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Très peu d'action, encore moins de mots : The American est avant tout le portrait impressionniste d'un tueur au bout du rouleau. Une épure de polar où Clooney reprend humblement le flambeau du Samouraï de Melville. Il en faut du talent pour arriver à émouvoir avec un personnage qui, dans les cinq premières minutes, abat froidement une femme d'une balle dans le dos. (...) Corbijn excelle à distiller une atmosphère à la fois douce et mortuaire, comme si sa caméra compassionnelle accompagnait Jack dans son dernier voyage. L'histoire d'amour qui se joue entre le tueur et la pute au grand coeur tient nettement plus du cliché, sans que cela porte vraiment atteinte à la singularité de ce beau film désenchanté.
Toutes les critiques de The American
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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L'atmosphère, à la fois ouatée et oppressante créée par Corbijn et son directeur de la photo Martin Ruhe (déjà créateur de la sublime lumière de Control), rappelle certaines ambiances eastwoodiennes ou le Solaris de Steven Soderbergh. D'ailleurs, comme dans ce dernier, Clooney incarne un personnage morose, gangrené par la culpabilité de voir si souvent les femmes qu'il aime assassinées comme des dommages collatéraux inévitables, lors de ses missions. Aux antipodes du charmeur d'In the Air, il excelle dans la composition délicate d'un personnage dont les blessures intérieures se lisent sur son visage fermé, loin de l'empathie immédiate qu'il suscite habituellement à l'écran. Dense et émouvant, il épouse parfaitement le rythme envoûtant d'un film qui prend le temps de voir cet homme tomber avec ses dernières illusions. Un film d'automne sur un coeur en hiver.
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Avec un Clooney étonnant de sobriété qui confère à son personnage d'assassin à bout de souffle une aura dramatique et mélancolique renversante.
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The American est avant tout un film de perfectionniste. Il est aussi obsessionnel que son personnage est rigoureux et maniaque. D'où une œuvre au cordeau dont chaque plan manifeste une profonde religion du cadre. Grand film géométrique, The American fait l'objet d'un soin sidérant, tout y est équilibré et graphique. L'œil du photographe est omniprésent, au risque parfois de figer les images. Pourtant, Corbijn ne fascine pas que pour l'élégance absolue de son travail sur le cadre. Il maîtrise aussi la lenteur et la digression : Clooney passe le tiers du film à monter son arme, au point de nous livrer un vrai manuel façon Golgo 13, sans jamais qu'on succombe à l'ennui. La capacité de Corbijn encore à construire un environnement paranoïaque dépouillé et filmer l'action (belle poursuite nocturne soutenu par un jeu complexe de lumières), montre définitivement la présence d'un metteur en scène aux commandes. En dépit de quelques lourdeurs métaphysiques quand il s'agit d'offrir une perspective plus symbolique au personnage, le film séduit aussi par son érotisme, ses éclats de sensualité gelés, ses corps et visages de femmes sublimes. Petit chef d'œuvre d'abstraction à l'atmosphère irréelle où Leone (cité) croise Antonioni, The American est à la lisière du poème ou du haïku. Jusque dans sa structure, parfaite, il remplit le moindre de ses bords. Comme les derniers Melville enfin, il a quelque chose d'un thriller racé et bressonien.
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Anton Corbijn, le réalisateur hollandais émérite de clips musicaux (entre autres ceux de Depeche Mode), possède un sens indéniable de l’image. Encore faut-il savoir maîtriser l’art de la narration afin de donner du relief à l’histoire. A cet égard, son coup d’essai au cinéma se transforme en coup de maître en rendant un vibrant hommage au chanteur de Joy Division, Ian Curtis, par l’entremise du magnifique "Control". Dans un noir et blanc, esthétiquement irréprochable, il s’écarte des chemins balisés trop fréquemment empruntés par la grande majorité des biopics formatés (aussitôt vus, aussitôt oubliés). Pari réussi haut la main. What else ? Le changement de cap est radical, il quitte le microcosme de la musique pour se tourner vers le thriller psychologique dépourvu du moindre artifice que le séducteur de ces dames, George Clooney (excusez du peu !), porte sur ses épaules de bout en bout. "The American" laissera sur sa faim ceux qui s’attendent à de l’action pure et dure malgré les rares courses-poursuites qui éclatent admirablement la structure minimaliste du récit. La caméra ne lâche pas d’une semelle les faits et gestes minutieux d’un tueur à gages solitaire, que ce soit dans son refuge ou à travers les venelles d’un village reculé des Abruzzes, point de mire de son ultime contrat. The American s’impose d’emblée comme un classique du genre grâce à la présence magnétique de George Clooney et à une mise en scène géométrique des plus épurées, lorgnant vers l’univers de Jarmusch (The limits of control), Melville (Le Samouraï) ou Antonioni (pour son sens de la solitude profonde des êtres).
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On ne sait trop ce que vaut le roman (A very private gentleman, de Martin Booth) qui a inspiré le cinéaste pour ce film, sinon qu'il semble jouer sur le déjà-vu. Tueur en bout de course, traîtres chargés de l'abattre, prostituée soudain amoureuse : tout y est ! C'est, d'ailleurs, ce qui a dû amuser Anton Corbijn : s'approprier ces clichés pour les détourner légèrement. Dans des mélos comme Bobby Deerfield ou L'Ombre d'un soupçon, Sydney Pollack faisait ça très bien : retrouver le lyrisme du suranné, au moyen de la cinéphilie. Dans The American, le dénouement rappelle Quand la ville dort, de John Huston. La commanditaire, tantôt blonde, tantôt brune, tantôt rousse (sensualité + danger) ne déparerait pas un vieux film de Robert Aldrich. Et le très improbable curé italien qui confesse ses fautes passées à un type qu'il soupçonne d'avoir quelques péchés sur la conscience semble sorti d'un mélo de Douglas Sirk, années 1950.
C'est dire que les péripéties, ici, importent moins que ce qu'elles cachent. Anton Corbijn filme longuement, avec précision, les moments où le héros monte et démonte objets et sentiments. Une arme. Ou un amour. Les scènes sexuelles sont, d'ailleurs, aussi pointillistes (et troublantes) que les scènes d'action : George Clooney s'y adonne avec une méticulosité de pro. Jusqu'à ce qu'une faille s'infiltre en lui, bien sûr, au point de le faire dérailler... Le film repose, donc, sur un dispositif séduisant : un cinéaste et son personnage faisant chacun leur cinéma, l'un observant l'autre en train de mettre en scène sa vie. Et sa mort...
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Un homme en quête de rédemption. Celle-ci a les bras blancs d’une prostituée qui, comme lui, cherche à prendre un nouveau départ. L’air est connu, mais revisité avec classe par Anton Corbijn, ancien clippeur passé au cinéma avec « Control », biopic élégant du chanteur suicidé de Joy Division. Ici, une scène de remontage de fusil à lunette sur fond de pique-nique devient un moment de troublante sensualité. Corbijn a un ton bien à lui : c’est la qualité et le défaut du film, qui frôle parfois l’exercice de style.
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Clooney incarne ce héros très discret de « the American », un thriller minimaliste réalisé par le Néerlandais Anton Corbijn (« Control ») qui sort aujourd’hui dans 350 salles. À des années-lumière du Clooney charmeur et blagueur de la trilogie « Ocean’s Eleven » et de l’acteur engagé des « Chèvres du Pentagone », le séducteur grisonnant d’Hollywood effectue, avec ce film, une métamorphose étonnante. Le visage émacié, silencieux, hiératique, il livre une performance qui n’est pas sans rappeler les grands héros melvilliens, comme Delon dans « le Samouraï ». D’une grande beauté formelle, « the American » repose sur une réalisation austère et un scénario sans effets superflus. Ce Clooney désenchanté a aussi le potentiel pour plaire au public français.
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Adapté du roman de Martin Booth A very private gentleman et très loin des scènes d'action bondissantes à la Jason Bourne, Anton Corbijn signe un thriller existentiel épuré, un brin esthétisant et fondé sur le thème classique de la rédemption. Pour incarner ce personnage en état de tension et de désarroi intérieur, George Clooney explore avec succès un nouveau territoire : la mélancolie.