StudioCanal

En 2014, la future réalisatrice de Pupille, fille de Miou- Miou et de Julien Clerc, signait Elle l’adore, à voir ce soir sur France 2. On l’avait rencontrée à l’époque.

Fille d’un chanteur (Julien Clerc) et d’une actrice (Miou- Miou), est ce que vous avez un temps hésité entre musique et cinéma ?

Jeanne Herry : En fait, assez tôt, j’ai eu envie de devenir comédienne. A 16 ans, j'ai fait une école de théâtre, à Londres. Puis, j'ai échoué à l'audition d'un Conservatoire de quartier à Paris et mon orgueil en a pris un coup. Pendant un temps, j'ai voulu tout laisser tomber. Et puis je me suis ravisée en passant le concours du Conservatoire national que, là, j’ai décroché. Et c’est dans cette école que je me suis confrontée pour la première fois à la mise en scène. A la sortie, j’ai poursuivi dans cette voie avec un one man show de Stéphane Guillon. En parallèle, j’ai écrit un roman, 80 étés. Et cette phase d’écriture a constitué pour moi un déclic

Pour quelle raison ?  

À l'issue de ce livre centré sur mes souvenirs, j'étais soûlée de moi-même. (rires) Je désirais me confronter à un récit avec plus de personnages. J’ai donc décidé de me lancer dans l'écriture d'un scénario pour voir si j’en étais capable. J’ai commencé à y réfléchir avec un ami Sébastien Kafno et, au fil de nos échanges, on a posé les bases de ce qui allait devenir Elle l’adore : un duo de personnages principaux, la mythomanie… En me replongeant dans tout cela un peu plus tard, j’ai eu l’idée d’un chanteur et d’une fan avec, au milieu d’eux, un cadavre encombrant. Sébastien imaginait de traiter le sujet en comédie. Moi, j’avais envie d’un vrai polar car je suis une grande fan du genre. Donc je me suis mise à développer Elle l’adore seule, dans ce sens.

Et le film mettra… huit ans à voir le jour !

Oui, le temps de l’écriture et d’un financement plus que mouvementé ! Cette idée d’un polar autour d'un chanteur demandant à une fan de l'aider à se débarrasser d'un cadavre a eu du mal à trouver un écho concret notamment dans les chaînes de télé. Mais j’ai pu compter sur une bonne fée, mon amie et comédienne Eléonore Gosset qui a contacté la productrice Sophie Tepper en me disant : « je vais lui offrir ton livre, elle va l'aimer, vouloir te rencontrer, tu vas lui proposer ton scénario et elle va te produire." Et c’est pile ce qui s’est passé avant que, plus tard, Alain Attal et Hugo Sélignac ne la rejoignent

Mais avant de tourner Elle l’adore, vous réalisez un premier court, Marcher

Oui, pour me faire la main en quelque sorte et j’y dirigeais ma mère que j’imaginais alors incarner la fan d’Elle l’adore avant de décider de rajeunir le rôle. Et Sandrine Kiberlain a été le premier nom auquel j’ai pensé à ce moment- là, trois ans avant que le film ne voit le jour. Sandrine a immédiatement répondu présent, en m’expliquant que ça l’intéressait car elle n’avait jamais joué ce type de rôle. Et sa détermination sans faille a été essentielle dans le fait que le film voit le jour. Avec elle, il y a eu une rencontre à la fois artistique et humaine. Comme un double de moi-même qui n’a cessé de m’inspirer tout au long de cette aventure commune.

Et pour lui faire face, dans le rôle du chanteur, on retrouve Laurent Laffite. Qu’est ce qui vous a incité à le choisir ?

C’est une idée de Sophie (Tepper) mais j’ai longtemps cru Laurent trop jeune pour ce rôle de star populaire. Puis, lors des séances photo pour créer l'univers visuel de ce chanteur, j’ai eu un déclic : j'ai réalisé combien Laurent ressemblait à mon père ! Aller contre cette similitude involontaire ne servait à rien. C’était au contraire, du temps gagné. Et quand j’ai vu Les Beaux jours de Marion Vernoux, cette idée est devenue certitude. Laurent a fait du chant, de la danse et de la comédie musicale. Il est donc instantanément crédible en musicien, derrière un piano.

Vous parlez de votre père. On imagine que vous avez dû croiser nombreuses de ses fans au cours de votre vie...

Oui. J’ai souvent côtoyé des fans et notamment certaines qui, comme le personnage de Sandrine, sont de véritables collectionneuses et archivistes. L’une d’entre elles a d’ailleurs été d’une aide précieuse pour constituer tout l’univers artistique du chanteur que joue Laurent. Elle est la seule à posséder certains documents sur mon père car elle conserve tout ! Avec Elle l’adore, je tenais à aller aussi contre cette idée reçue qui veut que ces fans ne vivent que des vies par procuration C’est trop simpliste. Et l’interprétation de Sandrine permet de tuer dans l’œuf tous ces clichés


A lire aussi sur Première

Laurent Lafitte se souvient de ses années Classe mannequin

Au cours de sa Masterclass à Séries Mania, l'acteur nommé aux César raconte ses débuts à la télé, dans des sitcoms, et pourquoi il a quitté celle portée par Vanessa Demouy, en 1993, sans se retourner...