Affiches Films à l'affiche mercredi 8 février 2023
StudipCanal/ Memento Distribution/ Ad Vitam

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
ALIBI.COM 2 ★☆☆☆☆

De Philippe Lacheau

L’essentiel

Un « Lacheau movie » petit cru, pensé encore une fois pour un public très large, ce qui l'empêche de se déployer sur un terrain d'humour plus acide et méchant mais sauvé par Didier Bourdon

Alibi.com 2 se déroule quelques années après le premier volet : Greg (Lacheau) a promis à sa compagne Flo (Élodie Fontan) qu'il ne mentirait plus jamais et a fermé son agence qui à ses clients de s'acheter un alibi en or pour toutes les situations. Mais quand Greg demande Flo (Elodie Fontan) en mariage et doit lui présenter ses parents dont il a honte, il décide de relancer la machine pour se trouver des faux parents bien plus présentables...

Un « Lacheau movie » petit cru, pas honteux, où quelques vannes surnagent tout de même mais pensé encore une fois pour un public très large, ce qui l'empêche de se déployer sur un terrain d'humour plus acide et méchant (ce que requiert ce genre de scénario). Les situations rocambolesques s'enchaînent ainsi à la vitesse de l'éclair, l'une chassant l'autre sans plus de procès. Mais louons la prestation de Didier Bourdon, dont le timing comique fait mouche à chaque réplique.

François Léger

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PREMIÈRE A AIME

POUR LA FRANCE ★★★☆☆

De Rachid Hami

Un corps raide, posé sur un catafalque, en tenue d’apparat. La violence et la peur contenues derrière les traits figés de ce beau visage sont atténuées par le décorum funéraire. Celui-ci retire jusqu’à l’identité du défunt. L’enjeu du cinéaste Rachid Hami est de redonner un nom à ce jeune homme aux paupières closes, de raconter son histoire. Une histoire, « vraie », tragique, singulière. Aïssa, 23 ans, jeune français d’origine algérienne, passé par Science-Po, meurt noyé lors d’une cérémonie d’intégration à la prestigieuse école militaire Saint-Cyr. Le film part de là. Aïssa pour les besoins de la fiction, s’appelait en réalité Jallal. C’était le frère de Rachid Hami. Pour la France, n’est pas une film-enquête visant à dénoncer une institution militaire viciée de l’intérieur, mais de réfléchir à la notion même d’engagement et d’égalité. C’est un drame fraternel, où pour enfin se retrouver il faut être un peu « ailleurs » (les magnifiques séquences à Tapeï), pris dans les rets de puissants flashbacks. 

Thomas Baurez

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LE RETOUR DES HIRONDELLES ★★★☆☆

De Li Ruijun

Ce Retour des hirondelles c’est un peu Avatar sans les effets spéciaux. Ici aussi, la nature, souveraine, peut tout donner à celles et ceux qui savent en prendre soin. Mais dans la Chine moderne, l’agriculture est malmenée et l’on exproprie à tour de bras des paysans afin de les parquer dans des appartements froids comme la mort, au nom de « la fin de la pauvreté absolue. » Pourtant « la terre est propre et juste » répond le héros de ce mélo pastoral. Lui et sa femme, sont les brebis galeuses du coin et pourtant, en vivant, amoureux, le plus loin possible de la compagnie des Hommes, ils vont réussir à se construire un nid d’amour. Le film de Li Ruijun a fait grincer des dents en Chine pour sa vision inquiète et pour tout dire désespérée, du monde paysan. Il se révèle pourtant désarmant de beauté et de pureté.

Thomas Baurez

TITINA ★★★☆☆

De Kajsa Naess

Que fait Mussolini à hanter les films d’animation récents ? A peine remis de l’incroyable Pinocchio de Guillermo Del Toro où la marionnette se moquait du Duce et de ses sbires, le revoilà dans Titina. Par surprise, en fait, puisque le film suit la relation d’amitié/rivalité entre deux explorateurs du Pôle dans les années 20, le suédois Amundsen et l’italien Nobile -le tout vu à travers les yeux d’une adorable petite chienne, Titina. Quand il surgit, Mussolini apparaît comme un crétin belliciste et infantile dans ce Titina, qui ne cherche pas à creuser son contexte - l’Italie fasciste dans l’Europe des extrêmes - mais ambitionne d’être un vrai récit d’aventures, aérien et palpitant, construit (façon Rush ou Le Mans 66) sur le duo formé par deux personnalités aux caractères opposés réunis par l’amour du sport extrême. Le seul vrai extrême de ce joli film.

Sylvestre Picard

TRACES ★★★☆☆

De Tiago Guedes

Dans un village du nord du Portugal, un homme vivant aux marges de la communauté se trouve pris au cœur d’une tragédie, qui va lui rappeler le passage à tabac dont il a été victime un quart de siècle auparavant… Tiago Guedes (Le Domaine) réfléchit au cycle inexorable de la violence dans une fable au propos trop appuyé, mais portée par des acteurs brillants, dont Albano Jeronimo, remarquable en « idiot du village » beaucoup plus malin que la moyenne.

Frédéric Foubert

LA FERME A GEGE ★★★☆☆

De Florent Verdet

Béret et chemise à carreaux, franc-parler et humour décalé, Gégé fait son show. Lui est pourtant bien loin des projecteurs. Gérard Coutances vit depuis des générations dans son exploitation normande qu’il a transformée en ferme pédagogique. Le modeste agriculteur ne manque de rien, tant qu’il a son petit paradis de nature, ses animaux et ses gosses, « ses copains » comme il les appelle. Des jeunes de banlieue qui se salissent les mains, apprennent à apprécier les choses simples. Chez Gégé, on se sent comme à la maison, une maison où les quatre murs seraient bâtis sur la solidarité, le partage, la tolérance et l’égalité. Mais la leçon est tout sauf scolaire, comme lorsque les enfants réinventent le concept de liberté dans l’enclos à cochons. Le portrait inspirant et truculent d’un agriculteur qui, en l’absence de successeur et sous la menace de l’expulsion, consacre sa vie à l’éducation populaire et aux causes justes.

Lou Hupel

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LES TÊTES GIVREES ★★☆☆☆

De Stéphane Cazes

Des élèves de SEGPA d'un collège situé au pied du Mont Blanc sont secoués dans leurs habitudes par un professeur remplaçant, Alain (Clovis Cornillac). Pour les motiver et leur montrer que leur futur n'est pas une voie de garage, il monte un projet autour d'un glacier tout proche, menacé par le dérèglement climatique. Les adolescents se lancent alors corps et âme dans la protection de morceau de nature, devenu pour eux le symbole du réchauffement de la température...Tout respire la sincérité dans ce deuxième long-métrage de Stéphane Cazes (Ombline, en 2012), mais Les Têtes givrées peine à faire oublier son côté « L'Instit à la montagne » et son scénario ultra balisé. Heureusement, le film est porté par un Clovis Cornillac 100 % concerné et premier degré, qui élève cette comédie dramatique peuplée de jeunes acteurs très convaincants.

François Léger

EMMETT TILL ★★☆☆☆

De Chinonye Chukwu

En 1955, au cœur du Mississipi, Emmett Till, un Afro- Américain de 14 ans a été torturé à mort au seul motif qu’il aurait sifflé une femme. Chinonye Chukwu (dont les précédents longs sont inédits en France) raconte le combat de sa mère - unique femme noire travaillant pour la US Air Force à Chicago à l’époque - pour exposer à la face du monde l’horreur que son fils a vécu. Célébré par un poème de Césaire et une chanson de Dylan, cet acte majeur dans le mouvement américain des Droits Civiques donne naissance à un film au classicisme assumé, où le fond prime sur la forme. Cette histoire est ainsi racontée avec soin, réussissant à échapper à la lourdeur du film de procès par la puissance de jeu de Danielle Deadwyler. Dommage qu’une BO insupportable et omniprésente vienne tout surligner et forcer inutilement une émotion induite par l’abomination et l’injustice des faits.

Thierry Cheze

ZODI ET TEHU, FRERES DU DESERT ★★☆☆☆

De Eric Barbier

Eric Barbier (Petit pays) revient avec un film à destination d’un public familial. Une histoire d’amitié entre un nomade de 12 ans et un bébé dromadaire qui les entraînera du Sahara à Abu Dhabi, lieu d’une course de dromadaires où un succès pourrait lui permettre de sauver sa tribu. A la manière du récent Tempête, Barbier déroule le cahier des charges immuable de ce genre de film aux gentils trop gentils et aux méchants trop méchants sans grande originalité mais avec une efficacité indéniable dans la réalisation des courses.

Thierry Cheze

LA TOUR ★★☆☆☆

De Guillaume Nicloux

Cinéaste aimant se balader dans une grande variété de genres en assumant le risque de déconcerter, Guillaume Nicloux s’aventure pour la première fois sur le terrain de l’horreur avec ce film à la mise en place efficace, dans lequel les habitants d’une tour découvrent un beau matin leur immeuble enveloppé d’une étrange matière noire qui dévore tout ce qui tente de la traverser et les oblige à rester confinés. Une cohabitation qui va faire remonter à la surface les instincts les plus bas de chacun. Mais une fois cette base et la métaphore sociale posée, le récit qui a la bonne idée de ne pas s’échiner à tout expliquer a cependant tendance à bégayer et à tirer à la ligne pour tenir 90 minutes. Et l’ennui finit par l’étouffer jusqu’à une ultime ligne droite où l’étrangeté qu’il a su manier avec talent dans The end ou Valley of love reprend enfin le pouvoir. Mais trop tard.

Thierry Cheze

TANT QUE LE SOLEIL FRAPPE ★★☆☆☆

De Philippe Petit

Révélé par Danger Dave, un docu très original sur une figure non moins originale de skateur, Philippe Petit signe ici une variation de David contre Goliath, où un paysagiste tente de porter au cœur de Marseille un projet utopiste de jardin ouvert en dépit de la gentrification à l’œuvre peu compatible avec ce genre de projets. Les acteurs sont impeccables (Swann Arlaud en tête) mais tout – rebondissements, écriture des personnages… – paraît trop programmatique pour dépasser le simple constat.

Thierry Cheze

LUCIE PERD SON CHEVAL ★★☆☆☆

De Claude Schmitz

Trois jeunes femmes dans des armures de chevalier comme pour partir au combat. Ainsi débute le nouveau Claude Schmitz (Braquer Poitiers) avant qu’on comprenne qu’il s’agit d’un songe, celui d’une actrice (Lucie Debay, toujours parfaite) à la veille d’un nouveau rôle sur scène. Cette déambulation mentale séduit par l’effet de surprise qu’elle induit et l’humour qui la traverse. Mais un moyen métrage aurait été une durée plus appropriée pour éviter des redites et un sentiment de tirer à la ligne.

Thierry Cheze

ASTRAKAN ★★☆☆☆

De David Depesseville

L’année dernière, La Vraie famille de Fabien Gorgeart abordait sous la forme mélodramatique, la situation affective particulière des enfants placés en nourrice. A partir d’un même sujet, David Depesseville dont c’est le premier long-métrage, laisse de côté toutes effusions pour une approche plus sauvage et brutal. Si le geste est fort, l’extrême âpreté de l’ensemble nous laisse trop à distance, et ce, malgré un final volontairement lyrique.

Thomas Baurez

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

LA GRANDE MAGIE ★☆☆☆☆

De Noémie Lvovsky

Cinquième minute : François Morel entonne une sorte de comptine en se défigurant le visage de grimaces, devant un public de semi- Césarisables s’efforçant de lui renvoyer un regard d’extase, pour cacher le sentiment de vide, voire la légère panique. Un malaise nous étreint. À qui s’adressent ces films de théâtreux accordéonistes, chargés d’une “fantaisie” autoproclamée (cf. titre) totalement faisandée (autre exemple : Bécassine!) ? À des enfants très vieux ? À des vieux très infantiles ? Le décor, les costumes, les tirades carrolliennes sur la féerie nous somment de retomber manu militari dans une enfance au goût de moisi à laquelle tout le monde semble pourtant faire semblant de croire. Quelques rares moments à sauver (Denis Podalydès parvient étonnamment à respirer sous la croûte) dans ce conte à la candeur affectée et nauséeuse.

Théo Ribeton

 

Et aussi

Kaguya- Sama : Love is war- The first kiss that never ends, de Akasaka Aka

Louise et la légende du serpent à plumes, de Hefang Wei

Sacrées momies, de Juan Jesus Garcia Galocha

Les reprises

L’Inde fantôme, de Louis Malle

Noir et blanc, de Claire Devers

Le Procès, de Orson Welles

Titanic, de James Cameron

Vérités et mensonges, de Orson Welles