie précédente, celle du Grand blond avec une chaussure noire, d’Un éléphant ça trompe énormément et de Nous irons tous au Paradis. Mais il n’en est rien.

Car Yves Robert a montré son intérêt à porter à l’écran ces souvenirs d’enfance de Pagnol dès… 1963, soit 6 ans seulement après leur publication. Il vient alors d’obtenir le Prix Jean- Vigo pour La Guerre des boutons et son aisance sur le terrain de l’enfance en fait, sur le papier, l’homme idoine pour un tel projet. Il va donc voir Pagnol pour avoir son aval mais celui- ci décline, lui expliquant que ce serait son ultime film au cinéma. Film qui ne vit donc jamais le jour. Et il a donc fallu attendre 1989 pour que le rêve d’Yves Robert devienne réalité quand les héritiers de l’auteur lui ont donné leur feu vert à lui et à son producteur Alain Poiré.

Yves Robert en signe l’adaptation avec l’écrivain niçois Louis Nucera et le scénariste Jérôme Tonnerre (Quelques jours avec moi de Claude Sautet). Et il choisit de confier le rôle de Joseph, le père du petit Marcel à un immense acteur de théâtre via des seuls en scène vertigineux (Ariane ou l’âge d’or…), absent du grand écran (où il fut un inoubliable Molière sous la direction d’Ariane Mnouchkine en 79) depuis dix ans: Philippe Caubètre.

La Gloire de mon père va triompher en salles : 6,2 millions d’entrées, soit le deuxième plus gros succès de 1990 derrière Le Cercle des poètes disparus. Et il sera nommé à quatre reprises aux César – dont une pour la musique de Vladimir Cosma qui accompagne Yves Robert depuis Alexandre le bienheureux en 1967 – mais repartira bredouille. Le Château de ma mère attirera, lui, 4,2 millions de spectateurs. Mais la belle histoire des Souvenirs d’enfance de Pagnol ne va pas s’arrêter là. Christophe Barratier (Les Choristes) a récemment adapté Le Temps des secrets


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