- Fluctuat
Sous le regard d'un adolescent italien, la vie insouciante de quelques aristocrates anglaises et américaines, amoureuses des arts et de Florence, de l'avènement du fascisme jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le film à moitié autobiographique de Zeffirelli est un vieux projet mis en chantier avec le scénariste John Mortimer. Le réalisateur évoque avec nostalgie ces dames qui "appréciaient la culture, l'art, les paysages florentins. Lorsque la guerre éclata, elles se sentaient tellement intégrées à notre ville qu'elles n'imaginaient pas un instant qu'on les traiterait en ennemies. Elles croyaient que Mussolini les protégerait, qu'il se comporterait en gentleman."Ce qui aurait pu être un témoignage sarcastique sur la manipulation et l'aveuglement politique n'est qu'une fade histoire dans laquelle l'officier mussolinien n'est qu'un rustre bonhomme qui manque de politesse. L'euphémisme est d'autant plus dérangeant que les méfaits des fascistes sont peu évoqués. Florence, perçue à travers la légèreté de quelques étrangères confiantes et crédules n'est pas le meilleur point de vue pour rendre compte et apprécier l'état de la société à cette époque sombre. Bien sûr, à la fin, s'opère l'inévitable prise de conscience de ces femmes flouées par le régime dans une scène héroïque et ridicule où, face aux nazis et prêtes à se sacrifier, elles sauvent de la destruction les tours médiévales de San Gimignano. On a du mal à croire que ces soi-disant esthètes cultivées s'illusionnent aussi facilement sur la politique du Duce.Le plus dérangeant reste la conception de la réception de l'art qui n'éclaire en rien l'individu sur son époque ou sur lui. Les oeuvres ne sont que des attributs mondains. Elles ne sont pas questionnées dans leur rapport au monde. Shakespeare sert de support pour apprendre l'anglais et Picasso constitue ni plus ni moins qu'une acquisition parmi d'autres pour un des personnages qui y voit "quelque chose de nouveau". Le principal, dans ce film, c'est que tout se finisse bien et que ce groupe de dames suscite la sympathie. Mais, pendant ce temps là, l'ennui et l'irritation se sont installés ainsi qu'une question : qui finalement, dans cette histoire, n'est pas rustre ?
Stéphane LepreuxUn thé avec Mussolini
De Franco Zeffirelli
Avec Joan Plowright, Maggie Smith, Cher
Etats Unis, 1999, 1h56.
Un thé avec Mussolini