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On se demandait ce que Timur Bekmambetov (Night Watch, Day Watch) ferait avec des moyens financiers conséquents. Avec Wanted, le réalisateur fait franchir au film d’action une nouvelle étape. Dur, violent, allant jusqu’au bout de son propos, Wanted est aussi d’une richesse visuelle extraordinaire. Certains plans, certaines idées de mise en scène sortent clairement des sentiers battus. Français (Louis Leterrier avec Hulk par exemple) et Russes symboliseraient-ils le renouveau du film d’action à Hollywood ? Toutefois, en jouant sur l’aspect amoral de ses personnages et en poussant l’action dans ses derniers retranchements en passant outre l’habituel politiquement correct qui sévit à Hollywood, Bekmanbetov surprend et dérange. Sans doute ne sommes-nous pas (encore) habitués. Mais en magnifiant cette violence brute, il suscite immanquablement la polémique. Le débat sur l’esthétisation de la violence surgit de façon sporadique dans le cinéma avec en points d’orgue certains films comme Matrix et Wanted peut sans mal le relancer. Un film qui ne s’adresse clairement pas à tous les publics (moins de 15 ans passez votre chemin) mais qui ne manquera pas de fasciner les amateurs de scènes d’action impossibles et spectaculaires.
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Pas une once de psychologie pour troubler un scénario tourné à 100% vers l'action. Du très spectaculaire met un peu de piment dans un film d'une violence inouïe. Fatiguant, pour ne pas dire éprouvant.
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- Fluctuat
On l'attendait d'une curiosité mêlée de crainte, on avait tort. Décomplexé et inventif, Wanted réussit son pari : un film d'action bourré d'idées, citant Matrix pour mieux le réinventer à sa sauce et finir par trouver son style à partir de celui des autres.- Exprimez-vous sur le forum cinéma Dans l'océan finalement pas si déchaîné du film d'action post-Matrix, Wanted mène sa barque sans avoir à rougir de ses pères. Il s'installe même plutôt avec une aisance toute décontractée, fort et fier de ses effets dont il assume la répétition et le renouvellement. Après les indigestes mais bizarrement fascinants Night Watch et Day Watch, Timur Bekmambetov débarque à Hollywood comme pour boucler la boucle : après deux films influencés jusqu'à l'os par les frères wachowski, le Russe part tourner son film d'action aux Etats-Unis. Vendu, à raison, comme un blockbuster estival survitaminé, Wanted ne ressemble pourtant pas à un produit stéréotypé ou un avatar prévisible dans la lignée de ceux qui signaient récemment le magnifique Speed Racer. Tout force plutôt à définir la manière dont il s'en détache, comment il trouve ses marques à partir d'un nouveau territoire où par un savoureux jeu d'importation/exportation il s'accapare une esthétique qu'on croyait saturée jusqu'à la caricature. Car c'est la force de Wanted, d'être celui qu'on croit, de se situer dans un axe de références parfaitement définissables et assimilées, et d'être en même temps un objet déviant qui par son incroyable imbroglio d'images photocopiées à l'excès, finit par trouver son propre style.Inutile de s'attarder sur le pitch, passablement débile, qui mélange mystique du Destin cachée dans les mailles du tissu, rébellion post ado façon Fight Club et banale histoire de vengeance. Les allures pop-punk de Wanted ont moins d'intérêt sur le fond qu'à l'image. Il y a par exemple chez Bekmambetov cette manière de faire co-exister l'espace du quotidien avec celui du film d'action numérique : un certain attrait pour le banal et le trivial, les lieux décrépis ou anonymes, une réalité qui tranche avec ces poursuites folles où les voitures font des looping impossibles pour échapper à un barrage ou exécuter une cible. Cette présence des lieux mêlée aux images numériques, cette réalité photographique filmée à brut, donnent d'emblée à Wanted son cachet, quelque chose d'artisanal qui inscrirait ou rappellerait le lieu de fabrication du film tout en étant ce monde, tangible, que les personnages vont pouvoir soumettre à leur compétences hors du commun. Wanted, comme Matrix, raconte aussi l'histoire d'un héros à la découverte de ses pouvoirs (devenir un super tireur d'élite capable de donner des trajectoires irréelles à une balle). Tout son cheminement, du personnage et du film, repose ainsi sur l'idée de montrer comment maîtriser les ressources de l'espace (donc de l'image), ou plus généralement, comment réinventer avec ses propres moyens toute une esthétique, jusque dans ses moindres recoins, même inattendus. C'est le grand atout de Wanted : il arrive après, sans se contenter de seulement imiter ceux qui l'ont précédé ; il reprend, cite à tour de bras, mais sans oublier d'avoir de l'ambition et surtout des idées. Comme avec Nightwatch et Daywatch (en nettement plus regardable), Bekmambetov réussit sa greffe esthétique : à mi-chemin entre l'avant-garde européenne et le blockbuster hollywoodien dernière génération, il truffe son film de mille petites trouvailles visuelles qui font la différence. Pour un visage recouvert de cire tel un Han Solo cryogénisé dans Star Wars ; un personnage traversant la vitre d'un building comme si le verre se collait à sa peau ; une fusillade dans un train déraillant sur un pont au dessus d'un précipice vertigineux ; un gunfight dantesque en double hommage aux Wachowski et [people rec="0"]John Woo[/people], Bekmambetov triture l'image, invente des trajectoires inédites, joue avec cet écran aux possibilités désormais infinies et créé de micro traumatismes visuels durables. Disciple de david fincher, il sait aussi donner une plasticité aux moments sans action : déformation optique, ralenti, chaque parcelle molle du récit est une occasion pour expérimenter un effet connu, lui trouver une nouvelle logique s'adaptant au contexte ou au mouvement général - comme ces scènes de bureau où le héros subit sa manager monstrueuse et obèse. Il y a ici un réel enthousiasme, une générosité débordante, fonceuse, naïve et décomplexée, émiettant de part et d'autres un humour où l'autodérision n'est qu'une adresse de plus à un spectateur que Bekmambetov veut complice. Habile jeu de surfaces, de miroirs, de signes, comme en témoigne ce gunfight dans une supérette où s'intercalent des publicités et divers packagings, Wanted est parfaitement superficiel et donc profondément indispensable.Wanted : choisis ton destinDe Timur Bekmambetov Avec Angelina Jolie, James McAvoy, Morgan FreemanSortie en salles le 16 juillet 2008Illus. © Paramount Pictures France - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils hollywood, blockbuster sur le blog cinéma- Lire la critique de Day Watch
Le JDDpar Stéphanie BelpêcheLe réalisateur a gardé son ton irrévérencieux, ainsi que son imaginaire débridé, voire démesuré. Dans un univers visuellement très créatif, parfois gore, Timur Bekmambetov impose sa personnalité rock'n roll dans un récit initiatique.